Aubervilliers, l'Embarcadère - Musique, concert

Méga-concerts en vue pour 440 marmots du 93

Stephane de Langenhagen, photos Patrice Dalmagne - 4 mai 2016
Le projet de la Cité des Marmots, qui emmène des élèves du 93 à la découverte des cultures du monde, reprend cette année à son compte le thème de l’Andalousie et de des musiques méditerranéennes. Reportage fébrile à Aubervilliers, avec les organisateurs, durant les répétitions.

Paula Lizana, professeur de voix, conduit la répétition (photo/Patrice Dalmagne).

Ils arrivent par groupes, emmenés par leurs institutrices, en chahutant et en s’interpellant. Mais au moment de pénétrer dans la salle aux rideaux noirs des Labos à Aubervilliers, les 440 enfants des classes de CM1/CM2 de Seine-Saint-Denis sélectionnées pour la Cité des Marmots 2016, se font d’un coup bien silencieux. Pour la plupart d’entre eux, en ce jour de répétition générale avec les musiciens de la Compagnie Rassegna, les choses sérieuses commencent.

Née en 2008 dans le prolongement du Festival des Villes des Musiques du Monde et en partenariat avec l’Éducation nationale, le projet de la Cité des Marmots emmène enfants, parents et enseignants à la découverte des cultures du monde. Cette année, le parcours musical et éducatif a pour thème l’Andalousie et se prolonge le long du pourtour méditerranéen. « Ces langues-là méritent d’être accompagnées sur le temps de l’éducation dite nationale », explique Kamel Dafri, le directeur du festival. « Les patrimoines de ces gens installés en France, de leurs parents et de leurs ancêtres sur deux/trois générations, sont peu transmis, peu diffusés, peu enseignés dans les institutions comme le conservatoire, l’école de musique ou l’école. Pour nous, ces répertoires-là peuvent être partagés par le plus grand nombre », affirme-t-il.

Des chants populaires flamencoarabo-andalous et judéo-espagnols, mais aussi corses, turcs,grecs et ladinos, que les 18 classes d’Aubervilliers, La Courneuve, Stains, Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Épinay-sur-Seine, Villetaneuse et La Plaine Saint-Denis, vont restituer sur la grande scène de L’Embarcadère à Aubervilliers les 11 et 12 mai prochains. Sous le regard de leurs camarades, de leurs parents, d’un public exigeant et des musiciens professionnels qui les dirigent. De quoi être impressionné quand on a huit ou neuf ans.

"Tous les ans, des élèves timides se révèlent"

Le projet s’est mis en place fin janvier, avec la remise d’un cahier pédagogique aux enseignants, pour accompagner les élèves et leur permettre de pratiquer à la maison. « Au départ, on leur a expliqué en quoi ça allait consister, après on a développé des thèmes autour », commente Valérie Rossfelder, enseignante à l’école primaire Victor Renelle de Stains. « Pour l’Andalousie et le bassin méditerranéen, on a fait une carte en géographie pour que les enfants se repèrent. On a travaillé aussi sur les contes de Nasreddine Hodja pour rentrer dans la culture, on a regardé des vidéos d’Azur et Asmar et colorié des camaïeux ; on les a aussi pris en photo ; pour finir, on a découpé leur tête et on leur a fait coller au-dessus, suivant leur choix, un chapeau d’un pays méditerranéen. On les a ensuite disposées les unes à côté des autres, sur un grand panneau mural, qu’on emmènera le jour de la représentation pour y être exposé. Chaque école a monté un projet différent. » 

Puis est venu le temps du chant, du passage à la scène et de la rencontre avec le récital. Musiciens montés de Marseille et intervenants ont fait la tournée des classes pour présenter leurs instruments, montrer différents chants aux enfants. La compagnie phocéenne a vite repéré ceux qui comprenaient la langue et qui allaient aider les autres à mieux chanter. Paula et Julien, les professeurs de voix, ont délivré leurs premières consignes pour savoir se comporter non plus comme des spectateurs, mais comme des acteurs.

Les semaines d’apprentissage et de révisions se sont enchaînées sur un rythme soutenu. « Tous les ans, des élèves timides se révèlent avec un tel projet », continue l’enseignante de CM1, dont c’est la quatrième participation. « Au départ, certains n’ont pas encore bien pris conscience de ce qui les attend et sont encore sur la réserve. Mais, s’il reste un peu d’appréhension, l’envie est là. J’ai même une élève qui connaissait déjà toutes les paroles : avant même qu’on ait travaillé les chansons, elle avait fait des recherches sur YouTube. »

"Tant qu'ils n'ont pas foulé la scène ils ne se rendent pas compte"

Sa classe avait quatre chants à apprendre, deux en espagnol et deux en arabe. Rien à voir avec ce que les mômes de cette tranche d’âge ont l’habitude d’entendre, même si certaines consonances rappellent leurs cultures. Pourtant, les enfants ont adoré. Pour impliquer encore davantage les familles, le collectif Villes des Musiques du Monde a mis en place cette année en avril des mezzés musicaux, hors temps scolaire, dans chacune des villes participantes. Une rencontre gastronomique avec les artistes à l’invitation des enfants, qui ont proposé à leurs parents quelques morceaux du répertoire qu’ils ont appris. En échange, ceux-ci ont amené des plats, des pâtisseries et des saveurs préparés chez eux.

Des parents très contents de découvrir l’enthousiasme des enseignants et, pour certains, de partager leur expérience. Parmi les 24 élèves de madame Rossfelder, dix ont fait la Cité des Marmots l’année dernière. L’institutrice leur avait demandé de porter le projet auprès de leurs camarades novices. « Tant qu’ils n’ont pas foulé la scène, ils ne se rendent pas compte », dit elle, en arrivant, un peu fébrile, aux répétitions.

La scène, les petits Marseillais de la Cité des Minots y ont déjà goûté le 19 mars dernier, lors du Babel Med Music, le rendez-vous français annuel des musiques du monde. L’expérience, très réussie, pourrait être le point de départ d’une future déclinaison de la Cité dans différentes villes à travers l’Hexagone. Sans doute des villes portuaires, puisque la prochaine thématique du festival emmènera public et participants vers le grand large. « Un voyage entre la proximité et le monde, c’est ce qu’on aime à faire », conclut Kamel Dafri. « La prochaine Cité des Marmots sera certainement le fruit de ce voyage. »



Stephane de Langenhagen pour www.micmag.net
La Cité des Marmots
Deux concerts à l'Embarcadère les 11 et 12 mai 2016 à 19 heures
5, Rue Edouard-Poisson, 93300 Aubervilliers
Tarif : 5 euros / Réservation au 01.48.36.34.02
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10

  • Facebook
  • Google Bookmarks
  • linkedin
  • Mixx
  • MySpace
  • netvibes
  • Twitter
 

ÉVÉNEMENTS

La morte amoureuse de Théophile Gautier

La morte amoureuse de Théophile Gautier au Théâtre Darius Milhaud

« Memories »

« Memories » de Philippe Lebraud et Pierre Glénat

Paul Klee, Peindre la musique

L’exposition numérique rend hommage aux deux passions de Klee, la musique et la peinture, et révèle les gammes pictural...

Alô !!! Tudo bem??? Brésil-La culture en déliquescence ! Un film de 1h08 mn

Photo extraite du film de Mario Grave - S'abonner sur notre canal Youtube  pour avoir accès à nos films :

The new novel- You can get it in Amazon or Fnac. Here is the link

Au cœur de la meseta du Nouveau-Mexique au sud des Etats-Unis, Mink un photographe français partage sa vie av...

VINTAGE & COLLECTIONS

Jean Segura, collectionneur d'affiches de cinéma : « J'en possède entre 10 000 et 12 000 »

Journaliste scientifique, auteur de plusieurs ouvrages, concepteur du site ruedescollectionneurs, Jean Segura est aussi un passionné et un spécialiste de l'affiche de cinéma ancienne. Rencontre, ici.


SORTIR À PARIS

« Loading, l'art urbain à l'ère numérique »

jusqu'au 21 juillet 2024 au Grand Palais Immersif


            


BRÈVES

Madrid, 11 mars 2004

L'Espagne, mais aussi l'Union européenne, rendent un hommage solennel lundi aux 192 victimes de 17 nationalités assassinées il y a 20 ans à Madrid dans des attentats à la bombe qui marquèrent le début des attaques islamistes de masse en Europe.

 
Pablo Neruda a-t-il été empoisonné ?
Cinquante après, le Chili relance l'enquête sur la mort du poète et Prix Nobel de littérature survenue sous la dictature du général Pinochet. Cancer de la prostate ou empoisonnement ?
 
Paris 2024 : les bouquinistes ne seront pas déplacés
Paris 2024 : les bouquinistes des quais de Seine ne seront finalement pas déplacés pour la cérémonie d’ouverture des JO « Déplacer ces boîtes, c’était toucher à une mémoire vivante de Paris » a déclaré à l'AFP Albert Abid, bouquiniste depuis dix ans au quai de la Tournelle.
 
Sophie Calle et la mort !
Sophie Calle, artiste de renom, achète des concessions funéraires au USA en France et ailleurs. "J'achète des trous" dit -elle à propos de sa mort.
 
53 journalistes et proches de médias tués dans la guerre Israel- Hamas
Cinquante-trois journalistes et employés de médias ont été tués depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, selon le dernier décompte du Comité pour la protection des journalistes (CPJ)