- voix libre Quand Ben doute de l’art contemporainNicole Esterolle (Lyon) - 2 mars 2013 J’avoue avoir toujours éprouvé une certaine tendresse pour Benjamin Vautier, alias Ben (des hauteurs de Saint Pancrace, près de Nice). Aussi suis-je un peu troublée par la dégelée que vient de lui infliger ma rivale en vitriolage, Amélie Pékin, dans l’actuel numéro du magazine Artension.
J’avoue avoir toujours éprouvé une certaine tendresse pour Benjamin Vautier, alias Ben (des hauteurs de Saint Pancrace, près de Nice). Aussi suis-je un peu troublée par la dégelée que vient de lui infliger ma rivale en vitriolage, Amélie Pékin, dans l’actuel numéro du magazine Artension. Cet article ( dont je vous joins la copie) est un flingage magistral de « la fondation du doute », conçue par Ben et qui vient d’ouvrir au sein de l’Ecole des Beaux Arts de Blois Je suis d’autant plus embarrassée par cette dégelée, que Ben me soutient volontiers en écrivant qu’il m’aime bien comme vitrioleuse, et qu’il me considére comme la troisième meilleure chroniqueuse d’art française, après Madame Millet d’Art -Press et Mademoiselle Lequeux du Monde,( mais bien avant Monsieur Dagen du même Monde). "son époustouflante faconde de bateleur de foire d’art" Et puis au-delà de ces compliments qui me font plaisir comme vous pouvez pas savoir, je suis persuadée que quelqu’un comme Ben, qui, à 78 ans, fait toujours autant de fautes d’orthographe, ne peut être vraiment mauvais et mérite qu’on ne soit pas trop méchant avec lui. Je pense aussi qu’il faut reconnaître et respecter son ébouriffante et inextinguible inventivité « processuelle et discursive », son époustouflante faconde de bateleur de foire d’art, avec ses 24 mots à la seconde et autant d’idées par minute Oui, il faut savoir reconnaître la « pertinence » - comme on dit dans le milieu - de ses signatures de tout et n’importe quoi, de ses certificats de coup de pied au cul qu’il a distribués aux inspecteurs de la création et aux critiques d’art de l’AICA venus voir ses expositions ; de ses tee-shirts « à bas la société de consommation » qu’il vend dans les têtes de gondoles culturelles des super-marchés Leclerc ; de ses tee-shirts « regardez ailleurs » que l’on voit parfois sur le dos d’un enfant africain affamé et squelettique ; de son célèbre tableau –écriture « Je suis seul » que l’on voit dans les bureaux des directeurs de FRAC, CAC, et autres conseillers, curators, etc. alors qu’ils sont des milliers de fonctionnaires de l’AC à être aussi nuls et seuls… ensemble , etc. "surdoué du boniment, qu’on le veuille ou non" Reconnaître aussi qu’il est le seul artiste au monde à être capable d’ incontinences verbales et conceptuelles aussi bien contrôlées. Une qualité innée qui rend ce surdoué du boniment, qu’on le veuille ou non, indispensable dans le paysage artistique français et qui en fait la meilleure incarnation de l’ exception culturelle, de l’esprit et du génie hexagonaux .… Je pense pour cela que c’est lui qui devrait représenter la France à l’international, et non pas son « contemporain » – si j’ose dire - Daniel Buren, qui est exactement le contraire : une honte pour la patrie, un rayé vertical, un sous-doué des alpages, un vrai boulet pas drôle du tout, complétement mauvais question inventivité plastique autant que conceptuelle… et piètre coloriste par dessus le marché !...Quand Ben dessine des tee shirts « tout est art » pour les enfants du Sahel, Buren lui, dessine des petits carrés (eh oui, les bandes, c’est fini !) pour les sacs Vuitton…C’est dire le fossé idéologique qu’il y a entre les deux. Ben me reproche d’ailleurs de trop prendre Buren comme « tête de turc », et qu’à trop taper dessus, cela lui fait de la pub et aboutit à l’inverse de l’effet souhaité… ça, je n’en suis pas persuadée, mais ce dont je suis sure, c’est que Ben est jaloux de ce que j’inflige à Buren en tant que meilleur symbole de la vacuité artistique officielle, et qu’il aimerait bien que je lui tape autant dessus, parce qu’il a un ego tellement démesuré et vorace qu’il est capable de se nourrir aussi bien des vacheries que des gentillesses à son égard…et là réside aussi son immense talent de dialecticien-débatteur. "hisser l’art du foutage de gueule au rang d’art majeur" Le génie de Ben, justement, c’est d’avoir compris avant tout le monde, que la vacherie, la critique, la dérision, la mise en question, le doute, etc., peuvent être autant d’arguments marketing pour l’œuvre, la personne, l’entreprise, le système qui en sont l’objet. Il a su, bien avant Maurizzio Cattelan , hisser l’art du foutage de gueule au rang d’art majeur, subventionnable par l’Etat, collectionnable par les milliardaires biélorusses, sujet de doctes thèses universitaires, de conversations savantes pour Trissotins de province, de fulgurantes extases pour les culturolâtres et de délicieuse hébétude pour les masses laborieuses. Chien-fou –du- Roi qui se mord circulairement la queue pour faire rire l’aréopage des courtisans, bouffon qui crache sur les pompes des puissants pour mieux les faire briller, autofellationniste qui se nourrit de son propre foutrage de gueule, etc. , reconnaissons à ce baratineur de l’extrême ce courage de l’ implication totale et ultimement intime de lui-même dans ce tête à queue désespéré du « non-art comme art » et inversement (aidé en cela par Annie, sa femme, qui lui donne ses médicaments, lui gère son site internet et sa news letter, lui corrige ses fautes d’orthographe et lui vide les testicules régulièrement). Cette constante, radicale, et formidablement acrobatique mise en abime langagière de son ego d’éléphant, atteint, selon moi, la grandeur – et peut-être la beauté - tragique , voire shakespearienne - , qui caractérise les œuvres dont le contenu consiste à débattre ou s’interroger à perte de vue sur leur non-contenu avéré. L’interrogation « Art or not art ? », that is donc the metaphysical question , qui est à l’origine du très productif, expansif, performatif, bourratif, beaujolpif, lucratif et fricatif scepticisme Bénien.
Y a comme un doute sur un vrai-faux Ben !!! On dit qu’il y a beaucoup de faux Ben qui circulent sur le second marché. Pas étonnant quand on sait avec quelle facilité on peut écrire n’importe quoi sur une toile, signer Ben et mettre ça chez Cornette de Saint Cyr… Mais il y un faux qui va devenir un cas d’école (du doute bien sûr) : c’est un tableau signé Ben où il est écrit : « ceci est un faux Ben ». Le problème étant que Ben ne veut ni le reconnaître, ni l’authentifier en déclarant : «vous voyez bien que c’est un faux, puisque c’est moi-même qui l’ai écrit dessus ! »…Il paraît que le beau Cornette en a fait une crise d’eczéma
Avec zéro pour cent de croissance, va-t-on commencer à douter de l’art contemporain ? Avec la non-croissance, voire la décroissance qui s’annonce, on va commencer à douter de pas mal de valeurs bidons qui sont le moteur de nombreux vains investissements, dont ceux concernant l’art dit contemporain. Alors on va reparler de l’économiste –philosophe John Ruskin qui a inspiré Gandhi. C’est ce dont il est entre autres choses question dans cet entretien que Laurent Danchin à accordé à la radio-télé en ligne des PME Widoobiz. Une vidéo d’une heure dont voici le lien : http://www.youtuee.com/watch?v=TonwphxSwak » C’est superbe et captivant. Alors mettez-la de côté, et écoutez-la dès que vous aurez une heure à ne pas perdre et à regagner sur le temps qui passe… Laurent Danchin , dans une optique Rilkienne nous montre qu’on peut s’approprier le monde hors des codes ou des normes, que l’Art est viscéral recherche de l’émotion, de la perfection, de l’absolu, de la transmutation. Ôtez-moi d’un doute : Marcel Duchamp, artiste ou anthropologue ? L’art ne tend-il pas vers son propre anéantissement ? Un texte de Alain Boton
Publié sur le site MAUSS (Mouvenment anti-utilitariste dans les sciences sociales) Voici le lien : http://www.journaldumauss.net/spip.php?article833 Cet effort vers le néant n’est-il pas ce qui anime tout l’art contemporain ? Pour en juger, il est essentiel de s’interroger sur la signification de l’artiste sans doute le plus emblématique de la modernité : Marcel Duchamp. Son œuvre, suggère Alain Boton (qui signait auparavant « l’artiste anonyme »), doit être lue comme un rébus. Un rébus qui nous dit que, derrière son « art », il n’y a qu’une expérience sociologique. C’est « le regardeur qui fait le tableau », écrivait Duchamp. D’où la traduction du rébus : « Si la loi sociologique qui veut qu’un objet créé par un artiste devienne un chef-d’œuvre de l’art s’il a d’abord été refusé par une majorité scandalisée de sorte qu’un minorité agissante puisse se caresser l’amour-propre dans le sens du poil en le réhabilitant est bien une loi « scientifique », alors mon urinoir, qui n’a pourtant aucun des attributs qui, en 1913, sont censés caractériser une œuvre d’art, deviendra un chef-d’œuvre de l’art s’il débute sa carrière par un refus radical et connu de tous ». Où l’auteur, en suggérant que Duchamp a mystifié le monde de l’art, affirme qu’il en révèle la vérité : la vanité et la vacuité. A discuter. |
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