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« Dieu a déjà été femme »

Marie Torres - 3 mars 2015
Le dernier roman du Mozambicain Mia Couto, « La confession de la lionne », nous entraîne dans un univers peuplé de légendes et de croyances. Mais pas seulement. Il est aussi l’occasion pour l’auteur de faire une sévère critique de la place de la femme dans la société de son pays.



















C’est dans un petit village pauvre du Mozambique que débute notre histoire. Ou du moins celle de la « lionne ».A Kulumani.  Village perdu dans la brousse où « même les plantes avaient des griffes.  A Kulumani, tout ce qui est vivant est entraîné à mordre. Les oiseaux dévorent le ciel, les branche déchirent les nuages, la pluie mord la terre, les morts utilisent leurs dents pour se venger du destin. »

C’est là qu’une jeune fille, Silência, a été dévorée par un lion

C’est donc là, où la réalité, les coutumes, les mythes, la sorcellerie et les superstitions s’entremêlent au point qu’il est difficile de séparer la vérité de la fiction, c’est là qu’une jeune fille, Silência, a été dévorée par un lion. Elle n’est pas la première victime, les fauves ont déjà tué. Toujours des femmes. Aussi le village fait appel à un chasseur professionnel, Arcanjo Baleiro qui a, quelques années auparavant, débarrassé le village d’un dangereux crocodile. Et, au passage, conquis le cœur d’une jeune fille, Miriamar, la sœur de la dernière victime.

Deux voix portent le récit. Celle de Miriamar. Miriamar, la révoltée qui débute ses écrits par « Dieu a déjà été femme » ; et celle du chasseur, Baleijro, pour qui la  chasse est avant tout une fuite. « Sur le moment, il me vient à l'esprit que c'est ça qui me plaît dans la chasse: retourner au-delà de la vie, délivré de mon Humanité »

Mais ce roman, poétique et fabuleux, est surtout l’occasion pour Mia Couto de faire une sévère critique de la place de la femme dans la société de son pays. Par la voix de Miriamar mais aussi par celle de Naftalinda, l’épouse de l’administrateur, la première dame qui ose défier toutes les interdictions. Même les vieux tabous.

Qui sont donc ces lions qui dans la brousse dévorent des femmes ? Des lions-fauves ou des lions-hommes ?

« Je suis comme les lions qui nous attaquent ; je n’ai plus peur des hommes.(…) Une femme a été violée et presque tuée dans ce village. Et ce ne sont pas les lions qui l’ont fait. (…) Vous faites semblant d’être inquiets des lions qui nous ôtent la vie. Mais en tant que femme, je demande : mais quelle vie peut-on encore nous ôter ? »

On dit que l’histoire de la « lionne » est inspirée de faits réels et d’ailleurs son auteur raconte : « En 2008, l'entreprise dans laquelle je travaillais dépêcha dans le nord du pays quinze jeunes hommes pour servir d'agents environne­mentaux. Les attaques de lions contre les personnes débutèrent à la même époque dans la même région. [...] Mes fréquentes visites sur le théâtre du drame m'ont suggéré l'histoire que je rapporte ici, inspirée de faits et de personnages réels. »

Qui sont donc ces lions qui dans la brousse dévorent des femmes ? Des lions-fauves ou des lions-hommes ? Peut-être qu’à la fin du roman vous hésiterez encore sur la réponse, en revanche vous pourrez affirmer qu’indiscutablement Mia Couto est un merveilleux magicien. Oui, cela c’est certain.

Marie Torres
La Confession de la lionne, de Mia Couto
Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues,
Editions Métailié, 2015
18 euros.

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