France - Lire

Le culte du sang

Marie Torres - 26 août 2014
Nicolas Sevin aime la grande musique, l’opéra, la littérature. Mais son goût du Beau s’arrête là. Lorsqu’il s’installe devant son ordinateur – il est écrivain -, ce n’est que pour décrire des scènes de carnage. De sang. D’où lui vient ce penchant pour le sordide ? Qu’y a-t-il derrière ses romans ?

« L’opéra m’a kidnappé dès l’enfance, un jour que je flânais dans les archives paternelles ». Nicolas Sevin aime la grande musique. Alors sa grand-mère maternelle, Granny, lui fait découvrir – il n’a pas encore dix ans -, les grandes salles. Les temples parisiens. Garnier, Bastille, Pleyel, Gaveau, Favart, le Théâtre des Champs-Elysées, le Châtelet… Avec son père, ce sont les musées qu’il visite. Le Louvre, Orsay, Guimet, Cluny, Marmottan…

« Le mal est éternel, puisqu’il sort du temps »

De là à penser que Nicolas a une prédisposition pour le Beau, il n’y a qu’un pas. Aussi lorsqu’il se met à l’écriture on attend tout de lui sauf… un roman glauque qui révèle un « sens du massacre », « une poésie de la viande ».  Un accident de parcours ? Loin s’en faut. Ses livres se suivent et se ressemblent. Au grand dam de ses proches et de Judith, son éditrice, qui aimerait qu’il se renouvelle. Mais Nicolas est chez lui dans le carnage.

« J’explore la douleur, m’immergeant dans le psyché du mal pour en décrypter les mécanismes. A la question absurde « Pendant l’Occupation, seriez-vous devenu collabo ou résistant ? », je réponds que je m’en fous. Inutile de penser au conditionnel. On ne refait pas l’Histoire, on la ravaude. Lorsque je mets en scène des nazis, des monstres du passé, je parle d’aujourd’hui. Je m’efforce de mettre en mots un présent perpétuel, une permanence du mal, qui ne cessera jamais de s’incarner. Du barbare sumérien au bourreau saoudien, il n’y a ni évolution, ni chute. Le progrès est un pithiviers : ça se dévore et ça écœure. Le mal est éternel, puisqu’il sort du temps. »


« Le mal est ta respiration naturelle »

D’où lui vient ce penchant ? De la relation ambiguë avec sa mère ou d’un secret détenu par son père comme le laisserait penser cette réflexion de Granny : « Tu le dis toi-même, Nicolas. Le mal est ta respiration naturelle. C’est bien pour ça que tes livres me dérangent : ils sont le vrai reflet de ta personnalité. Alors, pourquoi chercher à nier qui tu es, au fond de toi ? »

Mais peut-être que la sombre affaire Morimoto, le cannibale japonais, dans laquelle il se plonge, va lui permettre de se libérer. De se retrouver. Mais que va-t-il trouver ?

Prenant, parfois dérangeant, vous dévorerez ce roman… à moins que ce ne soit le contraire…


Marie Torres
La dévoration
Nicolas D’Estienne d’Orves
Editions Albin Michel, 21 août 2014
20 euros

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