Aulnay-sous-Bois - Musique

Felipe Lara : « Le flamenco, c’est toute l’histoire des sentiments humains chantée »

Par Marie Torres - 20 juin 2013
Dans le cadre du 8ème Festival latino andalou, Felipe Lara, chanteur et flamecologue, donnait un concert au Conservatoire de musique et de danse d'Aulnay- sous-Bois, le 16 juin dernier. Rencontre avec un homme passionné et attachant.

J’ai été très surprise, je l’avoue, ce dimanche 16 juin, en m’installant au premier rang de la salle de concert du Conservatoire de musique et de danse d'Aulnay-sous-Bois. Sur la scène, des instruments peu orthodoxes, du moins pour un concert de flamenco. Wait and see, me suis-je dit. A 16 heures précises, des musiciens accompagnés d’un chef d’orchestre entrent  sur scène. Là, je pense aussitôt que je me suis trompée de salle. Ou de concert. Mais quand Felipe Lara apparaît quelques secondes plus tard sous les applaudissements de la salle, je ne sais plus quoi penser. J’attends, perplexe. Le maestro lève sa baguette et c’est parti. Le son le monte. Il est beau.

La voix de Felipe Lara qui vient s’y incorporer est magnifique. Mais le résultat me trouble. Du flamenco sans guitare sèche, du jamais entendu.

Je pense à mon arrière-grand-père, un pure et dure Malagueño, dont ma mère me disait qu’il devenait fou dès qu’il entendait quelques notes de flamenco. Qu’aurait-il pensé ? Et puis, je le concède, au fil des minutes, je m’y suis faite à ce flamenco sans guitare et avec orchestre. J’ai même trouvé cela très beau. Et c’était très beau. L’abuelito aurait aimé, aussi. Mais à la fin du spectacle, je suis allée demander quelques explications à Felipe Lara. Un homme passionné et très attachant.

Micmag.net : Le spectacle était magnifique mais j’ai été étonnée. La présence d’un orchestre, d’une part, l’absence de guitare sèche, de l’autre…

Felipe Lara : Je comprends. Chanter accompagné de violoncel alto, percussions, clarinette, flûte et harpe était une « première » pour moi. Je doutais un peu du résultat mais c’était une expérience intéressante. Et, c’était plutôt bien, non ?

M. : Pour vous le flamenco, c’est quoi ? Juste une création esthétique ?
F.P.
: Le flamenco est beaucoup plus qu’une simple création esthétique. Il reprend et véhicule toutes les expériences, toutes les facettes de la vie. On pourrait croire que le flamenco est tragique mais non il est « tout ». L’amour, le désamour, la tragédie, la joie, le travail, la vie en fait. Un éventail multicolore. J’ai une phrase pour le définir « C’est l’histoire de tous les sentiments humains chantée ». Une définition qui s’applique au folklore en général.

M. : Justement, il y a-t-il une différence entre le flamenco et le folklore ?
F.P. :
Je place le flamenco à un niveau plus élevé que le folklore. Les grandes « plumes » ont écrit sur  l’histoire populaire d’un peuple ou d’une région mais d’une manière générale. On a écrit sur les rois, les guerres, les batailles, les conquêtes… Le flamenco, lui, est plus personnel. Il s’attache à l’individuel. Il est plus créatif. Il reprend le vécu, le quotidien des peuples que les grandes « plumes » ont souvent  négligés. Tout s’est fait par tradition orale. De père en fils.

Aujourd’hui, le flamenco se nourrit de nouveaux textes. Mais, qu’on se réfère à des auteurs anciens, comme les Lorca ou Machado, ou à des auteurs récents, les paroles se rapportent toujours à des scènes de nature.  Moi-même j’écris et mes textes se rapportent toujours à la nature. Au paysage sonore. Une personne qui trie du blé dans un champ, un petit oiseau qui chante, un petit chien qui aboie tout cela est musique et tout cela est dans le flamenco. Et le chanteur imite jusqu’à l’éternuement de l’animal qui accompagne un paysan. C’est son compagnon de voyage, il fait partie de lui-même. Le flamenco est un univers immense qui nous domine. On dit toujours que le flamenco nous domine.

M. : Il y a-t-il plusieurs styles de flamenco ?
F.P. : Oui bien sûr. J’ai écrit, il y a quelques années, un ouvrage à ce sujet « Cien Estilos del Flamenco ». Il y a une grande diversité de soléas, de chants flamecos, mais toutes ont la même structure, le même rythme. C’est la mélodie qui change avec les arrangements du créateur. Du chanteur qui l’a créée. Moi, par exemple, si je chante une Malagueña de Tchaco, je la chante avec mes paroles mais je respecte sa mélodie. Cela s’appelle l’orthodoxie du flamenco. Il faut respecter la mélodie traditionnelle ou de l’auteur. Tu peux la chanter avec tes paroles mais tu dois toujours respecter la mélodie de l’auteur.

M. : On peut dire que le flamenco, comme le folklore, est donc un lien social entre générations, régions…
F.P. :
C’est pour cette raison que je l’ai enseigné pendant des années !
Un peu partout. Dans des centres culturels, des instituts, des universités… Sans compter les émissions télévisées et radiophoniques… Le flambeau est passé !
Marie Torres

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