Rio de Janeiro - Musique

ROCK IN RIO - Contestation et nostalgie au rendez-vous du premier week-end de festival

Louis Genot, Le petitjournalpoint.com - 17 septembre 2013
Après 3 jours riches en émotions, le méga-festival arrive à mi-course. Le temps pour Beyoncé de danser le funk carioca, pour The Offspring de renaître dans une mer de pogos et pour les artistes brésiliens d'honorer leurs morts et lever le poing,montrant qu'ils ne sont pas sourds à l'écho de la rue.

En juin dernier, des millions de jeunes Brésiliens sont descendus dans la rue pour manifester contre la corruption, la piètre qualité des services publics et millions dépensés pour les stades de la Coupe du Monde. Trois mois plus tard, des centaines de milliers de fans de musiques en tous genres se donnent rendez-vous au Rock in Rio, festival qui a épousé pour slogan "pour un monde meilleur".

Avec des espaces publicitaires à chaque centimètre carré et des artistes très "mainstream" comme Beyoncé ou Justin Timberlake, on est pourtant loin de l'ambiance Woodstock. Cela dit, on a beau avoir affaire à une énorme machine commerciale, on y retrouve tout de même un petit supplément d'âme qui fait de ce méga festival un événement unique au monde.

Une ferveur immense
La ferveur y est telle que même les grandes stars internationales en restent bouche bée. Beyoncé a dû s´y reprendre à deux fois avant de lancer une chanson, obligée de s'interrompre pour répondre à la déclaration d'amour des fans qui scandaient "we love you, we love you !" à l'unisson. Suivant à la lettre le script de son "Mrs Carter Show", où on la voit sur un clip diffusé sur écran géant en reine librement inspirée de Marie-Antoinette, la texane a un peu trop surjoué son image de diva du R'n'B, mais le naturel est revenu au fil des chansons et des changements de vêtements (dix au total !). À la fin, on aurait dit une vraie Carioca, mini short en jean et petit haut blanc tout simple, se trémoussant sur l'air de "Lek Lek Lek", succès du funk local, le son qui vient des favelas. De quoi se mettre définitivement le public dans la poche.

Même ceux qui étaient venus à Rio sur la pointe des pieds n'ont pas été déçus du voyage. The Offspring, qui a connu une longue traversée du désert après son succès ahurissant des années 1990, a ému samedi une légion de fans trentenaires qui se sont vus tout d'un coup propulsés dans leur adolescence. Relégués au Palco Sunset, la scène secondaire, les Californiens ont transformé la piste en véritable pogo géant pendant une heure durant. Avec son visage de poupon bouffi qui a pris un paquet de kilos depuis son heure de gloire, le chanteur Dexter Holland s'est montré visiblement touché par l'accueil reçu en avouant qu'il venait de passer "la plus meilleure soirée" de sa vie.

Hommages et provocations
Sur ce même Palco Sunset, qui a reçu bon nombre d'artistes de grande qualité qui auraient largement mérité de prendre la place de certaines têtes d'affiche, Maria Rita a elle aussi été bluffée par l'ambiance du festival. Fille de l'immense chanteuse brésilienne Elis Regina, elle a formé un duo des plus rafraîchissants avec la jeune Belge Selah Sue. Au beau milieu d'une chanson, Maria Rita s'est retrouvée sans voix à cause d'un problème de micro, mais le public a pris la relève, sans jamais perdre le rythme ni sécher sur les paroles. La chanson était justement "E vamos à luta", titre contestataire de Gonzaguinha.

D'autres paroles ont trouvé un écho particulier, celles de Cazuza, leader du groupe Barão Vermelho, mort du sida en 1990, qui a gagné un vibrant hommage en début de festival avec un concert spécial réunissant plusieurs grands noms de la musique brésilienne, notamment Ney Matogrosso. Frejat, l'ancien guitariste de Barão Vermelho, a expliqué qu'il ne pouvait pas savoir ce que son ami ressentirait s'il assistait à ce concert, mais qu'il aurait sûrement été en premier lignes des manifestations populaires de ces dernier mois. Même réflexion au sujet Raul Seixas, autre star du rock brésilien, mort en 1989,  qui a eu droit à son concert-hommage samedi.

Au moment où Cazuza écrivait ses chansons, au milieu des années 1980, le Brésil venait juste de sortir de la dictature militaire. Aujourd'hui, le pays vit en démocratie, mais est redescendu dans la rue pour protester contre la classe politique, dont le chanteur Dinho Ouro Preto, de Capital Inicial, qui s'est moqué en s'affublant d'un nez rouge pour dénoncer "les clowns de Brasilia". Ivan Lins, lui, a rappelé que ce festival"était avant tout un divertissement" et qu'après les concerts, les jeunes devaient "faire leur devoir de citoyen et aller manifester". Dimanche, le chanteur brésilien a reformé son duo avec George Benson, avec qui il avait partagé la scène du premier Rock in Rio en 1985.

Le festival reprend son cours jeudi, jusqu'à dimanche, avec de nouvelles émotions en perspective et le concert très attendu du "boss" Bruce Springsteen le samedi.

- Lire notre présentation du festival

- Lire notre entretien avec Roberto Medina, le fondateur de Rock in Rio



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