- reportages

La Cité Fleurie, un nid d'artistes à Paris !

Monique Cabré - 11 mars 2013
Sur le Boulevard Arago, non loin du square Henri Cadiou dans le XIIIe arrondissement de Paris, se cache la Cité Fleurie, havre de paix qui accueille des artistes depuis plus d’un siècle.
copyright Evous

La cité s’étend sur 2 000 m², bordés de 29 ateliers. Elle fut construite en 1878, avant la Ruche et le Bateau-Lavoir, restés sans doute plus célèbres. Si le lieu est un espace de résidences privées, on peut y pénétrer facilement car la grille est souvent ouverte. En outre, les ateliers de certains artistes qui y vivent et travaillent, sont libres d’accès lors de la manifestation Lézarts de la Bièvre, qui a lieu chaque année le premier week-end de juin.

Un petit air rétro

On découvre après avoir passé un porche, une cité étonnante, très calme. Les maisons aux toits pointus et pans de bois s’alignent ; les fenêtres agrémentées de rideaux de dentelle écrue affichent un petit air rétro plain de charme. Plus champêtre que ses voisines, la Cité Florale ou le Square des Peupliers, la Cité Fleurie se distingue par son atmosphère campagnarde. De nombreux meubles de jardins sont envahis par la verdure, des outils sont éparpillés ça et là, des chats peu farouches s’étendent au soleil, quelques œuvres ont trouvé refuge dans les cours parmi de vieilles pierres sculptées au milieu des plantes, bambous et herbes folles. Au sol, pas de pavés comme souvent dans ce type de micro-quartier parisien, mais de la terre, pour plus de personnalité.

La cité se divise en petits quartiers

Dans le principal, après le premier porche, les maisons partagent le jardin central ; le second, situé derrière un autre porche, accueille d’autres logis avec courettes individuelles ; le dernier est un peu différent. Nommé la "Cité Verte", il rejoint la rue Léon Nordman, mais il est privé (même si la grille est de temps en temps ouverte du côté de cette dernière rue). Chaque espace offre une belle verdure, une ambiance champêtre et bucolique des plus agréable.

Cet ensemble d’ateliers a été construit entre 1878 et 1888 à partir de matériaux provenant du Pavillon de l’Alimentation, conçu par Hunebelle pour l’Exposition Universelle de 1878. La Cité a accueilli depuis sa création plusieurs artistes de renom. On compte parmi ses résidents le peintre et décorateur français Louis Bouquet qui y réalisa des commandes pour le Musée des Colonies, le peintre et sculpteur néerlandais César Domela, le sculpteur français Henri Laurens, le patineur Limet, à qui Auguste Rodin rendait souvent visite, le peintre français Gauguin, le peintre et sculpteur italien Modigliani. Ces deux derniers y vécurent peu de temps. Dans ce qui fut leur atelier précaire, s’installa en 1935, en famille, l’une des figures les plus importantes de la Cité, le peintre français Henri Cadiou, fondateur du mouvement Trompe-l’œil / Réalité. Militant dans des associations de défense du patrimoine parisien, il fit beaucoup pour la sauvegarde de la Cité Fleurie, menacée de destruction par la promotion immobilière dans les années 1970.

« Un lieu qui n’a pas de nom n’existe pas » disait Henri Cadiou

C’est Henri Cadiou qui choisit un nom à l’endroit qui n’en portait pas encore. Il le nomma "la Cité Fleurie", pour mieux la défendre en tant qu’entité car, disait-il, « un lieu qui n’a pas de nom n’existe pas ». Cette appellation permettait en outre d’invoquer dans le débat la protection de l’environnement, thème naissant dans le discours public. Le peintre créa une association de défense de la zone, qui rallia de nombreux riverains du quartier, dont certains ne connaissaient même pas l’existence de la Cité. Cadiou fut aidé dans sa tache par le sculpteur Armand Lacroix. Les deux hommes reçurent en 1976 le prix "SOS Paris" pour leur action. Ils délaissèrent un temps leurs activités artistiques pour se consacrer à leur combat, rédiger des articles, faire entendre leur cause auprès d’un large public, etc.

L’opinion publique et la Presse furent alertées. En février 1972, l’émission de Michel Péricard et de Louis Bériot, « La France défigurée », est consacrée à la Cité. Pierre Bellemare lance un appel sur Europe 1 dans son émission "Il y a sûrement quelque chose à faire". A la fin de l’année 1972, le Ministre des Affaires culturelles de Pompidou, Jacques Duhamel, décida une mise en instance de classement de la Cité Fleurie, avec interdiction de modification du site pendant un an. Le classement fut prononcé le 22 janvier 1976, grâce à l’implication du président Valery Giscard d’Estaing. En 1981, François Mitterrand vint visiter la Cité fleurie pour la faire racheter par l’État. Elle est depuis gérée par une société d’HLM, et toujours réservée aux artistes.

Une plaque commémorative rappelle que la cité a également abrité de 1934 à 1939 la "Deutsche Freiheitsbibliothek", bibliothèque allemande de la liberté, fondée par des écrivains allemands anti-hitlériens, avec l’aide d’écrivains français. Elle regroupait des livres proscrits par l’Allemagne nazie, plus de 11 000 volumes, réunis grâce aux contributions de réfugiés du monde entier.

A l’occasion, ne manquez pas d’aller voir à quoi ressemble ce lieu d’art et d’histoire, il le mérite !

Sources : Evous.fr

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