Mexique - Reportages

Mexique, entre cadavres et trafics : le narcocorrido

Par Tristan Brossa (Lecourant.info) - 11 Mars 2012
Les "Narcocorridos" ou "narco ballades" des musiques et des chanteurs qui font l’éloge des trafiquants de drogue mexicains. Un genre musical qui séduit un pays dans une pseudo guerre aux clans.

Leurs mélodies joviales, sur des airs de trompette et d’accordéon, à la rythmique proche de la polka, sont trompeuses. Les textes des chansons des "Narcocorridos", (comprendre "ballades de la drogue"), sont à l’image du climat de violence qui règne au Mexique depuis déjà plusieurs années : cruels et macabres.

Vantant les mérites des trafiquants de drogues, qui sèment le chaos dans plusieurs régions du pays, les "Narcocorridos" sont de plus en plus populaires. Signe inquiétant, ils font désormais partie de la culture mexicaine, comme si le trafic et les violences étaient d’ores et déjà intégrés aux mœurs de tout un peuple.

"Les Zetas ou les Sinaloas, souvent aidés par une police corrompue".

47 500. C’est, d’après les autorités mexicaines, le nombre de victimes dont la mort est directement liée au trafic de stupéfiant. Il n’est donc pas surprenant que les "Narcocorridos", relatant notamment certains de ces tragiques décès, aient acquis une telle notoriété ces dernières années.

Malgré ce bilan lugubre, ce n’est que la semaine dernière que le gouvernement mexicain, le président Calderón à sa tête, jadis promoteur d’une logique répressive menée de pair avec les Etats-Unis, a fini par accepter l’idée selon laquelle la question de la légalisation, ou tout du moins de la régulation du commerce des drogues, devait être mise sur la table pour en finir rapidement avec ces massacres.

Ce discours fait écho à la déclaration commune des présidents guatémaltèques et salvadoriens, Otto Pérez et Mauricio Funes, lundi 13 février 2012, appelant à ouvrir ce débat le plus rapidement possible.

La situation est critique. Le fléau ne cesse de s’étendre et l’armée a bien du mal à faire face aux groupes armés comme les "Zetas" ou les "Sinaloas", souvent aidés par une police locale largement corrompue.

Sergio "El Shaka" Vega , assassiné en juin dernier, est l’un des huit chanteurs tués depuis 2007.

Les "Narcocorridos", de concert avec les trafiquants.

Si certains font chanter, d’autres se contentent de chanter, à la gloire des différentes "bandes" qui financent la carrière de leurs propres musiciens. Pour Elijah Wald, musicien et écrivain spécialiste du narcotrafic en Amérique latine, "c’est [un phénomène] comparable à ce qu’a été le jazz à Chicago pour la bande d’Al Capone [dans les années 1920]".

Certains musiciens qui débutent ne peuvent se passer du soutien financier des narcotrafiquants qui, en échange, profitent de ces derniers pour faire passer des messages aux bandes rivales ou pour tout simplement faire montre de leur puissance. Plus un groupe de "Narcoccoridos" est connu, plus la "bande" dont il fait l’éloge accroît sa notoriété et est en mesure d’imposer sa loi dans telle ou telle partie du Mexique.

Mais, revers de la médaille, c’est une activité à risques. Ces trois dernières années, 13 artistes ont été abattus, sous prétexte qu’ils diffusaient des propos humiliants à l’encontre des bandes rivales. El Komander, l’un des chanteurs les plus réputés de ce mouvement, a décidé de prendre ses précautions : désormais ses musiciens ne montent jamais sur scène sans leur gilet pare-balles.

Valentin Elizalde est tué après avoir mis en ligne son vidéo-clip "A mis enemigos" (A mes ennemis).

Les cousins d’Amérique

Ces chansons connaissent un succès grandissant, notamment chez les Latinos de la côte Ouest des Etats-Unis (certaines vidéos ont été visionnées plus d’un million de fois sur des sites comme Youtube).

Les groupes les plus fortunés partent également en tournée chez leur voisin du Nord. Les "Narcocorridos" sont un peu aux Latinos ce que le gangsta rap fut aux blacks américains dans les années 1990. Un moyen pour les jeunes de s’identifier à une culture qui leur est propre, vantant les mérites de la violence et de l’honneur au sein d’un système corrompu dans lequel ils disent avoir grandi.

Pour les narcotrafiquants, c’est surtout un moyen de propagande pour étendre leur influence, principalement culturelle, sur le territoire américain, premier consommateur de la drogue en provenance d’Amérique du Sud et transitant par le Mexique.

L’interdiction de ces concerts par les autorités ne fait qu’amplifier le phénomène. Plutôt que de s’attaquer à cette forme d’expression musicale, les Etats-Unis auraient tout intérêt à tenter de mettre fin au chaos mexicain en s’accordant sur une politique de régulation avec ses voisins du Sud, prônée notamment par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.




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