Montpellier - portrait

Franck Nicolas ou la trompette savante des Antilles

Joce Lachenardière - 26 Septembre 2012
Franck Nicolas fondateur du Jazz Ka (métissage entre le Jazz et le tambour traditionnel guadeloupéen) de la Fanfare Ka & du groupe Manioc Poésie, crée en 2002 le concept Jazz Ka Philosophy. Une aventure musicale sans frontières !

Franck Nicolas compositeur Guadeloupéen, Trompettiste de Jazz & Joueur de coquillages réinvente le gwoka musique traditionnelle guadeloupéenne, en lui instillant les harmonies du jazz. Disciple de Miles Davis à 10 ans, il rencontre Kafé Edouard Ignol, et découvre avec lui le Gwoka moderne, après avoir été initié par Kafé. Il se lance dans des expériences artistiques ou il allie Jazz et Ka. IL enregistre trois albums à NY en 1999 (Accoustick Voyage), en 2001 "Kiss in Paris", (album en trio sur la chanson Française ), mais c'est en 2002 que l'Alchimie entre le jazz et ka , s'opère avec l'album "Jazz Ka Philosophy" intitulé 1848.

"C'est un Hymne à la liberté, qui rend hommage à celles et ceux qui ont lutté contre l'esclavage."

 Depuis Il enregistre la série d'albums, Jazz Ka Philosophy, tour à tour avec avec les pianistes: Alain Jean Marie , Mario Canonge , Grégory Privat , les bassistes Lonnie Plaxico , Michel Alibo, Eric Vincenot , les saxophonistes Jacques Schwatz-Bart, Sylvain Joseph , irving Acao , le flutiste Magique Malique, et les percussionnistes batteurs : Sonny Troupé , Arnaud Dolmen , Joby Julienne , Frantz Fkéreau et Louis Allèbe Montjoly De Montaigne. Chaque album Jazz Ka Philosophy , apporte son lot d'originalités et de nouveautés , avant gardiste et visionnaire , la musique de Franck Nicolas s"impose et devient incontournable en matière de Jazz Caribéen. Elle se taille une place de choix, on peut aisément conclure que Le jazz ka est la musique savante des Antilles Françaises.

Un pied en Guadeloupe, un pied en France!

Franck Nicolas marche dans les pas de ses ancêtres. Il remonte le temps, cherche des traces, revendique ses racines à travers la musique, sa passion, et crée un subtil mélange entre tradition et modernité. Il nous entraîne dans un espace musical insolite et créatif, en jouant dans des conques marines. Des sonorités couleur de brumes, teintées d'éternité, situées entre ciel et mer, dialogue venu de la nuit des temps.

Au delà de sa virtuosité, c'est une part de son histoire qui émerge: les esclaves communiquaient entre eux avec ces coquillages.

C'est la maturité qui lui a permis de faire des choix et d’affiner son style, son appartenance à une terre et sa culture: la Guadeloupe qu'il adore.

"Comprendre d'où l'on vient, connaitre son histoire grandir et s'épanouir avec"

Depuis plusieurs années il introduit dans ses formations, des instruments qu'utilisaient les esclaves : Tambour Gwoka, conques marines.

Franck Nicolas se sent habité, inspiré par ses origines. En jouant dans ses Coquillages, il nous interpelle par la beauté de son univers musical, mais également par sa volonté de briser les tabous d'un passé douloureux.|

Voyageur imprudent il ose remonter le fleuve de ses émotions, innove, et ouvre des voies. .

 Lever les voiles, tisser des toiles, jouer en regardant les étoiles, rêves et poésies l'accompagnent !

Interview

"Le gwo ka a la complexité harmonique du jazz, m’a demandé une immense énergie et un travail intellectuel considérable."

Micmag : Peut-on qualifier le Jazz ka de musique savante ?

Franck Nicolas : Le jazz ka est le fruit de toute une réflexion et de multiples expériences musicales. Il a fallu étudier pendant des années, des heures et des heures de trompette. Des heures de composition ont été nécéssaire pour arriver à créer une nouvelle musique qui ne ressemble a aucune autre … Ajuster les rythmes de gwo ka a la complexité harmonique du jazz, m’a demandé une immense énergie et un travail intellectuel considérable…

La science du Gwo ka et la science qui gère l’improvisation jazz font du « jazz-ka », une véritable science dotée, d’un esprit ancèstral et d’une philosophie à part entière… C’est pourquoi, si la musique classique est la musique savante de l’Europe, le jazz, la musique savante de l’Amérique, le jazz-ka est sans nul doute, la musique savante des Antilles Françaises !!!

 Micmag :Te souviens-tu de la manière dont la musique est entrée dans ta vie?

 N.F. : La musique était présente déjà dans le ventre de ma mère, je crois qu’on naît avec la musique Et qu’elle nous accompagne après la vie, c’est une émotion, une vibration de l’Ame. C’est mon père qui m’a transmis les gènes de la musique, il est batteur percussionniste tout comme ses frères, en fait

"toute ma famille est musicienne et ce, depuis des générations…"

Je dois certainement avoir des ancêtres griots !!! À la maternelle, pendant que les autres enfants jouaient à la pâte à modeler, moi je tapais. Avec 2 crayons sur un tambourin en imitant les rythmes que faisait mon père à la batterie. Je suis entré au conservatoire à 8 ans et j’ai obtenu une 1e mention de Solfège et de trompette avec félicitation du jury à 10 ans… c’est aussi l’age ou j’ai découvert le jazz et Miles Davis.

 Micmag : Parle nous du point de départ de ton changement musical ?

 N.F. : Il n’y a pas eu de « changement musical », mais juste une évolution. Depuis l’age de 10 ans j’étudiais le jazz des heures durant, mon prof de trompette en Guadeloupe, Germain Couvin ( ex trompettiste de Claude François) était un pur Jazz Man. Et un grand disciple de Clifford Brown, il m’a tout enseigné sur le jazz , le son , le phrasé. La technique, et surtout ,la façon dont on doit faire circuler l’émotion dans un tuyau de cuivre de 5 mètres ( la trompette ).

A 18 ans , après mon Bac en Guadeloupe, je suis venu faire mes études de musicologie. A la fac de Montpellier jusqu’à la licence, et en même temps j’ai fais mes « classes » en m’adonnant à des «jam cessions » dans les clubs de jazz. J’ai tout appris sur « le terrain » au coté de Patrick Torréglosa ( sax), Michel Marre (trompette), Michel Byzmut ( contre-basse), Réné Nan ( Batterie), Louis Martinez (Guitare) et bien d’autres dans le sud de la France… Puis à Paris, dans les clubs Franc Pinot  (Sunset). J’ai tout appris de la biguine jazz au coté du grand maître, Alain Jean Marie au piano. Dans le même temps, en Guadeloupe, Kafé Edouard ignol, m’a transmit l’héritage du Gwo Ka moderne ( musique basée sur le tambour traditionnel Guadeloupéen, le Ka).

Après une tournée de 6 mois dans toute la Caraïbe et au Canada, au sein du groupe de Gwo Ka moderne « Van lévé » , j’ai pu réaliser la synthèse musicale entre les 2 musiques qui étaient en moi : le Jazz et le Gwo ka. C’est à New York en 2002, suite à toutes mes expériences musicales avec les musiciens de jazz et les musiciens de Gwo ka moderne Guadeloupéen, que, j’ai pu trouver l’alchimie parfaite , alliant le jazz et le ka.

Dès lors une nouvelle musique est né, et je l’ai appelé : « Jazz ka ». C’est le travail de recherche de toute une vie artistique. Le jazz ka provient d’une des pires injustice de l’humanité, il est pour moi, à la fois, le symbole de l’émancipation des esclaves noirs, et l’exploration de « terres vierges » aux horizons prometteurs. Qui y a-t-il de plus prestigieux, pour un « explorateur » de « chemins » inconnus, de découvrir de nouvelles « routes » aussi incertaines qu’excitantes ? Je pense que l’idéal d’un artiste, est de trouver sa voie et de la faire découvrir au plus grand nombre. En outre, le but ultime n’existe pas, après avoir réalisé une découverte, il faut chercher encore et encore… C’est le destin du musicien : être en quête perpétuelle. De l’absolu artistique…

Micmag : Associer le Jazz et la musique traditionnelle n'est pas un concept nouveau, qu'est ce qui fait ton originalité ?

 N.F. : Comme l’a fait la musique brésilienne en se mélangeant au Jazz , qui a donné naissance à la bossa Nova , ou la musique Cubaine avec le jazz , qui a donné le Latin Jazz dans les années 60, aujourd hui , le tambour traditionnel Guadeloupéen et la konk a lambi ( coquillage) se mélangent au jazz pour faire naître le jazz ka…

La culture Guadeloupéenne est très souvent méconnue, le jazz ka permet ainsi de découvrir. Les 7 rythmes de base du Gwo ka : Le Toumblack ( qui symbolise l’amour) , Le Graj ( le café ) , Le Kaladja ( la douleur) , le Padjembel (la canne à sucre ), le Léwoz ( l’incantation ), le Woulé ( Manioc ) et le Mèndé (la liberté, ce rythme était joué avant chaque révoltes d’esclaves ).

Bien entendu le jazz-ka, permet la création de nouveaux rythmes composés et 5 temps ou 7 temps…ect et puis on découvre aussi les « Boul à Gèl » ou « Bandjo-Guitare », rythmes faits avec la bouche… Le Jazz ka permet aussi l’émancipation sonore et mélodique, d’un des plus ancien instrument de l’humanité : le coquillage, appelé la « Konk à Lambi », qui rappelle le chant des baleines,

La voix des Dieux pour les Greques, le passage obligé de l’ame vers les cieux, pour les Kalina (Amérindiens caraïbes).

Je pense ainsi que l’originalité de ma musique tiens de l’héritage puissant de la culture des Caraïbes , des esclaves , et les possibilités infinies qu’offre le jazz.

Je crois que le succès grandissant du jazz-ka provient du fait qu’il est à la fois une musique « roots » et une musique qui se projette dans l’avenir… il est à l’image de l’humanité d’aujourd hui et de demain : de plus en plus métissé…

Propos recueillis par Joce Lachenardière
Dates de concerts
- 4 décembre au BAISER SALé "TRIO Zalizé" (avec Michel Alibo & Sonny Troupé).

- 16 décembre Festival de Pointe à Pitre avec Alain Jean Marie , Tanya St Val ,
Jean Christophe Maillard, Thierry Fanfant.

- Du 17 décembre au 2 janvier : Tournée JAZZ KA PHILOSPHY en Guadeloupe et Martinique.

- 10 janvier : Sortie de L'album JAZZ KA Philosophy 7 "Psychédélic TRIO"
avec Grégory Privat (piano) & Arnaud Dolmen (Baterrie et Ka).

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