Brésil - Portraits

Les Frères Campana, ambassadeurs du design brésilien

Monique Cabré - 31 décembre 2012
Célèbres pour leurs réalisations insolites, leurs détournements et recyclages d’objets, leurs créations éclectiques, iconoclastes et exubérantes, Fernando et Humberto Campana adoptent pour toile de fond, l’atmosphère vibrante de leur pays, le Brésil.
Fernando et Humberto Campana copyright Musée des Arts Décoratifs, Paris

Révélés grâce aux fabricants et diffuseurs européens de mobilier, comme la maison d’édition Edra, de luminaires comme Fontana Arte et d’accessoires domestiques comme Alessi, ils sont devenus en quelques années les ambassadeurs incontestés du design brésilien.

Un design « tiré de la rue »

Nés au Brésil, les frères Campana (respectivement architecte et avocat de formation) se sont associés en 1983 pour créer une œuvre singulière qui utilise des matériaux et des techniques a priori inhabituels dans l’univers du design. Depuis leur atelier de Sao Paulo, ils conçoivent un design « tiré de la rue », à mi-chemin entre l’Arte Povera et la production industrielle, avec pour prédilection des matériaux de récupération. La culture du Brésil est leur principale source d’inspiration : la diversité des influences, la mixité sociale, l’économie de moyens et l’artisanat.

Les premières réalisations sont celles d’Humberto, des pièces artisanales comme des cadres de miroirs en bois et coquillages, des paniers en bambou aux formes volontairement imprécises… Leur première collection s’intitule « Inconfortable » et présente en 1989 dans une galerie de Sao Paulo, un ensemble de chaises très lourdes et peu fonctionnelles.

Leur œuvre évoque volontiers la nature et privilégie le motif du coquillage, élément décoratif fréquent dans l’art baroque mais aussi dans l’artisanat traditionnel des Indiens du Brésil. La référence au monde animal est récurrente : la canapé Boa (2002, édition Edra), le fauteuil Corallo tressé de fil de métal rouge corail, (2004, édition Edra) ou le fauteuil Anémone (2000, production Estudio Campana) qui évoquent l’univers marin.

Ils procèdent à un premier travail de récupération de bouts de bois, de ferraille ou de plastique, de morceaux de tissus ou d’autres éléments insolites, puis les détournent en les agençant tantôt selon des procédés artisanaux, tantôt selon des techniques de pointe. Ils n’hésitent pas définir leur univers à la limite du kitsch et du régionalisme, mais aussi à la frontière du design, des arts appliqués et de l’art contemporain.

« Le vrai luxe est celui d’avoir l’opportunité de travailler sur des projets qui permettent de faire des prototypes sans devoir répondre aux exigences de l’industrie »

Pour les Campana, la fonctionnalité d’un objet ou d’un meuble découle de la forme qui, elle, est dictée par les matériaux : chaise Favela créée à partir de morceaux de bois récupérés et assemblés de façon artisanale, lampes en carton et aluminium, « Banquete Chair » faite d’animaux en peluche amoncelés…exemples d’un design anticonformiste. Ils s’intéressent autant au mobilier qu’ils font éditer par les plus grandes maisons comme Edra, qu’aux objets destinés à l’art de la table.

Passionnés par la culture française, ils signent des collaborations avec des maisons comme Lacoste ou Bernardaud. Leur aménagement du Café de l’Horloge du Musée d’Orsay, compte parmi leurs dernières créations.

Elus designers de l’année au dernier Salon Maison & Objets à Paris, les Frères Campana signent leur première exposition en France dans un musée, celui des Arts Décoratifs à Paris, « Barrocco Rococo ». Humberto et Fernando voit dans cette opportunité, l’occasion de rendre hommage à l’art baroque de leur pays d’origine. Un vocabulaire artistique affirmé, des éléments « désorganisés de façon à obtenir un collage personnel, un assemblage d’éléments recomposés en une forme nouvelle », parfois volontairement imparfaite, résultent de l’imagination foisonnante des deux artistes qui se plaisent à dire : « le vrai luxe est celui d’avoir l’opportunité de travailler sur des projets qui permettent de faire des prototypes sans devoir répondre aux exigences de l’industrie ».

« Barroco Rococo », jusqu’au 24 février 2013. Musée des Arts Décoratifs, Galerie d’Actualité, 75001 Paris. www.lesartsdecoratifs.fr


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  • Anhanguera sofa copyright Musée des Arts Décoratifs, Paris
  • Candelabro copyright Musée des Arts Décoratifs, Paris
  • Settimio cabinet copyright Musée des Arts Décoratifs, Paris
  • Tritone candle stick copyright Musée des Arts Décoratifs, Paris

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