Bordeaux-Bahia - Musique, portrait

Premier album réussi pour Alê Kali, Bahianaise de sang-mêlé

Stephane de Langenhagen - 07 juin 2016
Arrivée en France il y a cinq ans pour vivre une belle rencontre, la Brésilienne Alê Kali exhibe fièrement son métissage dans un premier album épatant, riche d'influences nordestines, de pop tropicaliste et de sono mondiale. Portrait.

Alê Kali à Paris, mai 2016 - Photos Patrice Dalmagne

« J’adore mon métissage ! » Africaines, tupinambas, espagnoles, portugaises : la Brésilienne Alê Kali est fière de ses origines. Un respect pour les différences qu’elle met en chant dans un premier album, enregistré entre Paris et Bordeaux, sous la direction du percussionniste Silvano Michelino. Onze titres rythmés, inspirés par Bahia et les orixás, et empaquetés dans une petite merveille de xylogravure, à la façon des folhetos de cordel*.

Née à Salvador, en pleine dictature, d’un père reporter sportif et d’une mère militante, Alessandra Dos Santos Araújo grandit dans une famille où la musique occupe une place de choix. Bercée par la samba de roda et le maracatu, initiée aux forrrós de Luiz GonzagaDominguinhos et Jackson do Pandeiro, elle s’entraîne à respirer entre les notes en écoutant Elis Regina et Gal Costa. Et s’extasie devant Clara Nunes, dont le caractère l’impressionne. Faisant preuve d’une soif insatiable de découverte, elle suit le bloc afro Ilê Ayê, s’imprègne des atabaques du candomblé et des tambours du samba-reggae.

Le rock brésilien des années 1980 lui inspire ses premières scènes, écolières et universitaires. Elle saisit la guitare, donne son premier concert au cœur du Pelourinho, en 1995, et devient Alê Kali lorsque démarre le circuit des bars, étape nécessaire vers la reconnaissance. Une envie de devenir pro qui ne se concrétisera que 16 années plus tard, lors de son arrivée en France.

Venue juste profiter d’une belle rencontre, Alê croise la route de RKK (Rémy Kolpa Kopoul) et se retrouve embarquée dans une multitude de projets : SambatudoTutameiaZalindé, autant d’expériences et de rythmes qui construisent son album sobrement intitulé Alê Kali. Sans parler des Fiestas Sète, Nuits Atypiques de Langon et autres premières parties d’Elza Soares, qui ont largement contribué à consolider la réputation de la Bahianaise, fin prête à enregistrer ce premier opus.

Des lignes de dub et touches épicées d'Afrique du Nord

Un album mûri de longue date et dont elle avait en tête, depuis bien des années, le premier et le dernier morceau. Fidèle à ses passions comme à ses souvenirs, c’est d’abord à Sonia Prazeres qu’elle rend hommage, en interprétant Da Bahia et Sândalo, deux chansons qui paraissent avoir été écrites pour elle. Son âme sœur, qui compose pour Zelia Duncan ou Luli e Lucinha, lui rend la pareille avec un très beau texte d’introduction.

Cantiga de viola, samba, samba de roda, chula et pop tropicaliste... les rythmes s'enchaînent en douceur. Avec un aplomb digne des ses aîné(e)s, Alê Kali donne libre court à ses influences et reconstruit le Nordeste à sa façon. Moderne. Et comme elle a horreur de la routine, elle y rajoute, ici des lignes de dub, là des touches épicées d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Passionnée de world depuis toujours, la Brésilienne a déjà chanté plusieurs fois en Algérie et à Istanbul, la ville de tous les mélanges où elle se sent particulièrement bien.

En France, Alê Kali a découvert une qualité de vie et une certaine quiétude. Elle a surtout retrouvé cette aisance qui se ressent jusque dans sa voix, impeccablement placée et maîtrisée. Spécialement réussi, son premier album solo donne un sens à la pause qu’elle s’est accordée, après un engagement depuis l’âge de 13 ans, dans des mouvements de gauche au Brésil. Un bel équilibre.

Alê Kali (La Reverb'/Rue Stendhal)

Stephane de Langenhagen pour www.micmag.net


* Fascicules de poésie populaire imprimés sur du papier bon marché. Leur couverture, un peu plus épaisse, est reproduite suivant le procédé de xylogravure.

Alê Kali en concert au Studio de l'ermitage à Paris, le 15 juin, à 20 h 30. 

  • Facebook
  • Google Bookmarks
  • linkedin
  • Mixx
  • MySpace
  • netvibes
  • Twitter
 

Eventos

La morte amoureuse de Théophile Gautier

La morte amoureuse de Théophile Gautier au Théâtre Darius Milhaud

« Memories »

« Memories » de Philippe Lebraud et Pierre Glénat

Paul Klee, Peindre la musique

L’exposition numérique rend hommage aux deux passions de Klee, la musique et la peinture, et révèle les gammes pictural...

Alô !!! Tudo bem??? Brésil-La culture en déliquescence ! Un film de 1h08 mn

Photo extraite du film de Mario Grave - S'abonner sur notre canal Youtube  pour avoir accès à nos films :

Mundo vintage (clicar no título)

Jean Segura, collectionneur d'affiches de cinéma : « J'en possède entre 10 000 et 12 000 »

Journaliste scientifique, auteur de plusieurs ouvrages, concepteur du site ruedescollectionneurs, Jean Segura est aussi un passionné et un spécialiste de l'affiche de cinéma ancienne. Rencontre, ici.


Destaques de París

« Loading, l'art urbain à l'ère numérique »

jusqu'au 21 juillet 2024 au Grand Palais Immersif


            


Notícias

Madrid, 11 mars 2004

L'Espagne, mais aussi l'Union européenne, rendent un hommage solennel lundi aux 192 victimes de 17 nationalités assassinées il y a 20 ans à Madrid dans des attentats à la bombe qui marquèrent le début des attaques islamistes de masse en Europe.

 
Pablo Neruda a-t-il été empoisonné ?
Cinquante après, le Chili relance l'enquête sur la mort du poète et Prix Nobel de littérature survenue sous la dictature du général Pinochet. Cancer de la prostate ou empoisonnement ?
 
Paris 2024 : les bouquinistes ne seront pas déplacés
Paris 2024 : les bouquinistes des quais de Seine ne seront finalement pas déplacés pour la cérémonie d’ouverture des JO « Déplacer ces boîtes, c’était toucher à une mémoire vivante de Paris » a déclaré à l'AFP Albert Abid, bouquiniste depuis dix ans au quai de la Tournelle.
 
Sophie Calle et la mort !
Sophie Calle, artiste de renom, achète des concessions funéraires au USA en France et ailleurs. "J'achète des trous" dit -elle à propos de sa mort.
 
53 journalistes et proches de médias tués dans la guerre Israel- Hamas
Cinquante-trois journalistes et employés de médias ont été tués depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, selon le dernier décompte du Comité pour la protection des journalistes (CPJ)