- Portrait

Osvaldo Torres, ambassadeur des Indiens Aymaras

Marie Torres - 2 février 2017
Musicien, auteur-compositeur, peintre, écrivain… Osvaldo Torres, né en 1953 à Antofagasta au Chili, a mis son art au service de ses combats : la lutte contre la dictature de Pinochet et la défense des Indiens Aymaras. Portrait.
Osvado Torres - Photo Marie Torres

Entrer dans l’atelier d’Osvaldo Torres, c’est un peu entrer dans la caverne d’Ali Baba. Accrochés au mur, posés sur des tables ou sur le sol, des guitares, des mandolines et autres instruments. Des tableaux, aussi. Immenses, moins grands ou petits. Colorés ou en noir et blanc. Et puis du papier, des crayons… Bref, un atelier d’artiste multiple. « Mon père, un homme très cultivé et francophone, m’a initié très tôt à la littérature et inscrit au Conservatoire de musique à l’âge de six ans. Ceci ne m’a pas empêché, à l’adolescence, d’aimer le rock, la pop et d’écouter les Beatles et les Rolling Stones. Mais si j’évoluais dans le monde de la musique, ma passion c’était la danse… dont ma famille ne voulait pas entendre parler »

Osvaldo navigue donc entre le monde du classique et le monde du moderne. Mais aussi entre deux civilisations : son père est européen, espagnol, sa mère est indienne, une Aymara. Un jour de 1967, il décide de retrouver ses racines. « Ce besoin m’a poussé instinctivement vers les Indiens Aymaras. Ce peuple du Nord du Chili, le peuple de ma mère, m’a donné une certaine assurance car j’étais un adolescent inquiet, tourmenté. »  Il sillonne leur territoire, les rencontre, les interroge et réunit une somme considérable d’informations sur leur vie quotidienne, leurs combats, leurs aspirations… « Je leur ai dédié ma vie en mettant leur Histoire au coeur de mes chansons et de mes contes pour enfants. »

« J’ai été emprisonné deux fois… »

Mais revenons au début des années 70. Le 11 septembre 1973, un coup d’Etat propulse Augusto Pinochet à la tête du Chili. Osvaldo Torres s’engage. « J’ai été très militant, sept ans de clandestinité durant lesquels j’ai lutté, avec les armes, contre la dictature de Pinochet. » Avec les armes mais aussi avec son art. En 1971, il fonde le groupe Illapu. Ensemble, ils chantent la vie, l’amour, la justice, la diversité et le respect des cultures ancestrales américaines. En 1978, à l’appel de l’Association des Parents de Détenus Disparus, il écrit une œuvre théâtrale, La Vigilia, pour dénoncer une époque d’enlèvements et de disparitions. Un engagement qui n’est pas sans conséquences.

« J’ai été emprisonné deux fois et, à un moment, les événements se sont précipités parce que la dictature a été fragilisée et plus elle était fragilisée plus elle était violente. Une troisième arrestation aurait pu être fatale pour moi… » Aussi, lorsque sa famille s’agrandit, il décide de quitter le Chili.

« Quand j’ai eu mon premier enfant, pour des raisons évidentes de sécurité, nous avons décidé, ma femme, une Française, et moi, de nous installer en France pour deux ou trois mois qui se sont transformés en 30 ans ! Et, là, avec la liberté, la fraternité et l’égalité, la solidarité aussi, j’ai pu m’épanouir dans plusieurs secteurs de l’art : la littérature enfantine, la peinture, la musique et même la danse, pas comme danseur mais comme chorégraphe. »

J’ai tissé un lien d’amitié extraordinaire avec cet être hors du commun qu’était Bernard Giraudeau

Et puis, Osvaldo Torres, si loquace jusqu’à lors, s’interrompt. Cherche ses mots. Ses yeux se brouillent un peu. « Et, c’est aussi ici, en France, que j’ai fait une rencontre inattendue et magique. J’ai tissé un lien d’amitié extraordinaire avec cet être hors du commun qu’était Bernard Giraudeau.  Il m’a ouvert les portes du cinéma, en tant que musicien, mais le souvenir que je garde de cette rencontre, c’est celui d’une amitié entre hommes assez rare : fidélité, partage, fraternité. Quand j’étais enfant, mon père me parlait de ce genre d’amitié précieuse et presque irréelle. » Une relation, de partage et de création, qui se poursuivra durant 18 années et ne s’éteindra, qu’en juillet 2011, avec le décès du comédien. S’éteindra ? Pas vraiment. Bernard Giraudeau l’a immortalisée dans son documentaire Un ami chilien, un des volets de son triptyque, Carnets de voyage.

Depuis, Osvaldo Torres a contribué, avec plusieurs artistes dont Bono, le chanteur de U2, au film The Resurrection of Victor Jara (2015), un bel hommage au chanteur chilien assassiné par la dictature. Son actualité ? « Je prépare un disque avec ma compagne, la chanteuse et guitariste Silvia Balducci, sur Violetta Parra, une grande voix et une grande militante chilienne. Et, nous nous apprêtons, Silvia et moi, à partir à Barcelone où nous sommes invités au Festival de Barnasants. »

Marie Torres pour www.micmag.fr
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