Collections de vieilles voitures américaines

Par Hélios Molina - 
Jean-Jacques, la soixantaine, chef d’entreprise dans le diesel est un collectionneur de voitures américaines des années 40 et 50 en Normandie. Une dizaine en parfait état de marche ! L’été, au volant de l’une d’elles, de préférence décapotable, il part dans l'Europe ensoleillée.

Dans les années 40 ou 50 en France, l’automobile est encore un objet de luxe tandis qu’outre Atlantique, la voiture s’est démocratisée et devenue un objet de consommation primordial pour se rendre au travail ou se déplacer durant ses loisirs. Car l’industrie automobile américaine ne subit pas de lourdes pertes suite à la crise de 1929. Et à peine cette sombre page tournée, la voiture américaine devient un symbole de puissance et d’élégance mise en vedette dans les films noirs américains de ces années-là. Cadillac, Dodge, Lincoln, Mercury, sont quelques marques légendaires qui font le rêve américain. Des images d’une Amérique « glamour » qui influencèrent de nombreux européens dont Jean-Jacques, notre collectionneur Normand.

Micmag : Comment a commencé cette passion ?

Jean-Jacques : J’ai eu ma première voiture à quinze ans. J’ai été garçon d’honneur vers mes huit ans dans un mariage chic. L’on était venu me chercher avec un Cadillac de 1953, une limousine pour moi seul. Cela m’a marqué à vie. J’ai commencé à en acheter vers la fin des années 60.

M : Votre première voiture ?

J.J. : Une 201 boulangère, une petite camionnette que j’ai transformée en Torpédo. L’on roulait à l’époque sans permis, sans assurance, sans carte grise. Les Américaines sont arrivées à peine plus tard. J’ai eu pas mal de voitures anciennes que l’on achetait pas cher : des 402, des 201, etc. pour 50 ou 100 francs.

M : A l’époque, une américaine coûtait combien ?

J.J. : J’ai acheté une Buick de 1956 en 1968 décapotable pour 400 F. Elle vaut maintenant 40 000 euros.

M :  La cote de ces voitures a t-elle grimpé ?

JJ : Oui, elle grimpa dans les années 70-80. A partir des années 90, la cote est resté stable sauf modèles exceptionnels.

M : Il y a des investisseurs dans cet univers de collection ?

JJ : Oui sûrement mais ce sont des gens que je ne fréquente pas ! J’ai quelques amis collectionneurs.

M : Comment fait-on pour chiner ce genre de voiture ?

JJ : Avant internet et ebay ce n’était pas évident. Par relation, entre collectionneurs qui se revendent les autos. Je n’ai jamais trop fréquenté les clubs. Pour les voitures que j’aime (les années 40-50) il n’y a pas de club.

M : Pourquoi s’intéresser à ces belles des années 50 ?

JJ : C’est une esthétique très liée au cinéma : les films noirs : « La femme à abattre », les films avec l’acteur Humphrey Bogart (1) dont Le grand sommeil. Lorsque j’ai débuté, dans les années 60 à m’intéresser à ces voitures, ce n’était pas les mêmes budgets.

M : Plus facile ?

JJ : Oui j’étais étudiant et collectionneur et j’y parvenais.

M : Faut-il mettre souvent les mains dans le cambouis ?

JJ : Un petit peu. Il faut avoir quelqu’un de compétent à portée de main car il y a souvent quelque chose à faire. Ces voitures sont extrêmement fiables. Je fais de grands parcours avec. J’ai le projet de partir en Sicile avec la Dodge décapotable.

M  : Pas très économique ni écolo comme voyage…

JJ : Oui, en effet.La plus raisonnable consomme 13-14 litres aux 100 km. La plus gourmande fait le double (23 litres). La Cadillac qui est en chantier dans mon garage, il faudra compter 24 litres.

M : Un grand voyage avec l’une d’elles, ça se passe comment ?

JJ. : Il faut faire 300 km par jour, des petites routes en ne dépassant pas les 90 km/heure. Les moteurs sont très robustes. Ils sont consommateurs d’huile. Il faut surveiller. Il vaut mieux avoir une bonne assistance en cas de panne. Malheureusement, il n’y a pas de contrat d’assistance pour l’étranger. Les assureurs ont jeté l’éponge. Tandis que les assurances au tiers, cela ne coûte rien.

M : A vous entendre, collectionner coûterait moins cher que l’on ne le croit ?

JJ : Il faut les entretenir, faire venir des pièces. Il faut aller aux Etats Unis ce qui grève le budget. Mes voitures viennent de Belgique, France ou Hollande. Cinq viennent d’Europe, les autres des Etats Unis.

M : Les vieilles Américaines qui font le charme de Cuba, les collectionneurs s’y intéressent-ils ?

JJ. : Pour l’ambiance surtout. J’y suis allé pour découvrir. Le fait d’en voir des quantités, c’est fabuleux. En général elles sont bricolées et usées jusqu’à la corde. Des boîtes de vitesse sont russes. Pour un collectionneur, cela ne vaut pratiquement rien. Ce sont souvent des bas de gamme que l’on ne trouve pas dans la collection.

Propos recueillis par Hélios Molina

(1) Le Faucon Maltais en 1946 ; Casablanca en 1942 ; Key Largo en 1949 ; Le porte de l’angoisse en 1944 ; Le trésor de la Sierra Madre en 1947 ; Les passagers de la nuit en 1947.


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