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Le Journal d’Antoine Beauquier : une pièce intelligente

Jean-Christophe Mary - 13 février 2025
Si quelqu’un d’entre vous apprenait qu’un membre de sa famille était emprisonné dans un pays étranger, comment feriez-vous pour le libérer? La réponse est peut être dans cette pièce qui aborde le thème du pouvoir sous différents angles.Un texte brillant, féroce et jubilatoire signé Antoine Beauquier

Edmond, directeur d’un journal d’investigation, s’apprête à publier des révélations sur Jacques Flamm, un ministre ambitieux. Alors qu’il va rendre publiques les informations qu’il détient sur le ministre des outre mers, le directeur du Journal apprend que sa fille Apolline vient d’être arrêtée pour trafic de drogue à Jakarta. Seul Jacques Flamm semble être en mesure de l’arracher aux griffes du système judiciaire indonésien. Edmond doit-il renoncer à la publication de l’article ? Risque-t-il de mettre en péril le soutien qu’il attend de l’État français pour rapatrier sa fille ?

Si les relations complexes entre journalisme et politique sont fréquemment exploitées dans les films ( Citizen Kane, les Trois jours du Condor) et les séries (State of Play, House Of Cards) le théâtre s’en était encore peu emparé. Cette première pièce signée par Antoine Beauquier, avocat au barreau de paris explore les méandres psychologiques de cinq personnages aux caractères bien trempés pris dans une intrigue palpitante. Dans ce thriller politico-journalistique, on trouve Edmond Veriés ( Bruno Putzulu) le fondateur du Journal (d’investigation!), patron de presse à la morale irréprochable aussi craint qu’admiré dans le microcosme du pouvoir politique parisien.

Avec l’aide de Raphaël (Bruno Debrandt), journaliste reconnu et co-fondateur du Journal, Edmond est prêt à dévoiler une affaire de conflits d’intérêts aux Antilles qui met en cause Jacques Flamm ( Bernard Malaka) l'actuel ministre des Outre Mers. Seulement voilà. La fille d'Edmond, Apolline (Carolina Jurczak) vient d’être emprisonnée à Djakarta pour traffic de stup. Pour la faire libérer, Edmond va avoir besoin de ce ministre véreux et d’un homme d’affaire, habile et opportuniste, Bernard Van ( Olivier Claverie). Notre patron de presse est alors pris dans les affres d'un véritable dilemme: faut-il publier ce papier au risque de laisser sa fille croupir en prison durant de longues années ?

Cette pièce intelligente nous interroge sur la difficulté que l’on a parfois à être en accord avec nos propres valeurs, notre propre morale, sur ce que l’on est capable de faire ou non quand on a des convictions très fortes. Est-on prêt à retourner sa veste comme le chante si bien Jacques Dutronc, voir même son pantalon ? Au cours de dialogues incisifs qui fusent à la vitesse de la lumière, le public est pris par cette histoire pleine de suspens et de rebondissement avec des vérités qui éclatent au moment où l’on s’y attend le moins. Ce texte à tiroir habilement mis en scène par Anne Bouvier va de surprises en retournements de situation qui déclenchent rires sur rires, un rire parfois jaune entrecoupé de confidences qui suscitent l’émotion. Le montage des scènes rappelle l'univers des séries, un univers cinématographique qui ne lâche jamais le spectateur. Un texte instructif pour l’écho qu’il renvoie avec l’actualité, ce Journal on l’aura compris étant un clin d’œil à Médiapart.

Dès le lever de rideau, on apprécie la sobriété, le minimalisme du décors, de son jeu de lumière. Dans cette galerie de portraits tous aussi attachants les uns que les autres, on se délecte du jeu humble d’Antoine Debrandt qui installe une certaine rythmique dans le ton, le regard et les gestes. Sacré défi pour Bruno Putzulu qui se fait rare au théâtre et qui s’empare ici du rôle impressionnant d’Edmond, ce patron de presse qui après avoir perdu sa femme dans un accident d’avion a dévoué une vie pleine et entière au journalisme d’investigation. Jusqu’à en oublier ses obligations de père.

Mention spéciale à Bernard Malaka dans le rôle du politicien aussi cynique que mielleux sans oublier Carolina Jurczak excellente dans le rôle d'Apolline. Dans le rôle de l'homme d'affaire Bernard Van, Olivier Claverie a lui le timbre juste, la gestuelle précise et installe une certaine lenteur dans les répliques, certains silences entre les enchainements.

Courez vite voir thriller qui vous tiendra en haleine une heure trente durant, jusqu'au dénouement final surprenant.

Jean-Christophe Mary pour www.micmag.net
Le journal
d’Antoine BEAUQUIER.
Mise en scène d’Anne BOUVIER
Avec Bruno PUTZULU, Bruno DEBRANDT, Bernard MALAKA, Carolina JURCZAK et Olivier CLAVERIE
Théâtre de Paris – Salle Réjane. 15 Rue Blanche, 75009 Paris.
Tél : 01 86 47 72 49 .
Du mercredi au samedi à 20h30. Matinée les samedis à 17h et les dimanches à 15h30. Jusqu’au 30 avril.

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