Paris - Vintage

Ces irrésistibles objets du désir

Monique Cabré - 17 décembre 2012
Les amateurs de curiosa, terme désignant les livres et objets licencieux, sont nombreux, preuve en est le résultat des ventes aux enchères. La discrétion est de mise suite à des décennies de censure au nom d’une morale religieuse et pudibonde qui interdit ces pratiques. Levons le voile !
© Musée de l’Erotisme, Paris

Le libertinage se dévoile en Suisse au XVIe siècle, dans un environnement puritain et calviniste où libres-penseurs et humanistes s’élèvent contre les autorités religieuses qui pourchassent et envoient en enfer ces insoumis. Cependant, à travers des textes érotiques publiés discrètement, libertinage s’associe à épicurisme, à un certain art de vivre.
Le siècle des Lumières voit la société s’épanouir dans la luxure, le plaisir, le bien vivre au sens large du terme. La mort de Louis XIV en 1715, marque ce passage à des mœurs légères et la cour en offre le plus exemple, même si les condamnations perdurent.

Œuvres d’art
Artisans d’art, orfèvres, ébénistes rivalisent d’ingéniosité pour offrir un petit clin d’œil érotique à l’objet le plus banal. On voit alors s’épanouir un marché de petites boîtes à secrets coquines, miniatures, statuettes démonstratives, peintures suggestives, netsukes (boutons de ceinture japonais), briquets, pipes, bronzes, cannes… toutes sortes d’objets à système qui affûtent l’imagination et débrident les esprits. Cela va de l’objet à usage quotidien jusqu’à des pièces de très belle facture. Les mécanismes simples ou complexes détournent astucieusement ces objets du désir à l’apparence banale. L’excitation est à son comble lorsque des scènes impudiques ou des positions indélicates se dévoilent.
Les Chinois et les Japonais ont signé de très belles pièces à système en ivoire dans les années 1880, destinées au marché occidental et les statuettes à mécanisme des artistes français et viennois (Franz Starek, Nangreb…) sont tout autant recherchées.

Publications érotiques

Le curiosa désigne également toute la production littéraire au sens large du terme, fortement appréciée par nobles et bourgeois dès le XVIIIe siècle, bien que fortement soumise à la répression. « La censure s’intensifie les décennies passant et durant les XIXe et XXe siècles, les auteurs usent d’un pseudonyme ou restent dans l’anonymat », précise Alexandre Dupouy (Galerie Les Larmes d’Eros, Paris). Parmi les écrivains célèbres, il n’est qu’à citer Boyer d’Argens au XVIIIe siècle, puis Flaubert, Maupassant, Verlaine… la marquise de Mannoury d’Ectot (premier auteur féminin érotique du XIXe siècle), Pierre Louÿs, Restif de la Bretonne, Sade…
Durant le XVIIIe siècle, les textes s’associent aux illustrations et donnent lieu à toute une pléiade de publications érotiques. Dessinateurs, graveurs rendent hommage à la nudité de la femme sous un angle à la fois coquin et prude. Eaux-fortes, cartes postales, photos… dévoilent les charmes de ces séductrices langoureuses. Gravures, lithographies, livres articulés, estampes, peintures…venus d’Orient et principalement de Chine (entre le XVIIe et le XIXe siècles), ne manquent pas de sensualité et d’audace et demeurent toujours recherchées des amateurs. Longtemps interdites, on en trouve aujourd’hui chez les spécialistes du curiosa.

Un marché florissant
- Les objets du quotidien détournés se dénichent à partir d’une dizaine d’euros : tire-bouchon, cartes postales...
- A partir de 250 € pour des netsukes et statuettes à système. Ivoire ou résine, demandez conseil à un spécialiste !
- Bronzes de Vienne et ivoires finement dentelés, cannes à système antérieures aux années 1910, peuvent atteindre quelques milliers d’euros, tout comme une photo signée Helmut Newton ou Diane Arbus, ou encore un ouvrage rarissime.
- Gravure érotique anonyme, années 1950. Environ 100 €.
- Aquarelle scène érotique originale, anonyme, 1920. Environ 500 €.
- Estampe érotique, anonyme, vers 1960. Environ 60 €.

Les bonnes adresses MicMag
- Antiquités Delalande, Louvre des Antiquaires, Paris. www.antiquites-delalande.fr
- La Galerie Napoléon, Paris. www.galerienapoleon.fr

Monique Cabré
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