12-07-2011 14:18:05

Marie ou la Vierge-Putain

Virgó clôt une série de peintures inspirées par Marie, couramment représentée comme une divinité païenne en Pologne. Le peintre C.Villain, amateur de photos et de plumes, demande à des amis de s'exprimer. Textes délicieusement hérétiques et poétiques.
Par Iris SERGENT (Paris)


Virgó est dans mon sac. Quai de la ligne 5, Porte de Pantin, direction place d’Italie. Le regard que pourraient porter les hommes sur ma propre condition me retient de sortir le livre sur la Vierge-Putain. Les blasphèmes et fatwas ont la peau dure même en cette époque de relative modernité. Car cette femme, sainte d’entres toutes les saintes, déclinée au goût du XXIème siècle, c’est un peu moi ou ce que voudraient les autres que je sois. Et elle n’est pas que moi : elle symbolise, dans l’inconscient collectif, toutes les femmes, même celles qui se croient libérées du joug patriarcal car vivant dans un monde aux mœurs soit disant libres, en Occident, au XXIème siècle et maîtresses de leur propre destin. Moi, j’ai cru me libérer jeune et beaucoup contre ma volonté de ce joug : mon père est mort, un peu trop tôt. Mais ça en fait un de moins, et pas des moindres, qui tentera de driver mon destin. Au final, c’est peut-être une chance ? De comptes à ne rendre à personne. Sauf à mon amour, peut-être, et aux autres, c’est certain. J’aurais dû avoir ce choix, si rare de ne pas avoir l’obligation de choisir d’incarner, inconsciemment, la Vierge ou la Catin. Et pourtant, les autres choisissent pour moi. Comment la majorité de ces autres réagiraient si, devant eux, j’étudiai une vierge un peu salace, ayant les atours d’une prostituée de la rue Saint-Denis ?

Car enfin, restent les autres. Les autres hommes, qui nous veulent pures et idéales et qui se croient affranchis des archaïsmes du passé parce que leurs parents ont fait, ou pas, 68. Parce qu’ils sont les soit-disant héritiers d’une révolution des mœurs, récitée sur les bancs de l’école. Les autres femmes aussi , les filles "très bien", qui ont absorbé plus de vingt siècles de connerie sur leur propre condition. Je n’ai jamais entendu parler aussi mal d’une femme que par la bouche d’une autre femme. Vingt siècles d’iconographies débiles ingérées dans le processeur de la pensée collective. En effet, aujourd’hui encore, une femme n’a pas droit aux débordements sous peine d’être une hystérique ou plus banalement, une salope. Jamais encore entendu parler d’un homme hystérique (sauf lorsqu’il s’agit d’une faute de langage), il est tout juste névrosé et encore, la chose est rare. Tous se croient les héritiers de la libération des mœurs. Et pourtant... Et pourtant, la femme, même libre, même indépendante, même divorcée, même mère, est nécessairement à un moment ou à un autre de son existence une putain si elle n’a pas décidé de se comporter tout comme il faut. Mesdames, pour vivre libres, vivez cachées ! Pour nous donc, mesdames, aux yeux des hommes - de la majorité seulement : qu’il reste un peu d’espoir !-, deux alternatives. Etre une salope ou être une sainte. Marie-couche-toi-là ou Marie Pleine de Grâce… comment choisir, le choix est-il si manichéen ?! Mon Père qui est aux cieux, vous m’avez libérée, si ce n’est des mises en garde...

Je n’ose pas sortir le livre, alors je sors mon petit carnet et un bic griffé UDF, le seul stylo en état de marche que j’ai su trouver. Assise sur le siège bleu roi métallique de la station Stalingrad, sur le quai de la ligne 2 cette fois, direction Porte Dauphine, je gratte-papier avec mon stylographe UDF aux couleurs oranges du MoDem. Une bonne femme me regarde de traviole. Peut-être une de "la gauche bien pensante" qui croit que tout ceux qui ne pensent pas comme elle sont des cons finis et qu’ils sont responsables de la perte du monde ? Et pourtant, toi aussi, moi aussi je juge la pauvresse. Elle me fait vraiment de la peine ; elle est bourrée, une allumeuse qui dépose ces bouts de chair sur tout ce qui représente le sexe opposé. Personne pour se dire qu’elle va bien mal et pour la foutre dans un taxi avant qu’elle n’arrive au point de non-retour : c’est si gratifiant de se dire que l’on est mieux. C’est comme pour mon stylo, et ceux qui pensent savoir en me voyant le tenir en main que je suis une catholique de droite modérée. Si vous saviez comme j’adore bouffer du curé et toutes les calottes qui gesticulent dans la ville.

Donc oui, Marie n’était ni une sainte ni une traînée… Elle était une femme faite de chair et de sang, qui a dû nécessairement fauter pour se faire engrosser. Son Jésus, elle a dû l’aimer beaucoup pour s’ingénier à inventer cette histoire tirée par les cheveux. Et José, il devait l’aimer beaucoup aussi, sa gracieuse Marie, pour avaler si crédulement cette histoire … ou en tout cas soutenir les délires de sa promise aux yeux du monde. Peut-être que Marie n’était finalement qu’une femme, trop belle, trop sensuelle pour s’éloigner des plaisirs du sexe mais qu’elle était mariée à un impuissant incapable de jurer de sa virginité. Car si j’étais un homme, les peintures et photos de Virgó me foutraient la trique !

Pour en savoir plus : http://www.cyrilvillain.com/virgo/


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