France - Lire

« Cedrón et Cortázar ont évoqué un sujet tragique de façon magnifique et macabre »

Marie Torres - 14 mars 2014
Trente-cinq ans après sa création, l’œuvre de Julio Cortázar et d’Alberto Cedrón, « La Racine de l’Ombú », a enfin été publiée en France. Un livre graphique qui retrace les années sombres de la dictature argentine. Rencontre avec Mathias de Breyne, son traducteur.

Alors qu’il vit en Argentine où il travaille sur plusieurs projets littéraires, Mathias de Breyne visite l’exposition « Presencias » présentée lors de l’hommage donné à Julio Cortázar, pour les vingt ans de sa disparition.  C’est à cette occasion qu’il découvre « La Raiz del Ombú ». Une œuvre inédite de l’écrivain, illustrée par le peintre Alberto Cedrón.

Micmag : Quand est née « La Racine de l'Ombú » ?
Mathias de Breyne
: Entre 1977 et 1978. A cette époque, Julio Cortázar vit à Paris, de son côté Alberto Cedrón est exilé à Rome. Les deux hommes se retrouvent plusieurs fois dans la capitale française pour travailler sur ce projet initié par Cedrón. Le peintre demande à l’écrivain de mettre des mots sur ses dessins.

M. : L’histoire ?
M.d.B : Elle se déroule durant les années noires de la dictature argentine, de 1930 jusqu’à la fin des années 70. C’est l’histoire de Cedrón, depuis l’arrivée en Argentine de son arrière-grand-père, venu d’Italie, jusqu’à l’assassinat d’un de ses frères, par les militaires.

M. : Pourquoi avoir attendu 26 années pour l’éditer ?
M.d.B : Avec la dictature, il a été impossible à Alberto Cedrón de trouver un éditeur en Argentine ou ailleurs. Un petit éditeur au Venezuela, à qui il avait confié les originaux, en a fait, en 1981, un tirage confidentiel de 300 copies, très mal imprimées. Puis, plus rien, jusqu’en 2004 où l’œuvre est enfin éditée à l’occasion du 20ème anniversaire de la disparition de Cortázar.

M. : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à la traduire ?
M.d.B : Je l'ai traduite car j'aime l’œuvre de Cortazar que j’ai lue en son intégralité. J’aime beaucoup sa façon d'appréhender le monde avec une jolie et pertinente folie. Par ailleurs, j'adore l'art et j'ai été frappé par les dessins du peintre Alberto Cedrón. Des dessins très parlant. A tous les deux, Cedrón et Cortazar ont évoqué un sujet tragique de façon magnifique et macabre.

M. : En conséquence, difficile à traduire ?
M.d.B : Pour moi, la plus grande difficulté a été sans doute de garder la fluidité du texte pour un sujet si grave puis de respecter la taille des phrases pour qu’elles collent dans les bulles et le choix de certains mots, la pertinence de certaines phrases.

M. Avez-vous trouvé facilement un éditeur ?
M.d.B : Non, cela a été le parcours du combattant ! Une galère totale. Les gens aimaient, étaient interpellés mais, pour toutes sortes de raisons, cela n’aboutissait pas. Heureusement, je suis tombé sur équipe jeune et enthousiaste, impliquée politiquement. Un collectif aventureux et minutieux qui l'a finalement publié. Au final, le livre est beaucoup plus beau que l'original, il met beaucoup plus en valeur l'oeuvre elle-même. Les couleurs, les traits noirs et blancs ressortent mieux et la première partie en « forme de galerie » en font un « Beau Livre », comme on dit dans le jargon, plus qu'un roman graphique. Un livre d'art, universel et, malheureusement, toujours d’actualité.

Marie Torres
La Racine de l’Ombú
Alberto Cedrón et Julio Cortázar
Tradution Mathias de Breyne
Collectif Des Métiers De l’Edition (CMDE), novembre 2013
20 euros

A lire aussi :
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