Brésil - Musique

Nicola Son "'Sampathique', un disque ancré dans la modernité, les sons urbains de São Paulo"

Corentin CHAUVEL - lepetitjournal - 12 janvier 2016
Après deux premiers albums ayant exploré la musique carioca puis nordestina, le Français Nicola Són est de retour cette année avec un troisième album concluant sa trilogie brésilienne : Sampathique, empreint de musique paulistana. Entretien.

Lepetitjournal.com : Nous vous avions rencontré il y a un peu plus d’un an en pleine tournée de promotion de Nord Destin. Que s’est-il passé depuis ? 
Nicola Són :
Nord Destin a suivi sa route. J’ai fait plusieurs concerts dans le Parana, à Rio (Beco das Garrafas), à São Paulo (Vila Madalena)… et à Paris aussi, au Sunset Sunside. Quand je suis passé en France, j’en ai profité pour faire des concerts pour continuer à le présenter. Puis j’ai arrêté les concerts pour me concentrer sur les détails de composition de mon nouvel album. J’ai rencontré un producteur, Paulo Lepetit, et commencé à élaborer des pré-productions. On a commencé à enregistrer fin janvier 2015, de manière très intense jusqu’au carnaval. Ensuite, on est revenu en studio pour refaire des guitares, de voix, j’ai invité des choristes… pour une fin d’enregistrement en avril-mai 2015. Puis il y a eu trois-quatre mois de post-production avec un ingénieur du son brésilien et le mastering a été effectué en France, avec la même équipe que mes précédents albums. Pour l’aspect graphique de l’album, j’ai rencontré le photographe Gal Oppido qui, avec mon producteur, faisait partie du mouvement de la Vanguarda de São Paulo dans les années 1980. Les albums ont été fabriqués en France et étaient prêts en décembre. Aujourd’hui, je suis à Rio pour le pré-lancement, le lancement officiel devrait avoir lieu le 29 janvier pour la France et en avril pour le Brésil. Je suis dans la logique que j’ai toujours gardé, de lancer mes disques en France en premier, notamment parce que j’y passe à la radio. Au Brésil, c’est moins le cas, mais je tourne plus.

Toujours avec un mélange de morceaux en français et en portugais, vous abordez donc São Paulo après Rio et le Nordeste. Une étape logique puisque vous vivez dans la capitale paulista ?
Oui, c’est une synthèse. Je ne suis plus parisien, je ne suis pas non plus brésilien, mais paulistano. Sampathique est un disque beaucoup plus ancré dans la modernité, les sons urbains. Après la samba de Parioca et les musiques du Nordeste de Nord Destin, j’ai essayé ici de composer de manière différente, dans l’orchestration et le rythme. A l’image de São Paulo où tu peux passer du tout au tout d’une rue à l’autre, on passe dans Sampathique d’un afrobeat à une valse avec un quatuor à cordes par exemple, cela permet d’avoir un panel de rythmes et d’attractions. C’est donc un mélange, mais cette fois avec beaucoup plus de chansons en portugais.

"No Trânsito" ("Dans les embouteillages") évoque sans aucun doute São Paulo !
Oui, ce morceau parle d’une personne dans un bus qui va ou revient du travail, mais c’est tout l’imaginaire d’une personne perdue dans la foule de São Paulo, qui finit par regarder la ville d’en haut, à la recherche de son amour, de quelque chose qui le sort de son quotidien. Je chante aussi "Vai Vai" dans le refrain, qui est un clin d’œil à l’école de samba paulista qui, pure coïncidence, a choisi le thème de la France cette année au carnaval.

Autre morceau qui vous concerne ainsi que tous les Français du Brésil, "Expatrié"…
C’est une chanson en deux parties, en mineur d’où son aspect un peu triste. Mais la première évoque le côté positif de l’expatriation, c’est un hommage à ceux qui décident d’aller voir un peu plus loin que le bout de leur maison. Ils prennent des risques à aller voir le monde. Il y a beaucoup de gens en France qui nous disent "Qu’est-ce que je rêverais de vivre au Brésil !", mais ce n’est pas simple, c’est un parcours semé d’embûches, nous le savons. Puis la seconde partie est d’actualité, sur les gens qui partent en raison de la situation précaire dans leur pays. L’année 2015 en a donné de nombreux exemples. «Expatrié» montre ainsi ces deux aspects, le problème de l’éternel étranger, que ce soit par choix ou nécessité, les choses se troublent.

Sampathique, c’est donc plus de chansons en portugais et plus de compositions originales aussi, moins de reprises… C’est un choix ?
Oui et non, parfois, des morceaux m’inspirent et j’ai envie de les faire miens. Je les retravaille, les réécrit, leur trouve une nouvelle vie. Mais pour ce disque, j’avais moins d’idées. Il y a tout de même une adaptation en portugais des "Cœurs tendres" de Jacques Brel dont je chantais déjà l’originale en France sur scène, donc je l’ai bien digérée. Mais je voulais transmettre la poésie de Jacques Brel aux Brésiliens. Je connais très bien la musique brésilienne, mais je pense qu’aucun compositeur ne lui arrive à la cheville, pas même Vinicius de Moraes, Chico Buarque peut-être.

Quels sont vos projets pour cette nouvelle année ? 
2016 sera Sampathique ! Il y a ce concert ce mardi soir à Rio, puis éventuellement un à Vila Madalena, à São Paulo, pour l’inauguration du bar d’amis. Puis je vais passer un mois et demi en France où je vais faire quelques dates dont L’Ermitage, à Paris, le 3 mars. A la mi-mars, je vais rentrer au Brésil pour une tournée de six-sept dates à travers le pays (Belém, Florianopolis, Rio, São Paulo, Salvador, Brasilia…).

Vous pensez déjà à un prochain album pour compléter cette série brésilienne ?
Tout dépendra de ma situation, de l’accueil que ce disque recevra, mais la trilogie est finie, il faudrait que je passe à autre chose. J’aurais envie de faire un tour de l’Amérique latine à moto et de réaliser un prochain album autour des musiques latinos, un peu en mode road trip, au hasard des inspirations, avec des musiciens locaux croisés sur le chemin. Ce serait encore un album très concept. Cela pourrait très bien constituer une prochaine trilogie sur les musiques d’Amérique latine avec de l’afrocubain, du tango, de la cumbia…


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