Rio de Janeiro - 

MANIFESTATIONS au Brésil- La fin de l’impunité pour la police militaire ?

Damien LARDERET -.lepetitjournal.com - mercredi 17 juillet 2013
Le gouvernement de l’État de Rio de Janeiro a reconnu les abus de la police lors des dernières manifestations et a annoncé des sanctions ainsi que des pistes afin de résoudre ce problème récurrent. Se dirige-t-on vers la fin de l’impunité et de la violence policière ?
Le secrétaire de l’État de Rio de Janeiro à l’Assistance sociale et aux droits de l’Homme, Zaqueu Teixeira, a reconnu lundi que la police militaire avait été trop loin dans ses actions lors des dernières mobilisations sociales. Il a également affirmé que plusieurs membres des forces de l’ordre avaient déjà été démis de leurs fonctions, y compris ceux appartenant au Bataillon de choc. Pour y faire face et prévenir de nouvelles bavures, les policiers recevront prochainement une formation sur les droits de l’Homme.

Zaqueu Teixeira a précisé que l’usage d’armes non létales, comme les bombes lacrymogènes, de poivre ou le flash-ball deviendrait plus contrôlé.

Le responsable de la police militaire de Rio, le colonel Erir Ribeiro Costa Filho, s’est engagé lui à poursuivre et à punir ceux qui ne respecteraient pas les nouvelles règles de discipline en matières de droits de l’Homme.

Zaqueu Teixeira n’a pas hésité à défendre sa vision : "Nous avons besoin que les policiers puissent doser et faire un usage modéré de la force". Il en a profité pour annoncer le lancement d’un groupe de réflexion sur le comportement des policiers qui établira un guide de bonne conduite. Les policiers devront également porter leur nom sur l’uniforme afin de pouvoir être identifiés de ceux qui dénoncent les abus.

Le cas Renata da Paz Ataide en débat
Lors de la réunion de lundi soir, réunissant des représentants des autorités ainsi que des organisations de défense des droits de l’homme, il a notamment été question de Renata da Paz Ataide, 26 ans, gravement blessée par un débris de bombe lancée par la police militaire lors de la manifestation du 20 juin. Elle a perdu l’usage d’un œil.

Le secrétaire aux Droits de l’Homme de la présidence de la République a indiqué sa volonté d’enquêter pour savoir si, dans son cas, il y a eu usage disproportionné de la force et une violation des droits de la personne. Son cas divise à l’intérieur même des forces armées, la police militaire dit que les armes utilisées ce jour-là n’auraient en aucun cas pu lui faire perdre la vue. Cette thèse a été contredite par l’ex-capitaine du Bataillon des opérations spéciales de la police (Bope) qui a affirmé dans O Globo que les grenades, en explosant, peuvent libérer des projectiles susceptibles d’atteindre les yeux.

Démocratisation de la violence policière?
La semaine dernière, lors d’une conférence-débat avec le sociologue Marcelo Burgos, le candidat malheureux à la mairie de Rio de Janeiro, Marcelo Freixo, avait parlé de "démocratisation de la violence policière". Cet usage disproportionné de la force était jusqu’à aujourd’hui destiné aux pauvres, habitants des banlieues, des favelas. Ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui et pour la première fois depuis la dictature, les policiers se sont attaqués à la classe moyenne et aux étudiants. "C’est donc une démocratisation de la violence policière à l’ensemble de la société", selon lui.

En 2007, le gouverneur de l’Etat de Rio de Janeiro, Sergio Cabral, avait déclaré : "Chaque action criminelle aura une réaction policière (…), nous voulons et nous allons gagner cette guerre." La sécurité intérieure est une "guerre" pour les autorités brésiliennes. Cette guerre a causé la mort de 800.000 personnes depuis 1979. José Beltrame, le secrétaire à la Sécurité de l’État de Rio de Janeiro, aurait déclaré récemment, selon Marcelo Freixo, que la police militaire n’était pas préparée à "affronter" le peuple.

Un conflit contre un ennemi interne
La police se voit dans un conflit contre un ennemi interne et non comme un service de protection envers les biens et les personnes comme cela est défini dans l’article 144 de la Constitution de 1988. Aujourd’hui encore, presque trente ans après la fin de la dictature militaire, la sécurité publique est toujours conçue comme une stratégie guerrière et ne se soumet pas au programme démocratique que garantit la Constitution.

Marcelo Freixo a ainsi proposé une discussion générale sur la démilitarisation de la police et des pompiers. Il a ajouté en outre qu’il faudra l’envisager avec la société, les forces de police, les hommes politiques et les citoyens, et précisé qu’il ne faut pas "l’envisager contre les policiers mais avec eux".

La décision historique de former les membres de la police militaire aux droits de l’Homme et de condamner ceux qui feraient un usage excessif de la force va dans ce sens. L’hiver brésilien va peut-être conduire à transformer définitivement la police et à l’intégrer pleinement dans le jeu de la démocratie brésilienne, changeant son image jusque-là symbolisée par le film Troupe d’Élite où prédomine une police violente et hors de contrôle.

Damien LARDERET

Eduardo Paes demande aux manifestants de laisser le pape tranquille

Alors que les manifestants cariocas ne vont pas manquer l'occasion des médiatiques Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) pour faire entendre de nouveau leur voix, le maire de Rio leur a demandé par avance de laisser le pape en dehors des problèmes brésiliens.

"Je crois que le pape François n'a aucun lien direct avec les dirigeants brésiliens (...) Il ne semble donc pas être la personne la plus à même de répondre aux manifestants", a déclaré mardi Eduardo Paes, cité par O Globo"Je ne suis pas certain qu'il soit coupable de l'augmentation des prix des transports, de la corruption éventuelle de la politique brésilienne ou du nombre de jours que les députés travaillent", a-t-il ajouté.

A l'heure actuelle, deux mobilisations sont prévues lors des JMJ, lors du premier et du dernier jour, pour l'arrivée et le départ du pape de Rio, soit le 23 et le 26 juillet.

CC (www.lepetitjournal.com - Brésil) mercredi 17 juillet 2013



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