Je suis expat mais je fuis les Français !

Par Damien Bouhours -Lepetitjournal - 
L’expatriation rapproche souvent des Français vivant dans un nouveau pays dont les codes leur échappent. Et pourtant, nombreux sont ceux qui ne supportent pas la communauté française expatriée. Mais pourquoi ces Français fuient tout ce qui est de près ou de loin tricolore ?

Si on en croit les nombreux témoignages que nous avons reçus suite à notre appel à témoins, beaucoup d’expatriés français fuient leurs compatriotes à l’étranger. Quelques mots dans la langue de Molière et ils sont déjà prêts à tourner les talons. Mais pourquoi cette francophobie à l’étranger ? Pierre Jean donne le ton des témoignages récoltés : les expatriés français « ne cherchent pas beaucoup la communication avec les autochtones, n'essaient pas de comprendre leur culture s'estimant supérieurs. Ils sont en cercle fermé. Ils oublient qu'ils ne sont pas chez eux, et ont souvent une attitude égoïste ». Ames sensibles et cœurs patriotes s’abstenir.

Des Français méprisants et arrogants

Le Français comme le soulignent les stéréotypes est arrogant et désagréable. Un cliché justifié selon  Isabelle, expatriée en Belgique : « Je me suis rendue compte combien la France avait une réputation compliquée à l'étranger. Les Français sont souvent vus comme arrogants et "trop" fiers et finalement de ce pays dans lequel je me sens enfin heureuse je trouve ça juste». Pour Sylvie, expatriée en Inde depuis 7 ans, « les jeunes Français ne respectent pas les Indiens en s’habillant trop court, en montrant leur poitrine et en fumant dans la rue. Pour ce genre de comportement, les Indiens les appellent: « les singes au cul rouge »… ».

Le Français est également râleur, c’est bien connu. « Dès que je croisais des Français, c'était forcément pour râler, à tel point que je ne parlais pas le français pour ne pas être assimilée à ce genre de personnes... », explique Charlotte, expat pendant plusieurs années. « J'ai remarqué que le Français se plaint tout le temps, "il fait moche en Angleterre", "la bouffe est pas bonne en Angleterre", " les rosbifs sont froids et hypocrites"... Moi qui suis plutôt d'esprit optimiste, ces constantes jérémiades de la part de mes compatriotes français m'ennuient beaucoup, je suis du principe que si on n’aime pas là où on est, on n’est pas un arbre, on peut bouger !, » martèle Laurence, expatriée au Royaume-Uni.

Le manque de solidarité entre expatriés est également mis en avant par plusieurs témoignages. « C'est comme si j'en avais la phobie. Cette mentalité française qui ne me manquait pas. Cette mentalité qui veut que vous réussissiez mais pas trop. Cette mentalité qui veut sans cesse vous comparer avec votre voisin avant de vous remettre en question vous mêmes », explique Kylie, expatriée au Portugal. Marie partage cette opinion : « j'ai honte d'être Française, aucune solidarité entre nous ».

L’arrogance française se ressent aussi dans les discussions entre expatriés. « Les Français étaient ennuyeux voulant montrer toujours ce qu'ils savaient alors qu'ils ne savaient rien des us et coutumes du pays d accueil. Ils étaient pétris de certitudes  dans leur situation exceptionnellement confortable financièrement et autres. Je n'aimais pas leur suffisance et leur manque d'humilité et leur capacité à critiquer tout », souligne Catherine, qui a vécu dans 3 pays différents.

 

Savez-vous parler (autre chose que le) français ?

L’expatrié français serait-il trop suffisant ? Leur manque d’ouverture d’esprit envers la culture de leur nouveau pays d’accueil choque bon nombre d’entre vous.  « Les rares Français, croisés jusqu'alors à l'étranger après neuf ans de pratique, s'estiment bien souvent d'une compétence à toute épreuve et spécialement lorsqu'ils endossent le costume d'agents immobiliers, d'agents de voyage, de spécialistes de formalités administratives ou encore d'experts de la culture thaïlandaise...tout en refusant d'assimiler les quelques mots thaïlandais nécessaires aux échanges et aux rencontres. Nombre d'informations abordées se sont d'ailleurs révélées aussi approximatives qu'erronées. », explique Michel, expatrié à Chiang Mai.

Laurence déplore également que les expatriés ne fassent aucun effort pour s’intégrer localement : « Initialement j'étais venue dans le cadre de mes études pour perfectionner mon anglais lors d'un stage de fin d'étude de 6 mois. Déjà, j'avais remarqué que les autres étudiants français restaient ensemble car ils ne voulaient pas faire l'effort de perfectionner la langue. Du coup, je me suis mise a l'écart, pas par dédain, mais car mon but principal était d'améliorer mon anglais, et qui d'autre peut vous apprendre les subtilités de la langue que les natifs anglais? »

Elizabeth a ainsi fait le choix de ne pas se joindre à la communauté française du Maroc mais préfère s’entourer de locaux : « L’échange avec les gens du Maroc m’apporte de tels enrichissements culturels dans la simplicité. Leur mode de vie me séduit particulièrement. Avec très peu de revenus, leur courage me fascine et leur gentillesse naturelle me ravit. J’ai même décidé de prendre des cours d’arabe. »

 

Une mentalité colonialiste

L’attitude déplacée de certains Français envers la population locale aurait même des relents de néo-colonialisme. « Mon épouse et moi fuyons la plupart des francophones, non pas que nous ne les aimions pas, mais pour leur étroitesse d'esprit. Ce que nous remarquons le plus c'est leur façon colonialiste de se conduire la plupart du temps. Ils arrivent sur une terre conquise et voudraient tout bouleverser. On a même entendu une personne dire " vous vous rendez compte, ils ne parlent même pas français" », témoigne Dom, expatrié en Andalousie. « Le problème des Français à l'étranger et notamment en Thaïlande reste un certain esprit de colonialisme,  un non respect du peuple et de ses coutumes », partage Didier

 

« Condescendance, mépris, arrivisme, néocolonialisme... Pour bon nombre de ceux surnommés "expats", ces postures et attitudes leur colle à la peau. Et cela ne semble pas les gêner. Privilégiés, nantis, ils arrivent comme en terrain conquis et donnent sentiment que tout leur est dû. En parallèle des actions des gouvernements successifs, ils ternissent l'image de la France au lourd passé d'asservissement de l'autre, à l'étranger », rajoute Bethsabée

 

« Ils se pavanent et étalent leurs euros de manière tellement ostensible et honteuse, surtout dans des pays pauvres, qu'il n'est pas étonnant que certains se fassent agresser et dépouiller. De plus, dans les pays réputés pour les facilités offertes aux vieux porteurs d'euros, on a souvent honte d'être blanc et français tellement cette catégorie de personnes maltraitent les femmes... quand ce ne sont pas des gamines », déplore André

 

Un expatrié au Québec souhaitant rester anonyme, évoque même ces Français de l’étranger qui bien que vivant en dehors de leurs frontières, perpétuent des comportements racistes et xénophobes : « J’ai rencontré une proportion de personnes qui pensaient que parce qu'ils sont français, certaines choses devraient leur être acquises ou apprises comme s'ils étaient indispensables, beaucoup veulent changer de pays mais en gardant le système dans lequel ils ont grandi ou pensant retrouver une France d'antan. Le comble reste tout de même les xénophobes en tout genre, qui en plus de ne pas avoir conscience du paradoxe de leur discours par rapport à leurs choix de vie, vote FN alors que le parti qu'ils chérissent refuse d'accorder ou d'autoriser la binationalité ».

 

Pourquoi partir si c’est pour rester entre Français ?

Quitter son pays peut être compliqué et déroutant. Certains expatriés apprécient de se retrouver entre personnes de même nationalité pour parler la même langue ou pouvoir partager les mêmes références culturelles. Ce rapprochement ne semble cependant pas naturel et parfois même contre nature. « Il me semble absurde de se regrouper avec des personnes sous prétexte qu'elles partagent votre nationalité »,tranche André. Cette volonté de certains expatriés à rester entre soi et en niant le reste du pays, déplaît beaucoup à Michel : « Les Français que nous avons eu l'occasion de côtoyer s'estiment bien trop souvent propriétaires de leurs relations amicales. Et par la-même, il devient indispensable de les fréquenter, de fréquenter leurs amis et de fréquenter les amis de leurs amis... Que ce soit autour d'une table, de réunions diverses ou de parties de pétanque ! Il nous apparaissait soudain que ces contacts, nombrilistes et narcissiques, faisaient abstraction du pays dans lequel ils coulaient une retraite a priori heureuse. ».« S'expatrier pour vivre en vase clos à l'écart de la population locale est quelque chose que je ne peux comprendre », ajoute Daniel, qui vit au Maroc depuis 15 ans.

« Si je m’expatrie, c'est pour vivre dans un autre pays, avec une autre langue, une autre culture  et d’autres traditions. Pourquoi vivre en bon Français et imposer nos traditions, notre langue ? Autant rester en France ! », s’esclaffe Véronique, expatriée en Tunisie.

 

Thierry, futur expatrié, envisage de quitter l’Hexagone car le comportement des Français le dérange. Il transfert son aversion pour ses compatriotes à la communauté expatriée qu’il va rejoindre. « Une fois expatrié, je ne vais nullement chercher à fréquenter des Français, ce n'est vraiment pas le but, quitter son pays pour vivre ailleurs comme en France n'a pour moi aucun sens. »

 

Si ces témoignages ne sont que le reflet des expériences vécues par les lecteurs ayant souhaité s’exprimer, ils n’en sont pas moins révélateurs d’un malaise auprès d’une communauté qui ne se réunit parfois qu’autour de points superficiels et qui ne partage pas forcément les mêmes valeurs. N’hésitez pas à continuer cette conversation ouverte en nous laissant un commentaire



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