France - Lire

« Des circuits touristiques qui se transforment en safaris humains »

Marie Torres - 17 octobre 2013
Dans son récit « Argentique » Salomé Berlemont-Gilles, 20 ans, nous entraîne dans un Mexique où la misère et la pauvreté deviennent des éléments folkloriques pour touristes avides de souvenirs.

Quand on songe au Mexique, on voit généralement des temples Maya, des pyramides, des plages au sable blond… Ce n’est pas vers ce Mexique là que nous conduit Salomé Berlemont-Gilles, dans son récit – et premier ouvrage – « Argentique ». C’est sa face cachée qu’elle nous révèle. Celle de la pauvreté et de la misère. Celle que connaît la majorité de la population.

« Je suis né dans les cloaques du monde »

L’auteur nous dépose dans un petit village où vit Juan, le narrateur. Un jeune garçon de quinze ans, peut-être seize.

« Je suis né dans les cloaques du monde, là où les seules couleurs sont le brun et le beige sale, un de ces enfers sans flammes où il ne fait ni chaud ni froid et où il ne se passe rien, où le temps même ne passe pas, où les enfants ne pétillent jamais mais se traînent comme des sacs de chiffons sur le bord d’allées, les pieds nus. Pas de chaussures, pas de vêtements, juste le poids de nos existences et de nos guenilles sur nos corps sans chair faits d’os, traînant dans la boue et la merde, ou les boyaux de chiens récemment crevés. » Et Juan décide de partir. De quitter son petit village pour la capitale, Mexico.

Ce sont les pérégrinations, les errances du jeune garçon que retrace l’auteur. Un récit émouvant mais surtout palpable. Sincère. Et pour cause.

« J’ai vécu un an au Mexique quand j’avais 18 ans, explique Salomé. Le village décrit dans « Argentique » est un souvenir précis. Profond. Il existe quelque part dans les montagnes du sud. »

« Oublier que pour eux notre vie est un divertissement comme un autre »

Mais au-delà de la misère et de la pauvreté, ce qui touche dans « Argentique » c’est  le comportement désinvolte et inconvenant des touristes.

« On doit oublier qu’ils sont là et continuer à vivre normalement, oublier la honte, le désarroi, oublier que pour eux nous sommes des chiens, pire que des chiens crevés, pire que tout, oublier que pour eux nous sommes des vacances, une attraction, une escale. Oublier que pour eux notre vie est un divertissement comme un autre » dit le narrateur.

De son côté, Salomé se souvient. « L’indécence occidentale m’a beaucoup touchée. Je n’ai rien contre le tourisme en tant que tel, mais « Argentique » dénonce cette fascination pour le pire, cette esthétisation de la pauvreté qui en plus d’être indécente, considère que la misère, pourtant universelle et présente partout, n’est qu’un élément folklorique à photographier. Je me souviens de ne pas seulement avoir été mal à l’aise, mais bel et bien révoltée devant des circuits touristiques qui se transforment en safaris humains, où l’on défait l’autre de son humanité. »

Un récit vraiment émouvant.

Marie Torres
« Argentique »
Salomé Berlemont-Gilles
Editions Jean-Claude Lattès
Collection « Plein feu », septembre 2013
4 euros

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