Paris - Musique, concert, interview

Haim Isaacs : concert pour voix, serpillères, shruti-box et piano aqueux

Élise Barry - 12 février 2016
Formé à la musique classique, initié au Roy Hart Theatre, puis inspiré par les objets sonores –bassines d'eau, débauches de ketchup - Haim Isaacs étonne. Et détonne avec son "Concert solo", un spectacle déconcertant et itinérant, programmé à Montbéliard, le 24 avril 2016.

Haim puise dans l'eau inspiration et joie sur scène. (photo : Guillaume Blanchon)

Sa genèse, c’est New York, alias la Grosse Pomme. Chanteur, compositeur, déconneur, danseur et bruiteur, Haim Isaacs y fait ses premières dents. C’était il y a cinquante-huit ans, presqu’une éternité.  Aujourd’hui, la butte de Montmartre est son centre de gravité.

Le sérieux qu’inspirent sa belle barbe et son hébreu guttural, il les chasse en pataugeant sur scène « comme un gosse idiot ». Son spectacle Concert solo nous éclabousse de quelques fragments d’une vie de facture classique puis de fracture plus expérimentale.

Son piano cohabite avec de pittoresques instruments : le shruti box (bourdon) indien et le sanza (sorte de piano à pouces) africain. Les objets sonores agrémentent de sons inattendus le spectacle : une serpillère jetée au sol, le clapotis de l’eau dans une bassine. « Je n’ai rien inventé, ça se pratique depuis la nuit des temps en  Inde et en Afrique.  Des  calebasses à ras bord servent  de tambours d’eau. »    

Il chante, articule, éructe et gesticule en anglais, en hébreu, en français, en arabe et même en catalan. Le mouvement, c’est vital. Les États-Unis et  la découverte du piano à sept ans; installation à Jérusalem, puis formation musicale classique en Californie; retour et service militaire en Israël. À Jérusalem, grâce à ses  «  recherches, à des intuitions fortes sur la voix et au bon hasard » il rencontre un membre du Roy Art Theater avec lequel il travaille six mois durant.

Le balagan chasse le vague à l'âme

En 1982, il file en France rejoindre pendant quatre ans une troupe théâtrale du Roy Hart. Direction les Cévennes, sans âne, mais l’âme désireuse de « faire éclater toutes les notions classiques ». Apprentissage de nouvelles techniques scéniques : intense implication du corps, recours à la danse et travail en profondeur sur la voix et ses matières. « Ce ne sont pas que des jolies voix. La scène accueille des bruits, des  cris, et une grande richesse sonore : un homme peut y chanter aigüe ou avec une voix de femme. »

Sa voie à lui, c'est un dialogue constant entre répertoire classique et travail très expérimental. Pour éviter de faire baliser son public, il a fixé par écrit tous les jalons de Concert solo. À chaque représentation, l'impromptu se joue de ces balises. Haim s'abreuve à des textes poétiques et incisifs : le Cantique des cantiques, Hanoch Levin avec Toi, moi et la prochaine guerre... Et forge ses propres compositions. The Hole in the Wall évoque le mur qui sépare Israël et la Palestine. Mais le vague à l'âme a tôt fait d'être bousculé par le balagan (bordel ou foutoir en yiddish). Car ce que redoute Haim, c'est « un public qui n'ose pas rire ».

Concert solo, déjà joué à Paris et à Barcelone, voyagera sur la scène de l’Accent, à Montbéliard, le 24 avril prochain.

Haim sera aussi la voix du Nazzazzan Quartet, le 17 février au studio de l’Ermitage à Paris.  Avec Gaël Ascal à la contrebasse, Matthieu Beaudin à l’accordéon et au chant, et Cyrille Froger aux percussions, piano et au chant. Un spectacle programmé dans le cadre de Circofonia, rencontres hybrides entre musiciens et artistes de cirque. Un environnement propice à Haim Isaacs, lui qui craint par-dessus tout d’être trop pris au sérieux et de passer pour « le vieux honorifique sur le plateau ».


Élise Barry pour www.micmag.net


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