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La nuit de l’Amérique de Marc Dolisi : la voix de Sam Cooke toujours debout !

Jean-Christophe Mary - 
Avec La nuit de l’Amérique, le journaliste-romancier Marc Dolisi compose une fresque sombre et poignante où musique, racisme systémique et complots se mêlent dans la moiteur d’un pays encore aux prises avec ses démons.

Marc Dolisi, journaliste et romancier, signe avec La nuit de l’Amérique le troisième volet de sa trilogie consacrée au rock, au punk et à la soul. Fidèle à son style, il mêle enquête romanesque et fresque sociale pour retracer la vie et la mort de Sam Cooke, figure emblématique de la soul des 60’s et proche des grands noms de l’émancipation afro-américaine, les Malcolm X, Martin Luther King Jr ou Muhammad Ali (Cassius Clay) — et interroge le possible prix à payer pour avoir franchi les lignes rouges d’une Amérique ségrégationniste. Le roman s’ouvre sur la nuit du 10 au 11 décembre 1964, où Sam Cooke est retrouvé mort. Si l’affaire officielle parle de légitime défense, Marc Dolisi explore les zones d’ombre et les théories qui entourent ce drame.

...tandis que le Ku Klux Klan multiplie lui les assassinats sanglants dans le Mississippi

Mais plus qu’un simple polar historique, le roman s’intéresse à l’Amérique du milieu des 60’s. Cette année-là, le président Lyndon B. Johnson signe le Civil Rights Act censé mettre fin à la ségrégation, tandis que le Ku Klux Klan multiplie lui les assassinats sanglants dans le Mississippi. Entre ferveur et désillusion Marc Dolisi restitue avec justesse le climat électrique de la colère grondante dans les ghettos.

Le récit restitue l’ambiance de cette époque, les contrastes entre espoir et violence, émergence de la culture afro-américaine et lutte pour les droits civiques. Comme Ray Charles, Aretha Franklin ou Nina Simone, Sam Cooke devient un symbole de résistance et de fierté. Ses chansons universelles et intimes deviennent la bande-son de la révolte. Elles incarnent un combat silencieux contre le racisme systémique. Marc Dolisi montre que la soul music reflète la douleur et la dignité d’une communauté tout en dérangeant ceux qui refusent le changement.

Son roman n’est pas une enquête classique mais une fresque de souvenirs, d’articles, de dialogues
imaginés et de fragments d’archives. L’écriture nerveuse et sensuelle mêle lyrisme et tension comme si chaque phrase battait au rythme d’une chanson de Sam Cooke. La narration oscille entre la réalité historique et la résonance intime : celle d’un homme qui voulait chanter l’amour et qui s’est retrouvé happé par la haine. L’auteur utilise un ton à la fois documentaire et romanesque où les dialogues, les reconstitutions nocturnes du motel, les coulisses de l’industrie musicale cohabitent avec les réflexions plus larges sur l’identité, la liberté et la violence raciale. On ressent chez l’auteur la volonté de donner chair à cette époque, de capter l’atmosphère, la musique, les anxiétés d’un pays encore aujourd'hui divisé.

Un ouvrage qui résonne longtemps
après sa lecture

Avant d’être des courants esthétiques, le blues, le gospel, la soul comme le jazz sont nées dans l’histoire de l’esclavage, de la ségrégation et de la privation de droits civiques. Elles furent d’abord des modes de survie, de résistance et d’affirmation. Dans ce roman, Sam Cooke ne chante pas seulement, il porte quelque part une attente et une part d’avenir. Plus qu’un artiste, il est devenu un symbole. Une question se pose : paya-t-il de sa vie sa notoriété croissante et ses prises de position implicites ? Ou bien fût-il victime d’un « accident » dévoilant la fragilité de la célébrité noire dans l’Amérique blanche ? Soixante ans après, le texte n’offre pas de réponse.

La nuit de l’Amérique ne se contente pas du « fait divers » que fut la mort de Sam Cooke. Il rend hommage à la musique afro-américaine et s’interroge sur son rôle dans la quête de justice. Si l’enquête littéraire ne donne pas toutes les clés, elle plante néanmoins le décor saisissant d’une nation qui soixante ans plus tard reste en dette de son histoire raciale. Un ouvrage qui résonne longtemps après sa lecture. Qu’on se le dise !

Jean-Christophe Mary pour www.micmag.net
La nuit de l’Amérique
Marc Dolisi
Erick Bonnier Eds
21 euros

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