09-06-2011 14:37:11

Affaire Elf, un tribunal populaire en scène !

Le festival "Ta parole" qui s’est déroulé dans la salle La parole errante à Montreuil a mis en scène "Elf, la pompe Afrique" un succès confirmé de Nicolas Lambert, première pièce d’une trilogie. Démonstration toujours aussi époustouflante !
Par Mathilde Estrangin (Paris)


Pas de rideau mais un baril de pétrole avec le logo Elf placé au centre la scène qui fait office de barre. Le décor simple et symboliquement fort pousse à s’attarder sur le contenu de la pièce qui retrace le procès politico-financier du tournant de ce siècle en France.

Nicolas Lambert vêtu d’un costume noir entre par le fond de la salle interprétant un journaliste qui souhaite rentrer dans la salle d’audience du procès Elf. Malgré l’accès restreint, il monte sur scène et commence sa performance.

Nous explique Nicolas Lambert, la véritable diplomatie parallèle que représente le système de caisses noires d’Elf créées par le général de Gaulle dans les années 1960 avait pour volonté de garder sous son joug, au moment de la décolonisation et de la guerre froide, les « rois nègres » et l’Algérie, détenteurs des ressources pétrolières et de contrer l’idée d’une Amérique triomphante. Ce système n’a pas, non plus, été remis en question par la gauche dans les années 1980, le financement d’un certain nombre de partis politiques en est la cause. Les poursuites lancées par la nouvelle direction d’Elf n’a fini que par juger des hommes mais pas le système en lui-même. On en reste perplexe…

Le théâtre, tribunal public

Le comédien de la compagnie Un pas de côté met en scène trois des trente sept accusés : M.M Sirven, Le Floch-Prigent et Tarallo, tous poursuivis pour abus de biens sociaux et recels. Il déploie tout son art pour créer de magnifiques et puissantes caricatures de ces derniers. Il interprète aussi avec brio plusieurs magistrats en charge du procès. Les tics langagiers, le ton et les gestuelles sont repris avec précision et humour. Des hommes qui, jusqu’alors étaient tout puissant, en sont réduits à déblatérer des joutes enfantines pour leur défense. Epatant ! La retransmission de ce procès interroge avec ténacité l’implication de l’homme dans un système et de son besoin de pouvoir. Qui peut le plus peut le moins !

Le public est à tour à tour accusé et juge. Accusé car il accepte, dans sa position passive et ébahie, d’écouter la synthèse acerbe de quatre mois de procès et d’avoir passé sous silence un système qui, selon les dires d’un accusé a été, pendant près de quarante ans, « de notoriété publique ». Et juge, car au théâtre le public l’est. La pièce redonne en effet au théâtre sa place de tribunal populaire en faisant participer le public : à la reprise des audiences, on se lève.

Le rôle des médias en question!

La médiatisation de ce procès public est clairement en demi-teinte, selon Nicolas Lambert, pendant ces quatre mois, les fauteuils prévus pour la presse étaient souvent vides… La désinformation de ce procès laisse deviner des enjeux politico-financiers qui pèsent bien trop lourd dans la balance. Notamment, les conséquences du néocolonialisme abusif et porteur d’une idée surannée de la France. A mon sens, ces dernières n’ont pas été assez développées ce qui donne une conclusion hâtive et peu nuancée à la pièce en contraste avec le titre de la pièce évocateur.

Je maintiens cependant l’excellent choix de programmation du festival qui redonne à connaître une pièce qui tourne depuis déjà quelques années dans les salles françaises. Et ce choix est d’autant plus pertinent qu’en ces temps où la politique extérieure et la diplomatie françaises sont mises à mal, à juste titre, le théâtre est encore là pour donner un regard engagé sur le monde et pour représenter une autre idée de la France, loin de celle de la classe dirigeante. En témoigne la fin audacieuse et presque sarcastique de la pièce : drapeau français et La Marseillaise en fond… Toute une histoire !



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