- Cinéma

"Oriana Fallaci" : un biopic trop lisse

Élise Barry - 29 juillet 2015
Le film « Oriana Fallaci », retraçant les combats de cette journaliste italienne qui n'avait pas la langue dans sa poche, sort en salles le 5 août. Le réalisateur Marco Turco lisse les aspérités de cette vie exceptionnelle, et en livre une version édulcorée.

Oriana Fallaci vécut avec le résistant grec Alekos Panagoúlis une passion dense et violente.©Francesca Fago

Oriana Fallaci, incarnée par Vittoria Puccini, fut une journaliste de terrain qui parcourut le monde par amour de la vérité. Témoin de la guerre du Vietnam, elle se rendit à Saigon en 1967, et à Dak-To; elle voyagea souvent sans autorisation. Puis elle rencontra des chefs d’État ou des hommes politiques d’envergure, tels Henry Kissinger, qu’elle sut déstabiliser par des entretiens non formatés. Marco Turco a tenté de lui rendre hommage dans un film adapté de la mini-série télé L'Oriana dont il fut également le réalisateur. L'exercice est compromis par trop de précautions et quelques trémolos superflus.

La narration, lisse et prudente, escamote ou effleure du bout des lèvres  des événements dérangeants ou polémiques de l’existence d’Oriana Fallaci. Ainsi, celle qui dénonçait la violence et en particulier la violence faite aux femmes, eut aussi à la subir.  En 1973, elle rencontre Alekos Panagoúlis, tout juste sorti de prison. Ce poète-révolutionnaire grec, torturé pendant cinq ans par la junte de Geórgios Papadópoulos, partagea avec elle ses dernières années de dissident traqué.

La violence de Panagoúlis à peine évoquée


Dans Un uomo (Un homme), le livre qu’elle lui a dédié, elle décrit les crises de brutalité de son compagnon. Enceinte d’Alekos, celui-ci lui assène un très violent coup de pied « qui lui déchire le ventre »; leur enfant est « blessé à mort ». Le film évoque à peine cette violence, et trahit le témoignage d’Oriana Fallaci avec une version plus soap opera : elle perd son  enfant sous l’effet conjugué de la fatigue et du choc psychologique éprouvé à la découverte d’une nouvelle infidélité d’Alekos.

Quant à la charge d’Oriana Fallaci contre l’islam et à ses remous médiatiques, le film se contente de citer quelques extraits parmi les moins corrosifs de La Rage et l’Orgueil, le brûlot qu’elle écrivit sous forme d'article puis de livre, après les attentats du 11 septembre 2001. Perçue à ses débuts comme une figure de l’extrême gauche, sa condamnation en bloc de l’islam et de son mode de vie lui valurent les éloge de l’extrême droite.

C’est une gageure de retracer avec fidélité et en moins de deux heures, les luttes d’Oriana Fallaci. Son exigence de vérité l’avait menée à vivre un an cloîtrée, pour restituer en près de 500 pages la résistance héroïque d’Alekos Panagoulis. Ce film a au moins le mérite de donner envie de lire Oriana Fallaci, pour découvrir un engagement exceptionnel et pionnier.

Élise Barry pour www.micmag.net

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