07-03-2012 15:16:53

Docu dénonciation-collusion médias & politiques

Virulent – « Les nouveaux chiens de garde », un documentaire de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, sorti dans les salles, est un film-pamphlet sur les médias et leur relation au pouvoir politique et économique.

« Les nouveaux chiens de garde » sont là, ils guettent, sont à l’affût, parfois mordent, attaquent, pour mieux régner sur un monde qu’ils ont peu à peu su modeler, dominer à leur manière. Mais qui sont ces « chiens de garde » ? Ces chiens ne sont pas adeptes de la philosophie cynique fondée par Antisthène et dont le refrain était : « Nous, nous sommes des chiens ».


Non, aujourd’hui, ces fameux « chiens de garde » sont chroniqueurs, éditorialistes, journalistes, experts et surtout PDG de grands groupes économiques ou industriels qui détiennent nombre de médias et qui sont intimement liés au pouvoir. Et que protègent-ils ? Leur maître ? Non, car ils n’en ont pas. Ils protègent leur propre périmètre. C’est-à-dire leurs intérêts, souvent financiers, économiques ou politiques.


Ce documentaire s’inspire d’un livre de Paul Nizan, Les chiens de garde, qui, en 1932, dénonçait une palette de philosophes s’érigeant comme gardiens de la morale publique, sous le masque d’une certaine neutralité intellectuelle et d’une certaine indépendance. Indépendance dont se réclament aujourd’hui les médias, dans une société démocratique.


Les valeurs du journalisme détournées


Le documentaire s’articule autour d’un tryptique des valeurs fondamentales du journalisme : indépendance, objectivité et pluralisme. Pour chaque valeur, des interviews, entretiens, extraits de journaux télévisés d’époque (issus des archives de l’INA) viennent corroborer la thèse défendue dans le documentaire : les médias ne sont pas le « contre-pouvoir » qu’ils prétendent être.


Sur le mode de l’humour et sous forme de satire, est abordé en toile de fond le risque d’une information biaisée, « préfabriquée », répondant aux exigences et aux convenances du pouvoir politique et économique. Une information qui deviendrait pervertie, car convertie peu à peu, et de manière sournoise, en marchandise.


C’est ainsi que l’on voit se succéder des interventions au discours tout préparé, aux mots déjà maintes fois prononcés par les mêmes personnes, aux prétendus débats contradictoires, mais qui, vus des coulisses, ne sont pas si démocratiques qu’ils n’y paraissent. Les intervenants, sous couvert du pluralisme, sont la plupart du temps toujours les mêmes et les face-à-face factices. Simulacres d’un idéal démocratique de libre espace d’expression, d’opinions divergentes, et qui s’en trouve finalement déchu.


Une réflexion sur les médias et la presse d’aujourd’hui


Tout au long de ce documentaire, le spectateur oscille entre rire et sentiment de révolte devant des situations, tantôt ridicules et risibles, tantôt criantes d’hypocrisie et de faux semblants. La force du documentaire réside dans le fait qu’il permet, derrière son ton sardonique évident, de s’interroger sur les rouages de la machine économique et politique semblant avoir avalé, englouti les médias, et jusqu’à la manière d’exercer le métier de journaliste.


Les médias aujourd’hui sont-ils autant les « chiens de garde » des valeurs qui constituent la quintessence même du journalisme ? Sont-ils aussi indépendants, objectifs et pluralistes qu’ils prétendent l’être ? Rien n’est moins sûr. Ce documentaire pointe la réalité de médias contrôlés par des « ogres » financiers ou politiques; médias qui sont de plus en plus obligés de se plier à la sacro-sainte doctrine du capitalisme : faire encore et encore du profit. Au détriment de l’indépendance, les journalistes seraient, de nos jours, davantage enclins à produire de l’information sous les pressions des groupes possédant le média dans lequel ils exercent, et à répondre à une ligne éditoriale dictée par ces Gargantuas du pouvoir et de la finance.


« Chiens de garde » ou l’art de passer au vitriol les relations du Pouvoir (avec un grand P) avec le « quatrième pouvoir ». L’art enfin, de caresser à rebrousse-poil la supposée totale liberté de la presse dans un pays démocratique. Les médias et la presse aujourd’hui auraient-ils oublié leur rôle de médiateur indépendant entre l’Etat et les citoyens qui forment la société ? Les médias-médiateurs sont-ils devenus, au final, médias-tueurs de la démocratie en se conformant au diktat du marché et du pouvoir ?


Ont-ils, peu à peu, oublié l’indépendance et l’objectivité journalistiques ? Ces deux valeurs formant l’idéal professionnel défendu par le grand reporter Albert Londres au début du XXème siècle, et qu’il résume si bien : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ».




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