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Serge Quadruppani : « Quand je traduis un auteur, Camilleri ou un autre, je me mets à son service »

Marie Torres - 20 novembre 2015
Si Serge Quadruppani a contribué à faire connaître, en France, Andrea Camilleri, le « père » du commissaire Montalbano, il est aussi le traducteur de nombreux auteurs italiens comme Massimo Carlotto, Gianni Biondillo ou Gioacchino Criaco et auteur de polars. Rencontre.
Photo Paolo

Micmag.net : Vous êtes, en autres, le traducteur des enquêtes du commissaire Montalbano. Comment est née votre collaboration avec son auteur, Andrea Camilleri ?

Serge Quadruppani : Camilleri, je l’ai découvert par hasard. C’était à Rome, chez ma compagne, Maruzza Loria, à une époque où il n’avait pas encore le succès qu’il a aujourd’hui. Je suis tombé sur un de ses bouquins, je l’ai lu et j’ai trouvé ça formidable. Maruzza m’a expliqué que ce n’était pas « vraiment » du sicilien… et c’est comme ça que j’ai appris qu’il existait un sicilien par habitant de la Sicile !  Au tout début,  Maruzza a co-signé les premières traductions car je n’étais pas encore habitué à cette langue. Quelques mois après, j’ai réussi à convaincre le directeur de l’époque de Fleuve Noir de publier la série des Montalbano et Anne-Marie Métaillé de publier ses romans historiques. Un peu plus tard, le phénomène Montalbano a commencé et depuis, chacun de ses titres est un best-seller. 

M. : Comment parvenez-vous à traduire sa langue « si particulière » ?

S.Q. : Lorsque je traduis Camilleri, j’essaie de faire ressentir au lecteur français ce que ressent un lecteur italien non sicilien qui lit un Montalbano. J’ai recourt  à toute une série de procédés et de bricolages - que j’explique dans les préfaces de chacun des ouvrages - car on ne peut pas trouver des équivalences en français même dans les langues régionales. Ma manière de traduire est donc dictée par l’impossibilité de trouver une langue miroir. Il fallait en créer une nouvelle et c’est ce que j’ai fait. 

M. Comment restituez-vous cette langue « camillerienne », parfois éloignée de ce qu’on appelle le « bon français »… pour le plus grand plaisir du lecteur ?

S.Q. : J’ai choisi le parti de la littéralité, du mot à mot, pour rendre perceptible certaines particularités de la langue « camillerienne ». Comme l’inversion sujet/verbe de son « Montalbano sono » que je traduit par « Montalbano, je suis ». Ou le curieux emploi du passé simple « Ché fu ? » qui donne « Qu’est-ce-qu’il fut ? » à la place de « Qu’est-ce-qui se passe ? » Ou encore le recours fréquent à des formes pronominales, comme par exemple « se faisait un rêve » pour « faisait un rêve ».

M. Comment évolue cette langue si particulière, propre à Camilleri ?

S.Q. : Autrefois, on la trouvait surtout dans les dialogues; maintenant, Camilleri l’utilise même dans le récit et l’italien standard n’apparaît plus que dans les dialogues entre les personnages qui ne sont pas siciliens, comme le questeur (sorte de préfet en Italie, et protagoniste croisant souvent la route du commissaire Montalbano).

M. : Vous sentez-vous « dans l’ombre » de l’auteur ?

S.Q. : Quand je traduis un auteur, Camilleri ou un autre, je me mets à son service. Comme un musicien. Un musicien, lorsqu’il joue du Mozart, c’est toujours du Mozart mais il apporte forcément sa petite touche personnelle et je crois que c’est cela notre travail de traducteur. Mais je me garde bien de faire du Quadruppani quand je traduis du Camilleri et quand Quadruppani écrit, il se garde bien de faire du Camilleri, sauf pour faire quelques plaisanteries comme dans mes trois derniers polars où il y a une allusion au monde de Montalbano.

Quelques traductions de Serge Quadruppani :

Le Sourire d’Angelica
Andréa Camilleri
Editions Fleuve Noir, 2015

Le Matériel du tueur
Gianni Biondillo
Editions Métaillé, 2014

Le Souffle court
Massimo Carlotto
Editions Métaillé, 2014

Madame Courage (son dernier polar)
Editions du Masque, 2012



Marie Torres pour www.micmag.net

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