Paris - International Visual Theatre - Reportage

"Les collectionneurs" - Du spectacle de mime à la langue des signes !

Louise Logeart - 28 mars 2015
"Les collectionneurs", c'est le dernier spectacle de mime de la Compagnie Hippocampe. Une découverte à l'International Visual Theatre de Paris, où le bilinguisme a valeur de norme.

Arrivée en retard à cause de ces-maudits-transports-parisiens, je sors de la station Pigalle et m’élance dans la rue en courant. Caché au fond d’une impasse, L’IVT, International Visual Theatre, dirigé par Emmanuelle Laborit, accueille le dernier spectacle de mime de la Compagnie Hippocampe, Les Collectionneurs. J’arrive essoufflée, il n’y a déjà plus personne dans le hall. C’est raté pour le début du spectacle.

Un homme vient vers moi et me sonde en me regardant fixement. Que veut-il ? Pourquoi ne me parle-t-il pas ? Je me rends compte que je ne suis pas du tout habituée à ce qu’on m’accorde autant d’attention : il plante ses yeux sur moi, sans paroles, de façon interrogative, en attendant que je m’exprime. Peut-être tente-t-il de deviner ce que je pense ? Aussitôt mes excuses bafouillées sur mon retard, il s’éclipse pourtant sans un mot, pour laisser place à une femme qui me dit alors :

« On va attendre un peu avant de vous faire entrer, pour le début du spectacle c’est vraiment important qu’il n’y ait aucun bruit dans la salle ».

Alors je me rends compte que je suis entrée dans un autre monde,

là où les gens se regardent, attendent avant de s’exprimer, décodent les émotions sans les anticiper ni les juger.

Déçue de ne pas avoir réussi à arriver à temps, c’est un autre spectacle qui s’offre alors à moi. Deux personnes partagent un paquet de chips au comptoir, dans une euphorie palpable et contagieuse. Quel vacarme ! Je me tourne vers eux, me demandant qui sont ces personnes qui s’amusent à malaxer des paquets de chips en faisant un boucan d’enfer. En plus ils se font d’énormes sourires. En les voyant signer, je me sens encore plus décalée. La vision de ces personnes se regardant avec une gourmandise de communication et l'impénétrabilité de leur univers me rend jalouse. Pourquoi personne ne m’avait jamais parlé de ce lien si intense dans la manière de s'exprimer ?

On me propose alors d’entrer dans la salle. Elle est pleine. La musique se met en route, pandeiro, musique cadencée, rythmique aux basses profondes qui s’accorde avec les mouvements des acteurs. Qu’en perçoivent les personnes sourdes qui sont là dans la salle ?

Danse, théâtre, capoeira, le mime se nourrit d’une quantité d’apports artistiques

Luis Torreão, le metteur en scène et directeur de la Compagnie Hippocampe, raconte à la fin du spectacle comment, en répondant à l’invitation d’Emmanuelle Laborit, la troupe s’est adaptée au domaine des sourds.

Pendant deux ans, en étudiant la langue des signes, la préoccupation était de rendre accessible le spectacle pour un public non entendant.

Exit les textes, le rythme a été aussi travaillé physiquement.

« Dans la vie, on est toujours seul, et plus tôt on s’en aperçoit, mieux on se porte. »

(citation de Bernard Weber)

C’est en partant de ce constat que le spectacle Les collectionneurs a été construit, inspiré par les univers de Kafka, de Carroll, les films d’animation et leurs musiques.

Parce qu’on naît seul, on meurt seul, et entre-temps nous sommes plusieurs à l’intérieur de nous-mêmes. Le thème du regard de l’extérieur, de comment on se voit, a constitué la base de l’écriture. Le personnage du surveillant, qui se regarde lui-même, surveille ses propres actions renvoie à la solitude, au fait de se mettre des bâtons dans les roues soi-même. 

La figure du collectionneur brasse une quantité d'objets hétéroclites qui rappellent des personnalités diverses, mises en scène de façon inquiétante et fantastique. Les acteurs reprennent les différentes facettes et périodes d'une vie, se les volent, les amplifient, les réduisent, se les réapproprient, les transforment, avec ou sans masque. Les principes du mime sont là. Il s'agit de trouver une grammaire corporelle pour pouvoir exprimer du concret ou de l'abstrait, explorer d'autres modes de communication.

Pendant la rencontre entre les acteurs et le public, les intervenants dans la salle qui souhaitent poser des questions sont invités à se lever et à descendre sur scène afin de poser leur question physiquement face à l’assistance. Les deux langues sont traduites simultanément. Fluidité des gestes, bienveillance affichée, respect de la parole de l’autre et réjouissance de partager ce moment ensemble.

Puis retour sous la pluie.

Les prochaines représentations du spectacle Les collectionneurs de la Compagnie Hippocampe auront lieu le 21 mai au Festival Emergences à Avignon et le 7 juin 2105 au Festival Onze Bouge à Paris.

Programme des cours de mime et spectacles de la Compagnie Hippocampe

Plus d'informations sur l'IVT et les cours en langue des signes : International Visual Theatre



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