Catalogne - Reportages

Catalogne, l'indépendance est-elle possible ? Témoignages

Marie Torres - 21 octobre 2015
Joan, Elisabet, José Maria, Yacine viennent d’horizons différents mais vivent à Barcelone, que pensent-ils de l’indépendance de leur région et de ses conséquences ?  Leurs réponses et commentaires.

Joan Pujol, 24 ans, physiothérapeute à la Sécurité sociale, vit à Barcelone dans le quartier de Vallvidrera

« C’est très difficile de savoir quelles seraient les conséquences de l’indépendance car il faudrait savoir avec qui et comment elle se produirait. Artur Mas et le CDC, ont voté pour l’indépendance, non pas animés d’un réel désir de voir la nation autonome, mais juste pour éviter de disparaître de la scène politique et continuer ainsi à participer à la corruption et aux privatisations qui ont enrichi une bonne partie de la bourgeoisie catalane et espagnole, alors que la majorité de la population souffre des coupes budgétaires dans le domaine de la santé, de l'éducation, des aides sociales et du travail.

L’objectif de Junts x Si  (Ensemble pour le Oui) est un nouvel Etat à l’intérieur de l’UE. De son côté, le gouvernement de Madrid joue sur les dangers d’une Catalogne hors de l’UE et de l’euro. Personnellement, je veux une Catalogne – et une Espagne – hors de l’UE, un club dont le but est que le capitalisme global et les pays du nord de l’Europe exploitent ceux du sud comme colonies. Dans cette Europe sans justice sociale, il n’y a ni démocratie, ni liberté possibles.

Je crois que la reconnaissance des droits des Catalans à l’autodétermination n’intéresse pas l’Espagne de Rajoy. Le débat pour l’indépendance s’est transformé – selon moi et de nombreuses personnes qui se sentent vraiment catalanes et qui désirent un Etat propre – en un rideau de fumée propice aux droites catalane et espagnole pour résoudre la crise du système politique en place en Espagne depuis la mort de Franco.

Cela signifie-t-il un changement idéologique de la classe ouvrière catalane ? Non, simplement que Messieurs Mas et Rajoy ont triomphé dans leurs intentions de focaliser ces élections autour à l’indépendance. Les habitants du quartier de Nou Barris ont voté – alors que la mairie de Barcelone était en plein bouleversement - pour Ciutadans, un parti proche de celui de Marine Le Pen en France ou de Pin Fortuyn aux Pays-Bas. Et ils ne l’ont pas fait par rejet viscéral de l’indépendance mais pour ce que représentent pour eux Artur Mas et les politiques du CDC, tant en Catalogne qu’en Espagne.

Dans ce sens, l’indépendalisme catalan et la droite et le nationalisme espagnols se rejoignent : jamais ils ne résoudront le conflit qui leur permet de dévier l’attention de sujets comme le chômage, la corruption, les expulsions, les aides aux banques, les commissions, les coupes sociale, la précarité dans les laboratoires… »

Elisabet Puchol, 49 ans, commerciale dans le secteur cosmétique, vit à Sant Cugat del Vallès (Barcelone)

« Pour une indépendance immédiate de la Catalogne, il faudrait un référendum mais le gouvernement espagnol est contre. Une déclaration d’indépendance unilatérale ? Les lois espagnoles ne la reconnaîtraient pas mais alors ce sont les lois de Catalogne qui prévaudraient. Et, dans ce cas-là, l’action internationale devrait être déterminante pour reconnaître le nouvel Etat.

A court terme, les conséquences de l’indépendance peuvent être négatives à cause de sa sortie de l’UE. Mais beaucoup de pays en Europe ne font pas partie de l’UE et ont des accords spéciaux pour le libre commerce. A plus long terme, les bénéfices peuvent être bénéfiques. Pour l’Espagne, les conséquences économiques pourraient être importantes, déjà ils perdront un pourcentage important de leur PIB. Ceci est, je crois, l’argument principal de leur véto.

Concernant la nationalité espagnole, de ce que je sais on ne la perd que si on y renonce… Que se passerait-il dans ce cas ? Peut-être que dans les premiers temps, il serait plus simple d’avoir la double nationalité, au fil des ans on verrait ce qui est le mieux.

Une intervention militaire ? Je pense qu’avant d’arriver à cela l’Espagne recevra la pression de l’UE pour arriver à un accord.

Malgré ce que certains disent, en Catalogne il n’y a pas de crispations ni des situations conflictuelles à ce sujet. Chacun a son opinion, comme sur beaucoup d’autres sujets de la vie : le mariage gay, la religion… mais il n’y a pas de violence, de conflits. Les gens continuent à travailler, à partir en week-end, à pratiquer leurs activités, à faire leurs courses comme d’habitude et on discute ouvertement du sujet entre personnes d’avis contraires.

Pour le foot ? Je n’imagine pas une ligue espagnole avec une seule équipe importante, le Real. Mais d’un autre côté, il y a beaucoup d’équipes en Europe qui jouent dans d’autres pays, comme Monaco… »

José María Márquez Rufo, 48 ans, professeur d’anglais, Sévillan, vit à Sant Andreu de Palomar (Barcelona) depuis 2006

« Si la Catalogne était indépendante, j’espère qu’on établirait un système social et politique qui mettrait fin au régime de 1978 qui privilégie les élites franquistes ; que les Espagnols se rendraient compte que leur système politique a tout fait pour en finir avec les cultures, les langues et les identités qui forment l’Etat ; que les gens se lèveraient contre toute cette caste économique et politique qui se remplit la bouche avec le mot « patrie » et qui place sa fortune dans des banques de Suisse et d’Andorre.

Je ne crois pas à une intervention militaire. Elle n’aurait pas l’appui de la population espagnole et catalane et encore moins internationale. Ce sont des idées des nationalistes espagnols et catalans,  pour satisfaire leurs partisans les plus fascistes. De toute façon, si cela se produisait, je suis sûr que les gens descendront dans la rue pour les en empêcher.

Conflits entre Catalans ? Non, les Catalans, en tant que méditerranéens, s’entendent bien entre eux, quelle que soit leur idéologie. Ce sont les politiques, catalans et espagnols, qui veulent faire croire qu’il y a des crispations. Mais dans la vie quotidienne, les gens sont très respectueux et s’ils savent que la personne avec qui ils sont n’est pas du même avis qu’eux, ils n’abordent pas le sujet… »

Yacine Chikhoune, 41 ans, autrichien d’origine algérienne, vit depuis 9 ans à Barcelone

« Une Catalogne indépendante pourra décider de son futur : santé, éducation, commerce, système social, tourisme ; profiter complètement de ses ressources, ne plus dépendre d’un gouvernement central anti-démocratique qui ne permet même pas de voter, et surtout ne plus faire partie d’un pays avec une famille royale qui nous coûte beaucoup d’argent.

Bien sûr, l’Espagne peut ne pas reconnaître notre indépendance en se fiant à la vielle constitution espagnole… mais ce n’est pas la bible, elle a été faite par des hommes… donc quand il y a une volonté populaire qui se nomme la démocratie, on peut la modifier.

Une intervention militaire ? Ce serait LA grande erreur du gouvernement mais tout est possible avec lui. Parfois j’ai la sensation de vivre encore sous Franco. Par exemple, comment peut-on tolérer une association pour la mémoire de Franco ? En Allemagne, une telle action en faveur d’Hitler, est inconcevable... »

* CDC, Convergence démocratique de Catalogne, parti nationaliste de droite

**   Nou Barris, Le "nouveau quartier" a accueilli toutes les vagues d’immigration que la Catalogne a comptées au cours de la seconde moitié du 20e siècle.

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Rue Neuve, 8 - 7000 Mons
Jusqu'au 24.01.2015
Du mardi au dimanche 10:00 >18:00
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