Tunisie - Portrait

Mohamed Njeh: la Révolution du jasmin a t-elle changé quelque chose pour les artistes?

Monique Cabré - 30 octobre 2012
« Je respecte mon patrimoine et je l’enrichis », telle est la devise et l’approche artistique qui conduisent Mohamed Njeh à puiser sa force créative. D’expositions en festivals, son œuvre très diversifiée, surprend et séduit.
© DR M. Njeh

Originaire des îles Kerkennah

en Tunisie, Mohamed Njeh a reçu en héritage le savoir-faire de son père qu’il aidait dès son plus jeune âge, à tresser les filets de pêche. Passionné par cet art singulier du tissage, il poursuit des études artistiques aux Beaux-Arts de Tunis où il s’initie à plusieurs techniques. Il n’aura de cesse dès lors, de découvrir la richesse créative et authentique de son pays, ses traditions et savoir-faire ancestraux qui entre ses mains, prennent une toute autre dimension.

Découvrir la richesse artistique et authentique de mon pays
« Mon expérience s’inscrit dans le traditionnel, partant de tout un héritage dont les symboles sont toujours en nous et dont les matériaux renferment le firmament même des temps les plus reculés ». Parmi sa palette artistique, Mohamed Njeh utilise notamment toutes les ressources qu’offrent la laine, la soie, le raphia ou encore l’alfa, la gamme nuancée des teintures, la variété des motifs, pour laisser libre cours à son imagination, à son débordement. Afin de créer des effets nouveaux, il utilise pour ses tableaux, des matériaux trouvés de ci de là, des filets de pêcheurs, des peaux de chèvres, des morceaux de tapis, des bouts d’étoffe… qui correspondent à son imaginaire. Ses œuvres tissées portent des noms éloquents et révélateurs d’un certain état d’esprit : « La mer », « Profondeur », « Soleil du Sud », « Elégance Arabe »… Il est resté proche  des adeptes de l’Ecole du Maallem dont l’apport dans l’art plastique fut primordial, démystifiant cette image de l’art pour l’art. Mohamed Njeh ne protège par ce savoir-faire artistique mais au contraire le transmet à de jeunes artistes auxquels il enseigne les gestes les plus anciens, au sein de  l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de la capitale.

Démystifier l’image de l’art pour l’art
Ses tapisseries, grandioses, chargées de volumes, d’écritures, de mouvements, entre sculptures et peintures, s’affichent sur les murs des centres commerciaux, des showrooms, des hôtels… Lignes horizontales, points verticaux, lignes brisées, à chacun sa liberté d’interprétation et de rêve.

« En tant que plasticien, architecte et décorateur d’intérieur, j’adapte à des intérieurs très modernes, totalement éclectiques, une décoration faite de tissages ou objets décoratifs traditionnels auxquels j’ajoute une recherche de textures nouvelles, de matériaux innovants, de calligraphie arabe où l’authenticité et le vécu sont en totale harmonie avec l’esprit actuel de la décoration ».

La Révolution a-t-elle changé quelque chose pour les artistes ?
« Il est un peu tôt pour le constater réellement, mais je remarque une plus grande liberté au niveau de l’expression plastique, de la créativité. Lors d’expositions,
mes tapisseries ne choquent pas mais au contraire séduisent une clientèle de culture pourtant réservée. Par contre je note une plus grande distance, crainte dans la discussion, avec les artisans travaillant en ateliers, et aussi avec les femmes à domicile. On ressent une certaine peur de la part de ces populations géographiquement éloignées, dès que l’on n’appartient pas à leur entourage ou à leur région. Sur le plan de l’aide budgétaire, beaucoup reste à faire ! »

Mohamed Njeh développe ses conceptions artistiques au sein de son atelier. Il travaille le cuivre rouge en différentes épaisseurs, plus malléable que le cuivre jaune, permettant des rendus esthétiques variés et étonnants. Tout d’abord martelé, le cuivre peut se traduire en volume ou rester en plaque, ajouré, gravé de motifs et ornementations inspirés de la calligraphie arabe et du répertoire berbère tunisien. On remarque également des graphismes géométriques  et abstraits, s’inscrivant dans les nouvelles tendances du moment. De ce travail minutieux naissent des objets reflets d’une sensibilité extrême et d’un goût artistique certain : bijoux, éléments destinés aux arts de la table (plateaux, verres, sous-tasses, coupes à fruits…), objets décoratifs tels des vases, lustres, coupelles, paravents… fabriqués parfois en grande taille, destinés aux hôtels, salons de thé… et se présentant sous les différents aspects que peut prendre le cuivre : cuivre rouge martelé, à l’état brut ou verni, étamé, nickelé ou encore émaillé au four.

Mohamed Njeh et sa touche très personnelle, se situent parfaitement entre ce passé préservé et un présent qui s’ouvre vers d’autres lumières.

Mohamed Njeh
Maison de l’Artisanat, atelier N°4,
av. de l’Indépendance 2011, DenDen Mannouba.
www.villagesartisanauxdetunisie.tn.
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