18-01-2011 18:55:51

Cuba une fourmilière de créateurs

Voyage au coeur d'une jeunesse en marge. Un cuba libre de tous pouvoirs existe ! Nous l'avons rencontré.

Texte et photos Hélios Molina


L’Île de la mer Caraïbes de 11 millions d’habitants fait toujours parler d’elle. Malgré la dure réalité économique, les désillusions, les souffrances et tracasseries au quotidien, le Cubain ne perd pas le sens de l’humour et de la dérision. Le Havanais est celui qui s’exprime de plus en plus ouvertement et sans peur du voisin, sur la situation économique, le monde du travail, la politique mondiale, Haïti, etc. Les artistes qui n’entrent pas dans le moule et qui tentent de se faire entendre expriment à leur manière les mécanismes parfois surréalistes d’un système en manque d’idées ou à court de vitesse. L’année 2011 est pour tous les Cubains tant habitués à la débrouille, une période de grandes inquiétudes. Des milliers de fonctionnaires n’ont plus de travail dès le mois de janvier, les prix vont grimper, les impôts aussi. Mais à l’horizon rien de réjouissant. Au milieu de ces interrogations, les libres-penseurs, les artistes s’engouffrent dans une brèche que le pouvoir ne peut refermer. Poésie, cinéma, musiques électroniques, photographies montrent un visage d’un  réalisme que la censure ne peut plus contenir.

Interview de Pavel Giroud cinéaste, auteur de plusieurs long-métrages primés.

Micmag.net : Tu as un nom d'origine Française ?

Pavel Giroud : Mes aïeux arrivent d’Haïti fuyant la révolution prônée par Louverture. Ils se sont installés dans la zone orientale de l’île et créèrent des plantations de café. 

M. : La critique internationale t’a surnommé le Truffaut cubain, vous appréciez la comparaison ?

 P.G. : Cela fut à la suite du film "La edad de la peseta". Cela est, je suppose, parce qu'un jeune est l'acteur principal. La critique l'a assimilée au "400 coups". C'est curieux parce que Truffaut ne fut pas un cinéaste qui me laissa à mon jeune âge un bon souvenir. Lorsque je vis ce film très jeune, je me suis ennuyé.

M : Y a-t-il une réelle production cinématographique cubaine ? Combien de cinéastes se détachent ?

P.G. : Il y a en ce moment une explosion comme partout ailleurs. Les garçons avec leurs caméras amateurs commencent à montrer des choses intéressantes... Il y a un metteur en scène qui se détache. C'est Fernando Perez. Mais ici il n'y a pas ici de moyens d'avoir une production indépendante. Il y a un potentiel pour développer un cinéma, mais il faut dynamiter les chemins étroits par lesquels il est passé. Il faut créer de nouvelles autoroutes.

M : Quels sont les acteurs de l'univers cinéma avec lesquels tu aimerais tourner ?

P.G. : Si je te disais que j'aimerais tourner avec Javier Bardem un acteur puissant. mais aussi Sean Penn ou Daniel Day Lewis... J'aimerais toujours avoir l'acteur dont le visage apparaît au moment de l'écriture du scénario. Je trouve stupide étirer les yeux de Meryl Streep pour qu'elle ait un rôle de chinoise alors qu'il y a de par ce monde tant de bonnes actrices chinoises.

M : Le cinéma cubain semble être à l'écart de la censure politique... Est un désir politique d'avoir un cinéma cubain ?

P.G. : La censure touche tous les domaines. La censure est aussi celle que tu t'imposes, celle qu'établit le pouvoir politique, le pouvoir religieux, le pouvoir des producteurs et cela continue jusqu'à la censure du marché. Je ne crois pas que le ciné cubain soit moins censuré. C'est plutôt que les cinéastes sont plus osés.

M: Fais-tu parti de ces jeunes artistes cubains qui ont voyagé, vu ce qui se passait à l'étranger -  et décidé de retourner malgré les problèmes à Cuba ?

P.G. : Vivre à Cuba c'est difficile. Mais ce fut bien plus difficile pour Tarzan de grandir dans la jungle et de jouer avec de jeunes tigres. Il peut me manquer de l'huile le jour où justement je veux me frire un oeuf. Il peut me manquer aussi l'oeuf. Je peux me laver la tête avec un shampooing qui me provoque des pellicules... une coupure d'électricité peut apparaître en pleine écriture de la phase finale de mon nouveau scénario... mais pour moi c'est plus important d'avoir un espace pour la création. Et c'est espace, je l'ai conquis sans être militant communiste, aller dans des marches de combattants. Ici l'on sait ce que je pense parce que je le dis tout le temps. Je ne parle pas à voix basse chez moi ni avec des codes au téléphone... Il y a ceux qui ont écrit leur meilleur ouvrage dans une cellule étroite sans voir la lumière du jour. De plus, connaît-tu un cinéaste Cubain qui ait fait une oeuvre remarquable loin de chez lui ?

M : Ton prochain film ?

P.G. : Ce doit être "El acompanante" un scénario qui a eu un prix en 2010. Mais au moment de prendre son envol le projet a capoté. Le producteur idéal n'est pas apparu. J'ai un autre projet qui a pour titre "7 balas" un projet facile à produire. Cette année mon meilleur film s'appelle Roman, il a un mois et pèse dix livres.

Propos recueillis par HM


Alain Gutierrez, un oeil qui cherche sa voie.

Série de portraits, panorama sur des visages cubains. Une expo joyeuse sur le thème intitulé « Almendrones » photomontage intéressant sur les bolides vieillissant de la Havane. La trova est aussi un série motivante. Alain, journaliste de formation s’occupe de montages de photos de jeunes artistes qui s’exposent dans une petite rue de Havana Vieja. « Je veux sortir de la tristesse ou de la décadence souvent exprimés par les artistes d’ici ».  

René Peña, autoportraits en noir et blanc 

Photographe depuis 1990, René est l’un des artistes contemporains les plus connus à l’étranger. Il séjourna aux Etats Unis mais à refusa de quitter définitivement  son île et son manque de moyens pour créer (en papier pour tirages par exemple). René de Jesus Peña Gonzalez né à la Havane en 1957  fait un travail autour du corps, une introspection qui agit sur lui « comme support d’une œuvre ». Il se dit fortement influencé par le cinéaste Peter Greenaway (né en Angleterre en 1942). « J’ai commencé à me photographier seul dans ma maison. » Il s’intéresse à la couleur de peau, se peint le corps, se travestit pour déjouer les rôles masculins ou féminins. René peut–être vu dans des expositions en Espagne, aux Etats Unis et en France. A Paris, plusieurs de ses tirages étaient en vente aux enchères avec une cotation entre 2500/3000 euros.La galerie Artraces à Vincennes (94) est une des galeries qui expose et vend ses clichés.

Raul Cañibano, clichés au réalisme social

 Un autre grand photographe cubain de 49 ans. Cet autodidacte, soudeur de profession s’est approché avec son objectif de la vie quotidienne de son pays. Planches sur le travail, le rhum, la religion, le champ, le monde paysan et sa ville : la Havane. Parfois ses clichés s’approchent d’une démarche anthropologue. Se succèdent des tirages sur les  des modes de vie. Un objectif terriblement plongé dans l’âme cubaine et ses souffrances. Le résultat s’apparente à une plongée dans la photo humaniste française même si l’auteur n’avoue que peut de parenté.

Armando Leon Viera, écrivain de polars

 Diplomate de formation, animateur de TV, journaliste d’infos Armando part faire la guerre en Angola durant 17 mois et prend conscience du décalage entre la hiérachie, les idées altermondialistes prônées par le pouvoir et le peuple en souffrance de Cuba. « Les 17 mois d’Angola m’ont paru 17 siècles. Ce fut une expérience décisive dans ma vie pour comprendre Cuba. J’ai connu la faim, j’ai perdu 20kg en trois mois. De retour, j’ai passé six mois à l’hôpital pour tenter de soigner une hépatite. Je raconte la vie cubaine dans un contexte social et ce contexte social et sa réalité choque ici. J’écris sans autocensure. La plupart des artistes veulent le changement et ignorer les dynosaures.» Armando doit être publié en France prochainement.

Arema, une géniale découverte !!!

Jeune chanteuse de 31 ans à la voix remarquable. Proche du folk song américain, cette jeune femme née en Russie chante et compose en anglais et espagnol. Textes poétiques, swing dans la voix, Arema laisse passer une authenticité et une interprétation remarquable lorsqu’elle s’accompagne seule à la guitare. Elle se risque à tenter des expériences de musique électronique avec succès. « Petite je me sentais déjà différente. J’ai commencé par le peinture. J’ai commencé dans la peinture avec autour de moi des gens du ballet. J’étaia à 19 ans attirée par le jazz. En même temps que j’apprenais la musique j’étais illustratrice tout en travaillant autour de célébrités. » a 23 ans Arema met au monde un enfant. Elle se sent attirée par un son vintage et regarde les années 80  à Cuba comme une explosion artistique incomparable. Jusqu’à présent Arema n’a pas de CD enregistré. Micmag.net vous fait écouter en primeur son talent.

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