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Jimi Hendrix : « Quand je serai mort, continuez à passer mes disques »

Marie Torres - 21 novembre 2013
Jimi Hendrix n’était pas seulement un guitariste hors pair, il était aussi un écrivain compulsif. C’est à partir de ses notes, poèmes, cartes, journaux, bouts de papier griffonnés, interviews… que cet ouvrage, « Mémoire d’outre-monde », a été composé. Chronique émouvante d’une vie trop brève.

« Mémoire d’outre-monde », n’est pas une biographie. Pas vraiment non plus une autobiographie. Du moins comme on l’entend habituellement. Une chose est certaine tous les textes du recueil sont de la main de Jimi Hendrix. Rédigés dans son journal, griffonnés sur un bout de papier, ou écrits à la hâte au dos d’une carte postale… Ils en disent long sur l’homme qu’il était… qui n’est pas spécialement l’homme qu’il paraissait être.

« Waouh ! Qu’est-ce-que c’était ce truc ?
C’était génial »

Evidemment tout commence par une guitare…

« Le premier guitariste qui m’a marqué, c’est Muddy Waters. J’ai entendu un de ses disques quand j’étais petit et ça m’a fichu une frousse bleue, tous ces sons. Waouh ! Qu’est-ce-que c’était ce truc ? C’était génial. »

Quand Il commence à jouer de la guitare, pardon de la gratte, il a quatorze ou quinze ans. Dès lors, elle va devient le fil conducteur de son existence. La guitare, la musique, les chansons, les chanteurs et groupes de l’époque sont omniprésents dans ses écrits. Enfin presque. Pas dans les souvenirs de son service militaire. Car Jimi Hendrix a fait « son Armée ». Bien sûr, il annonce aussitôt  la couleur

« J’ai tout de suite détesté l’armée »

Mais il n’a pas tout détesté. En tous cas pas les sauts en parachute…

« C’est le sentiment le plus solitaire du monde. 
T’es là tout seul,
et tu peux parler tout bas ou hurler ou faire ce que tu veux,
Après je me suis dit que j’étais maboul de faire ça,
mais j’ai adoré quand même. »

« L’Olympia, en 1966, avec Johnny Hallyday »

Et c’est sur ce ton, mêlé d’humour, de tendresse et de clairvoyance, on peut même dire de philosophie, qu’il raconte ses premiers pas dans le milieu de la musique. Ses rencontres avec les « grands », Little Richard, Eric Clapton, Bob Dylan… L’Olympia, en 1966, avec Johnny Hallyday « qui est un peu l’Elvis français ». Les premiers succès avec son groupe. Ses doutes et ses projets. Son quotidien, en quelque sorte.

Mais ce qui touche le plus dans cet ouvrage, c’est l’homme qui se cache derrière tous ces mots. Imaginez le Jimi Hendrix que vous avez certainement vu sur Internet, à la télé ou, pourquoi pas, sur scène. Cet Hendrix qui, à l’occasion, brûlait sa guitare ou faisait un solo avec ses dents, eh bien, imaginez cet Hendrix-là achetant, en pleine tournée, une carte postale et y griffonnant quelques mots à son père… signé « Ton fils qui t’aime. Jimi »

« Les Monkees, c’est comme des Beatles
 en toc »

Il y a aussi son regard sur les autres. Notamment sur les musiciens et groupes qu’il rencontre ou côtoie. Leur musique n’est pas à son goût ?

« Ensuite on est partis en tournée avec les Monkees. C’est comme des Beatles en toc. Les Beatles, personne ne peut les critiquer, ils sont simplement trop. Alors c’est la honte quand les Etats-Unis balancent les Monkees. Un pur produit commercial. Bon Dieu ! Du jus de chaussette ! »

Et quelques lignes plus bas, il revient sur le groupe.

« Attention, j’aime bien les Monkees eux-mêmes. Le côté personnel était super. C’était des chics types. »

Côté filles ?

« Je suis le plus grand des ringards quand il s’agit d’aborder une fille qui me plaît vraiment. Je ne marche pas au physique parce que, purée, on connaît la chanson. Certaines sont les pires teignes qui soient. Les nanas ont d’autres choses à offrir que leur apparence. Quand je rencontre une fille, je cherche d’abord à savoir si elle est humaine »

Mais bien sûr, dans ce domaine aussi il annonce rapidement la couleur.

« La guitare et la musique passent en premier pour moi. Les femmes viennent après ».

« Je ne suis pas sûr que je vivrai jusqu’à
vingt-huit ans »

Il s’exprime aussi sur la vie. « Ça me rend dingue quand j’entends parler de gens qui meurent dans des guerres ou des ghettos. »

Des témoignages donc émouvants mis en valeur par une mise en page originale et de jolies illustrations. Le cours d’une vie très brève.  

En 1968, Jimi note « Je ne suis pas sûr que je vivrai jusqu’à vingt-huit ans ».

Malheureusement, il ne se trompe pas. Le 18 septembre 1970, à 27 ans, il succombe à un mélange d’alcool et de barbituriques. Il rejoint ainsi le fameux « Club des 27 », créé l’année précédente par Brian Jones et où l’attendent déjà Janis Joplin et Jim Morrison.

Une très belle idée de cadeau de Noël...


Marie Torres
Mémoire d’outre-monde
Jimi Hendrix
Editions JC Lattès, novembre 2013
22,90 euros

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