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Le secret de la famille Thornhill

Marie Torres - 5 mai 2014
L’histoire de Sarah Thornhill, une jeune femme née au début du XIXème siècle en Australie, est touchante. Sûrement parce que son auteur, Kate Grenville, s’est inspirée de sa propre histoire. Mais aussi parce qu’elle rappelle les horreurs du colonialisme et souligne des préjugés toujours d’actualité

« Je suis née en l’an dix-huit cent seize » ; Sarah Thornhill, qu’on m’a appelée, comme ma mère dont le nom était Sarah mais que tout le monde appelait Sal. J’étais le bébé de la famille, alors tout le monde me donnait du Dolly. J’ai jamais aimé Dolly. Jamais voulu être une doll, une poupée. »

Une colonie transformée en « camp pénitentiaire »

Le père de Sarah Thornhill, la narratrice, est anglais. Batelier sur la Tamise, il a été « banni » et envoyé en Nouvelle-Galles du Sud, comme on appelait l’Australie à cette époque ; une colonie transformée en « camp pénitentiaire » pour pallier la surpopulation dans les prisons anglaises. Sa peine purgée, il est devenu propriétaire terrien sur les bords du fleuve Hawkesbury. Lorsque sa première épouse, la mère de ses quatre enfants, est décédée, il s’est remarié. Avec une femme fière et ambitieuse.

« Les Thornhill vivaient sur un grand pied. Trois cents arpents de terre fertile sur les rives du fleuve et il fallait remonter jusqu’à Windsor avant de trouver une demeure aussi imposante que la nôtre ».

« Les gens parlaient de sauvages vivant dans des coins reculés, où les blancs avaient encore jamais mis les pieds »

Sarah Thornhill est heureuse d’autant plus qu’elle est amoureuse de Jack ; Jack avec qui elle veut fonder une famille. Et peu importe qu’il soit pauvre et le fils d’une « naturelle ». D’une noire.

« Y en avait partout, des noirs, à l’époque. Les gens parlaient de sauvages vivant dans des coins reculés, où les blancs avaient encore jamais mis les pieds : ils se promenaient nus comme des vers et mangeaient leurs bébés, qu’ils disaient. Ils tuaient tous les blancs qu’ils rencontraient, ils leur arrachaient le cœur. J’y ai jamais cru. Les seuls que j’avais vus étaient habillés comme nous, sauf que c’étaient des haillons, et on les voyait mal tuer quelqu’un. »

Un récit qui se situe dans le passé mais dont les problèmes soulevés sont toujours d’actualité…

Mais son père et sa belle-mère s’opposent farouchement à son union avec Jack qui finit par partir en Nouvelle-Zélande. Pourquoi ? Quel secret peut bien cacher son père par ailleurs si généreux et si attentif ? La réponse, Sarah devra la chercher dans le passé de sa famille et dans l’histoire de son pays où les aborigènes sont méprisés et massacrés. 

Kate Grenville, née à Sydney en 1950, s’est inspirée de l’histoire de sa famille pour écrire son ouvrage. C’est certainement la raison pour laquelle ses personnages – et notamment sa narratrice – sont si touchants. Attachants. Sarah Thornhill, un récit captivant qui se situe dans le passé mais dont les problèmes soulevés sont toujours d’actualité… 

Marie Torres
Sarah Thornhill
Kate Grenville
Editions Métaillé, mai 2014
22 euros

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