Brésil - Lire

Comment sortir plus vite d’une prison brésilienne…

Marie Torres - 19 août 2014
Si certains détenus brésiliens optent pour une évasion souterraine, d’autres choisissent une évasion… par l’esprit. Les premiers risquent un alourdissement de leur peine, les seconds voient la leur allégée… Gros plan sur une initiative originale, la rédemption par la lecture.

« Une personne peut sortir de prison plus instruite, avec une plus large vision du monde ». C’est ce que déclarait, il y a quelques mois, André Kehdi, avocat à Sao Paolo, et coordinateur du programme « Rédemption par la lecture ».

En quoi consiste ce projet, lancé dès 2009 ? C’est, en fait, une nouvelle approche du système carcérale brésilien qui propose que pour chaque livre  lu par un détenu, celui-ci voit sa peine de prison réduite de 4 jours. Le nombre maximum de livres pris en compte est de 12 par année, soit une réduction de peine de 48 jours par an. Bien entendu, les prisonniers  se doivent de rendre un résumé prouvant qu’ils ont réellement lu et étudié les ouvrages choisis.

Parmi les livres recommandés, « Crime et Châtiment » de Fédor Dostoïevski


« Tous les livres ont un point commun, ils évoquent le destin d’un personnage qui à un moment de sa vie va faire un choix, bon ou mauvais, et en assumer ou non les conséquences »  explique Fabiano Bordignon, directeur de la prison de Catanduvas au centre du Brésil. Et bien entendu, certains ouvrages sont bannis comme, par exemple, The anarchist Cookbook de l’américain William Powell qui rassemble des recettes et des instructions pour… fabriquer des bombes. Parmi les livres recommandés, « Crime et Châtiment » de Fédor Dostoïevski. Récit dans lequel un jeune étudiant, Raskolnikov, pensant être un « sur homme », devient un assassin puis, pris de remords, découvre l’humilité, accepte la condamnation des hommes et se sauve ainsi moralement.

« Hate under the brazilian sun »

« La rédemption par la lecture » vise autant à préparer les détenus à leur réinsertion qu’à vider les prisons surpeuplées. Aujourd’hui, on dénombre au Brésil quelque  473.627 prisonniers dont les conditions de vie sont régulièrement dénoncées par la presse comme par l’Organisation mondiale de lutte contre la torture et Amnesty international. 

Ou encore par des documentaires comme celui d’Adèle Reeves et Leandro Vilaca , « Hate under the brazilian sun », qui raconte l’histoire du système carcéral selon différentes perspectives, en interviewant des détenus et des ex-détenus, leur famille, des gardes, des officiers de police, de directeurs de prison, des groupes de défense des droits de l’homme…

Toutefois, l’initiative peut surprendre puisque la plupart des détenus brésiliens n’ont pas achevé l’école primaire

Quatre années après son lancement, le projet, qui a fait le tour de plusieurs prisons, semble, des dires de Fabiano Bordignon, être une expérience positive : plus qu’un tiers des détenus  prend des somnifères, soit deux fois moins que dans le système carcéral classique,  les violences sont également en recul constant. « Rédemption par la lecture » a également  donné lieu à d’autres projets, dont 200 projections de film, 20 spectacles, 14 bibliothèques et autres actions pour les prisonniers.

Toutefois, l’initiative peut surprendre puisque la plupart des détenus brésiliens n’ont pas achevé l’école primaire et, par conséquent, leurs aptitudes en lecture et en écriture sont rudimentaires… Ceci explique peut-être pourquoi certains préfèrent toujours prendre la poudre d’escampette par des moyens beaucoup plus classiques…

Marie Torres

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