Brésil - Lire - Promenade à Rio

SEBASTIEN LAPAQUE - ‘’On ne peut pas profiter pleinement de Rio si on s’en tient aux clichés’’

Florent ZULIAN (www.lepetitjournal.com - Brésil) - 31 octobre 2014
Romancier, essayiste…, Sébastien Lapaque a été primé en 2002 par le prix Goncourt de la nouvelle. Admirateur de Georges Bernanos, exilé au Brésil pendant la Seconde Guerre Mondiale, il va ainsi débarquer à Rio et y trouver l’inspiration. Il revient cette année avec la Théorie de Rio de Janeiro.

Lepetitjournal.com: Quel est le programme de votre séjour au Brésil ?
Sébastien Lapaque :
Je suis venu voir des amis à São Paulo et Rio. J’en profite pour faire une rencontre avec les élèves du lycée Molière et une conférence à la librairie Léonardo da Vinci. Au lycée, c’était pour parler des relations entre les écrivains français et brésiliens. Je voulais rappeler que la relation littéraire entre la France et le Brésil est très ancienne : les premiers voyageurs, au milieu du 16e siècle, ont laissé des récits de voyage, comme Jean de Léry et André Thévet. Cette relation littéraire a perduré, jusqu’à nos jours, avec Georges Bernanos, Blaise Cendrars ou encore Claude Lévi-Strauss. La relation entre la France et le Brésil, et plus particulièrement Rio de Janeiro, s’est beaucoup faite par les livres, même si elle s’est également faite par l’intermédiaire du cinéma, de l’architecture, de la peinture…

Qu’est-ce qui vous a fait croiser la route du Brésil et de Rio ?
J’ai fait une enquête sur le séjour du romancier français Georges Bernanos entre 1938 et 1945. Il a séjourné à Rio et dans le Minas Gerais, et cette enquête a donné naissance à un livre, en 2003 (Sous le soleil de l’exil, Georges Bernanos au Brésil). Cela m’a donné envie d’approfondir ma connaissance du Brésil, et cela a donné naissance à d’autres livres, dont la Théorie de Rio de Janeiro, que je suis venu présenter à la librairie.

Le Brésil et Rio sont, pour vous, des sources d’inspirations ?
Infinies, oui. C’est tellement riche et varié que, même en ne se tenant qu’à Rio, on en aurait pour toute une vie d’écriture.

Qu’entendre par la Théorie de Rio de Janeiro ?
La théorie doit s’entendre au sens ironique, mais on peut aussi prendre le mot théorie au sens ancien, de ‘’procession’’ : une procession d’images, de souvenirs, de sensations. Et puis c’était aussi l’idée de réinventer l’art de se promener dans une grande ville, à l’heure du tourisme de masse, de la mondialisation des échanges. Il y a toujours des petits chemins de traverses à trouver, des routes qui nous font entrer dans un univers inconnu, il suffit parfois de tourner au coin de la rue pour trouver autre chose.

Vous allez donc au-delà du guide touristique ?
Exactement. C’est l’idée d’apprendre à se promener dans Rio, non pas comme le proposerait un guide touristique, mais tel que pourrait le proposer un écrivain avec sa sensibilité.

Quelle est votre vision de Rio ? On évoque souvent une ville faite d’inégalités, de surprises…
C’est un propos politique. Moi, mon propos l’est assez peu dans ce livre, donc ce n’est pas tellement un regard politique et social qui est porté sur la ville, mais un regard assez mélancolique et artistique. Même s’il peut y avoir des évocations de formes d’injustices, c’est plutôt la question de comment pouvoir s’émerveiller à découvrir Rio comme des voyageurs ont pu le faire au début du 19e siècle, quand la ville était encore un port et qu’on débarquait en bateau au pied de la colline de Gloria, ou à la fin du 19e, avant que les tunnels qui permettent d’aller dans la zona sul ne soient ouverts, ou encore comme dans les années 1960, à l’âge d’or d’Ipanema, juste après l’invention de la Bossa Nova. On peut toujours réinventer un émerveillement lorsqu’on se balade dans une ville. Ce livre, c’est vraiment un art de la promenade.

Tous les quartiers de Rio possèdent des endroits à découvrir ?
Il me semble, oui. Je n’ai pas fait un guide du Rio insolite, en cherchant spécifiquement les endroits méconnus. Moi, c’est plutôt les endroits selon monœur, qui me plaisent, parfois connus et familiers, mais en rappelant leur charme de manière un peu différente.

Vous pourriez refaire ce travail à propos d’une autre ville ?
J’ai en projet d’écrire une théorie d’Alger, qui est également une ville très intéressante et mystérieuse, qu’on connaît, vue de France, à travers des clichés. Il y aura sûrement une autre façon de la connaître. C’est ce que j’ai voulu faire aussi sur Rio parce qu’autrement, on ne peut pas profiter pleinement de Rio si on s’en tient aux clichés.

En France, cet aspect du Brésil et de Rio est-il abordé suffisamment selon vous ?
C’est vrai qu’on se dit que les Brésiliens vouent à la France une amitié qui ne leur est pas toujours bien rendue. Les Français n’ont pas toujours une bonne connaissance du Brésil, et les voyageurs français ont souvent une image caricaturale de Rio. Effectivement, l’ambition de ce livre a pu être, en partie, de rééquilibrer les choses.

Combien de temps conseillez-vous de rester à Rio pour suivre vos indications ?
Si vous restez dix jours avec l’intention d’explorer différemment Rio, vous aurez envie de revenir dix autres jours, puis dix autres. Je pense que c’est sans fin. Cela explique pourquoi de nombreux français sont tombés amoureux de cette ville, et s’y sont installés.


Théorie de Rio de Janeiro
Sébastien Lapaque
Editions Actes Sud
10,00 euros

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