- Lire Mexique, le pays où l'on flingue les journalistesMarie Torres - 10 septembre 2015 « Mourir au Mexique » de John Gibler est un reportage sur la violence, liée aux cartels de la drogue, qui gangrène le pays. Il décrit la difficulté pour les journalistes, menacés par le crime organisé et par les politiques corrompus, d’informer la population. Un bel hommage à la profession.
![]() « Tout attentat contre un journaliste est une attaque contre le droit même de la société à être informée » Au Mexique, Reporters Sans Frontières a recensé 88 assassinats de journalistes et collaborateurs de médias en lien certain ou possible avec leur profession, depuis 2000. A ces meurtres, s’ajoutent une vingtaine de disparus… Devant ce constat, quelque 500 intellectuels, dont Salman Rushdie ou encore Paul Auster, ont adressé une lettre au président mexicain, Pena Nieto, dans laquelle ils lui demandent de protéger les journalistes. Une requête que le journaliste d’investigation américain, John Gibler, soutient. A sa manière. Avec un livre Mourir au Mexique. Mi-essai, mi-reportage, son ouvrage nous plonge au cœur de la violence qui, depuis des années, gangrène le pays. « Certaines drogues peuvent nuire, mais la prohibition tue » Il y a d’abord, un constat. Un constat sans appel. « Le Rapport sur les drogues de 2009 indique qu’entre 170 et 250 millions de personnes consomment des drogues illicites à travers le monde. Les Etats-Unis sont les plus gros consommateurs mondiaux de toutes les drogues présentes sur le marché. En 2009, le nombre de consommateurs a battu des records aux Etats-Unis, au Mexique ça a aussi été l’année la plus sanglante de la guerre de la drogue. La corrélation directe entre l’usage récréatif des drogues aux Etats-Unis, la prohibition, et le crime et la terreur qui se déchaînent au Mexique est inévitable. Certaines drogues peuvent nuire, mais la prohibition tue. » Et, en effet, depuis que le président Felipe Calderón a, en 2006, relancé la « guerre contre la drogue », la peur n’a fait que se répandre parmi la population, première victime de cette politique. Car si la militarisation du territoire et l’augmentation du nombre de morts sont bien une réalité, l’éradication du narcotrafic est, elle, une chimère : 95 % des crimes liés au narcotrafic ne font l’objet d’aucune enquête. Echec ? Pas du tout. Ici, au Mexique, il s’agit plutôt d’un très beau taux de réussite… Et pour cause, l’objectif n’est pas la justice mais l’impunité. Car, ici, la complicité entre les narcotrafiquants et les membres de l’Etat n’est plus un secret pour personne. Comment dans ce contexte informer la population ? C’est là que John Gibler coiffe sa casquette de reporter et nous introduit dans l’univers du journalisme d’investigation. Enfin… « C’est comme si quelqu’un avait son arme pointée sur toi à chaque instant » « Ici, le journalisme d’investigation est mort, me dit Pepis. Par exemple, quand un groupe d’assassins des cartels laisse un message écrit sur une scène de meurtre, Primera Hora annonce qu’un message a été laissé, mais l’article ne comporte ni le contenu du texte ni une photo du message écrit. Cette décision éditoriale a été prise par quelqu’un qui appartient au cartel de Sinaloa » Une situation qui fait aujourd’hui du Mexique l'un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes. Aussi, bien des médias ont renoncé à traiter du narcotrafic, par crainte de représailles violentes, d’où un climat d’autocensure fatal à la liberté d’information. « « Personne n’a besoin de se déplacer et de te menacer », m’explique Javier Valdez Cardenas, journalise et cofondateur de l’hebdomadaire Riodoce, basé à Culiacan. « Cette situation est déjà une menace. C’est comme si quelqu’un avait son arme pointée sur toi à chaque instant. Les narcos contrôlent de nombreuses régions du pays ; ils ont la mainmise sur les gouvernements et sur les salles de rédaction des journaux. Quand tu écris un article sur les narcos, tu ne penses pas à ton rédacteur en chef. Tu ne penses pas au directeur de l’information. Tu ne penses pas au lecteur. Tu penses aux narcos et tu te demandes s ‘ils vont l’aimer, s’il va les déranger, s’ils viendront t’attendre la sortie de ton travail pour t’embarquer. Les narcos contrôlent les salles de rédaction. » Mais si l’information est bel et bien muselée, elle n’est pas morte pour autant. C’est ce que nous fait découvrir dans son ouvrage John Gibler en allant à la rencontre des journalistes et des membres de la société civile. Un livre très riche complété, pour l’édition française, d’un épilogue inédit. Marie Torres pour www.micmag.net
Mourir au Mexique
John Gibler Editions CMDE, août 2015 15 euros |
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