Rio de Janeiro - Portraits

Guillaume Pierre "A Rio, nous avons actuellement une présence culturelle française emblématique"

Lepetitjournal.com - 13 mars 2014
Le nouvel attaché de coopération et d’action culturelle du consulat de France à Rio est en poste depuis le mois d’octobre. A 42 ans, Guillaume Pierre a derrière lui une solide expérience internationale. Portrait et programme des prochains événements culturels français..

Tout d’abord, est-ce vous pouvez nous en dire un peu plus sur votre parcours ?
Guillaume Pierre : Ce poste fait suite à une carrière d’un peu plus de vingt ans durant laquelle j’ai alterné des fonctions dans les médias puisque je suis journaliste de formation (Télérama, réalisation pour France 3, développement des médias en Afrique) et dans la coopération et l’action culturelle via le ministère des Affaires étrangères avec des postes au Cambodge, en République Démocratique du Congo et en Turquie.

En quoi consistent concrètement la coopération et l’action culturelle au sein d’un consulat ?
Dans son travail diplomatique, la France utilise un outil très important qui est la coopération culturelle, c’est-à-dire le travail sur les échanges intellectuels et artistiques avec le reste du monde. C’est à la fois de la culture classique (expositions, concerts, pièces de théâtre, etc.), mais aussi un travail de fond de coopération dans différents secteurs comme la santé, l’éducation, l’urbanisme, avec une attention particulière portée sur les échanges universitaires. Ma mission est donc de coordonner le travail d’une équipe ici à Rio sur ces secteurs et d’être l’interface avec les interlocuteurs brésiliens qui sont soit demandeurs de culture française, soit de savoir-faire français. Nous avons en plus la chance d’avoir ici deux outils de grande qualité que sont le théâtre de la Maison de France, qui accueille également le Cinemaison, et la médiathèque. Un nouveau projecteur va être installé dans le théâtre, ce qui va encore améliorer la qualité et le confort de cette salle qui est déjà l’une des plus agréables de Rio tandis que la médiathèque sera refaite à neuf. Nous aurons alors en fin d’année un outil magnifique et moderne permettant de partager notre goût français pour les bibliothèques.

La semaine prochaine, c’est la francophonie qui est fêtée à travers le monde. Quels sont les événements prévus à Rio ?
Ces jours-ci, nous avons une présence culturelle française au Brésil qui est emblématique. Nous avons notamment la chanteuse Zaz, aujourd’hui une référence, qui sera pour quatre jours au Brésil avec des concerts à Belo Horizonte le 19 mars puis à Rio le jeudi 20 mars, au Circo Voador. En même temps, en ce moment, nous avons deux pièces de théâtre qui sont montées par des compagnies brésiliennes sur Camille Claudel : une au théâtre de la Maison de France, classique, et une au théâtre du Jardin botanique, un monologue intitulé Visitando Camille Claudel. Nous avons enfin le 24 mars au Musée d’art de Rio (MAR) l’ouverture d’une exposition d’art contemporain d’un collectionneur français qui va durer deux mois. Elle comporte une centaine de peintures dont des chefs d’œuvre du 20e siècle (Fernand Léger, Matisse, etc.). Nous avons ainsi là un spectre de ce que peut être une présence culturelle forte et active avec du théâtre "intellectuel", de l’art contemporain raffiné et de la musique très grand public. Le rôle du consulat, c’est de faciliter tout cela en apportant chaque fois une forme d’appui.

D’autres grands événements culturels français sont-ils déjà prévus pour le reste de l’année ?
En 2014, nous aurons une saison musicale importante avec notamment un concert de Michel Legrand, la venue des Arts Florissants ou encore de chanteurs de hip-hop dans le cadre d’un festival en avril. La présence française sera également forte dans les festivals de danse, de cinéma, de théâtre et de cirque Le programme sera d’autant plus riche en 2015 qui verra Rio fêter ses 450 ans avec une série de manifestations françaises, à la demande de la mairie, qui s’annoncent tout à fait passionnantes. Mais de manière générale, toute l’année est jalonnée par la venue d’événements culturels importants. A Rio, il n’y a quasiment pas une semaine sans qu’il y ait la présence d’un artiste ou d’un événement culturel français.

Est-ce que le consulat a toujours autant de moyens pour aider la diffusion de la culture française malgré la situation délicate des finances de l’Etat ?
Le mode d’aide a évolué. Nous ne sommes plus dans un financement à 100% par les autorités françaises, nous sommes plus dans de l’accompagnement, de la facilitation, de l’incitation. On veille à ne pas rester que dans des choses patrimoniales, comme Camille Claudel ou Michel Legrand par exemple, mais aussi de donner de la place aux formes nouvelles comme Zaz ou du hip-hop. Nous sommes là pour que les choses se fassent et qu’il y ait un équilibre des représentativités des différents courants de la création française. Après, nous ne sommes pas que dans de la diffusion culturelle, je tiens à souligner notre travail de fond, de coopération, pour faire en sorte que les professionnels français et brésiliens travaillent le plus possible ensemble et que des projets conjoints franco-brésiliens se développent et soient pérennes comme dans le secteur audiovisuel au Rio Content Market ou éducatif comme le lycée de Niteroi. Nous essayons également de développer un maximum de masterclass, de formations et d’échanges, dans le domaine universitaire, mais aussi avec les jeunes des quartiers défavorisés de Rio autour des grands événements pour ne pas être que dans des paillettes et de la diffusion..

Le précédent consul général de France à Rio, Jean-Claude Moyret, voyait dans la culture un rôle essentiel pour la diplomatie. Qu’en pensez-vous ?
C’est en effet la marque de fabrique de la France d’avoir un outil de diplomatie culturelle particulièrement performant et incontestable. D’autres pays en ont une plus ou moins affirmée, mais ils ne travaillent pas de la même façon que la nôtre. J’ai travaillé notamment au Rwanda où toute relation avec la France avait cessé, mais des échanges culturels avaient malgré tout perduré, permettant de garder un lien permanent. Au-delà des vicissitudes politiques, les échanges culturels et universitaires inscrits dans la durée nourrissent la relation entre deux pays de manière très forte. Un étudiant qui part faire une partie de ses études en France sera marqué à vie et c’est pourquoi la coopération universitaire est stratégique. Elle contribue à préparer l’avenir et entretenir une relation franco-brésilienne déjà extrêmement dense.

Qui dit francophonie dit langue française, votre travail consiste-t-il également à la promouvoir ?
La langue française, c’est l’une des dimensions du travail, sans être la seule, car nous travaillons également en portugais et dans d’autres langues. Mais le message que l’on fait passer avec le français, c’est la défense d’une diversité culturelle. Il n’y pas uniquement un monde de l’anglophonie. S’ouvrir au français, c’est s’ouvrir au monde, et cela vaut aussi pour toutes les autres langues. La défense du multilatéralisme et du plurilinguisme est importante pour s’assurer d’une planète qui n’est pas uniforme.

Pour finir, quelles sont vos impressions du Brésil et de Rio après ces quelques mois en poste ?
Ce qui est passionnant à Rio, c’est que l’on est à la fois dans une grande proximité avec notre univers intellectuel et philosophique (références européennes, proximité linguistique), on se comprend vite entre Français et Brésiliens, on est sur la même longueur d’onde. Mais on est aussi dans un grand décalage, une grande distance géographique vis-à-vis de la vieille Europe et d’un certain Occident qui est parfois autocentré. C’est ce paradoxe d’être dans du proche et du lointain, du connu et du nouveau, qui me plaît tant ici.


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