Brésil - Portrait, musique João Donato, une vie amazonienneStephane de Langenhagen - 13 avril 2015 Invité d'honneur du Festival Banlieues Bleues 2015, voici enfin le pianiste João Donato sur une scène française majeure. Une grande première pour ce monstre sacré de la bossa nova toujours en activité. Portrait d'un infatigable musicien, compositeur et arrangeur, vainqueur de cinq Grammy Awards.
![]() Des années qu’il en rêvait. Pour João Donato, se produire sur une scène parisienne, dans la ville de Debussy et de Ravel, était un manque à combler. L’invitation tant attendue est venue en 2014 du Ministère de la Culture brésilien, à l’occasion de l’exposition au Grand Palais du célèbre diptyque « Guerre et Paix », le chef d’œuvre du peintre brésilien Portinari. Après cette date trop confidentielle de circonstance, voici João Donato de retour dans l'Hexagone, en clôture du Festival Banlieues Bleues, son premier "vrai" concert en France. Il était temps : même s’il affectionne les chemises à fleurs, les casquettes de rappeurs et les chaussettes fantaisistes, le pianiste originaire de l’Acre, un état du Nord du Brésil situé sur les contreforts des Andes, va sur ses 81 ans. C’est l’un des derniers monstres sacrés de la Bossa Nova encore en activité. Dès son plus jeune âge, il manifeste des dons pour les instruments à touches, accordéon, piano. Atteint de daltonisme, puisqu’il ne peut pas suivre les traces de son père, premier aviateur et commandant de la police militaire de la région, il sera musicien. « On n’était pas les bienvenus, les gens voulaient entendre des chanteurs à grosse voix » A la fin de la guerre, lorsque la famille déménage à Rio, le tout jeune Donato se retrouve engagé parmi les orchestres de radio. Il découvre le jazz, enregistre le chorinho Brejeiro d’Ernesto Nazareth avec le flutiste Altamiro Carrilho, et traîne avec ses voisins du quartier qui ont pour nom Tom Jobim, Johnny Alf, Luiz Bonfá ou encore Paulo Moura. Fasciné les groupes vocaux qui triomphent au Brésil, il fait la connaissance de celui qui va devenir le plus célèbre des João, João Gilberto. Les deux vont partager nombre de galères, avant que le phénomène Bossa Nova enflamme la jeunesse carioca. « On n’était pas les bienvenus, reconnaît-il, les gens voulaient entendre des chanteurs à grosse voix ». Viendra enfin le temps de la reconnaissance, qui les mènera en compagnie de nombreux musiciens brésiliens à effectuer un premier séjour en Europe (sauf en France), et dans l’Amérique de Kennedy. Après avoir goûté à une formidable liberté d’expression musicale, le retour au Brésil s’avère plus difficile que prévu, et João Donato refait ses valises pour les States. Une nouvelle expérience qui va durer près de dix ans dans le monde du jazz, de la fusion et des latinos, auprès desquels il retrouve sa faiblesse pour l’exotica. De Bud Shank à Chet Baker en passant par Mongo Santamaria et son ami Horace Silver, de Clare Fisher à Claus Ogerman, tous ont eu une influence déterminante sur le style Donato : un jeu à la fois aérien et syncopé, parfois dissonant, construit sur les boucles, à la Thelonious Monk. « Monk ne ressemblait à personne, moi non plus, il y a beaucoup d’improvisation dans ma musique », admet-il, même s’il se définit avant tout comme amazonien. Le découverte de James Brown est à l’origine de son chef-d’œuvre, A Bad Donato, un concentré de funk amazonien, de psyché et d’afro-cubain enregistré en 1970 à Los Angeles sous la direction de Tommy Lipuma, qui lui a donné carte blanche. Donato et son tube A Rã se retrouvent dans les hit-parades du monde entier, il peut maintenant dire au revoir à l’Amérique. Une nouvelle jeunesse et un nouvel amour après un arrêt de plus de vingt ans Mais si les morceaux de Donato sont désormais célèbres auprès des instrumentistes, au Brésil, aucun interprète ne peut les chanter : ils n’ont toujours pas de paroles. Le crooner Agostinho Dos Santos lui suggère de palier à ce manque. Aussitôt une horde d’auteurs se relaient : son frère, le fidèle Lysias, Marcos Valle et Paulo Cesar Pinheiro pour Quem é Quem en 1973, Gilberto Gil et Caetano Veloso pour le suivant, Lugar Comum en 1975, puis Martinho da Vila et Chico Buarque, pour ne citer que les plus connus. Après un arrêt de près de vingt ans, João Donato reprend le chemin de la scène et des studios, via les labels indépendants, et s’offre depuis une nouvelle jeunesse auprès des Cazuza, Leila Pinheiro, Arnaldo Antunes, ou encore Marcelo D2. Et un nouvel amour. En mars 2015, après une série de concert avec le cubain Chucho Valdès, il annonce sa participation au Rock in Rio : un record pour cet octogénaire qui aura tout vécu. De ses années d’enfance le long du fleuve Acre, il a gardé un sourire espiègle, et une douce mélancolie. Après des retrouvailles en 2007 avec son vieux complice Bud Shank, la Suite Symphonique Populaire est le projet qui occupe sa vie dorénavant : un « dialogue » avec Debussy, auquel il voue une admiration sans borne « Je veux faire quelque chose avec lui qui m’a accompagné toute ma vie, entrer dans sa musique avec la mienne, mais sans rien changer », dit-il. João Donato n’a maintenant plus qu’une idée en tête : revenir méditer devant la maison du père de la musique moderne, entr'aperçue lors de sa première venue à Paris. Stephane de Langenhagen
João Donato en concert le 17 avril 2015 au Festival Banlieues Bleues
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Photo extraite du film de Mario Grave - S'abonner sur notre canal Youtube pour avoir accès à nos films :
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