paris - reportage

Salles de ciné - Grève chez MK2 et méthodes coup de poing de la direction

Iris Sergent - 13 mai 2012
Samedi 12 mai, les salariés des cinémas parisiens MK2 se mettaient en grève pour dénoncer la politique salariale opérée par les dirigeants. Au cœur du débat, un avenant imposé unilatéralement aux contrats de travail des projectionnistes, selon lequel ces derniers deviendraient "multivalents".

Solidaires, les salariés étaient une vingtaine à manifester leur désaccord à la dégradation des conditions de travail des 25 projectionnistes, salariés par la société MK2. Le point de départ de cette journée de grève réside dans un avenant à leur contrat de travail selon lequel ces derniers deviendraient "multivalents". En d'autres termes, ils devraient assurer, en deçà de la tenue des cabines de projection (emploi qualifié sanctionné par l'obtention d'un CAP d'opérateur), l'accueil des spectateurs, la vente des billets et la tenue du comptoir confiserie..., sans aucune précision de garantie du temps passé en cabine. De quoi faire grincer des dents !

Le leitmotiv à cette modification des conditions de travail, le passage au numérique, pourtant effective depuis deux ans et largement subventionnée par le ministère de la culture.

Le salariés dénoncent l'illégalité de cette modification unilatérale des contrats dans la mesure où elle ne s'insère dans aucune GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences), pourtant légalement obligatoire et quand bien même la direction avait proposé, il y a quelques mois, un accord tacite leur permettant de conserver leur statut.

Une décision impactant l’emploi et les conditions de travail de l’intégralité des salariés

La peur des salariés est bien compréhensible puisque cet avenant justifierait la baisse des effectifs des agents d’accueil, déjà largement surmenés, puisqu'ils sont également polyvalents (tenue de la confiserie, nettoyage des salles à l'inter-séance et billetterie). En effet, certains craignent un non renouvellement des CDD des agents d’accueil. Et qui donne bon dos à la direction, puisque dans ce cas de figure, il n'est plus nécessaire de procéder à des licenciements...

Cette baisse des effectifs aurait également pour conséquence une détérioration de la qualité du service : difficulté à tenir les locaux propres, à renseigner correctement les spectateurs mais surtout à garantir la qualité des projections. Il importe peu que la direction que les salariés soient en première ligne en cas de mécontentement de la clientèle.

Une entreprise culturelle soutenue par les pouvoirs publics

En effet, le groupe MK2 applique une hausse permanente du prix des séances, malgré une affluence record et quand bien même la qualité des services proposés à la clientèle laisse de plus en plus à désirer. Pour Mk2, il n'y a pas de petites économies : la rémunération du personnel laisse également à désirer, comparée à celle pratiquée par ses principaux concurrents (Gaumont, Pathé).

Pourtant, l'objet culturel de l'entreprise lui donne droit à percevoir des subventions publiques destinées à favoriser l'éducation culturelle, l'activité étant hors AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services) bien qu'à but lucratif. On se demande si les pouvoirs publics n'auraient pas des contreparties sociales et tarifaires à imposer contre l'octroi de ces avantages financiers...

Violence symbolique de la direction et mépris des droits collectifs du travail

Malgré la solidarité existant entre les salariés, la mobilisation était à peine perceptible, si ce n'est devant le MK2 Quai de Loire. Selon la représentante de SUD Culture, nombreux sont ceux qui auraient reçu des menaces orales, donc non punissables en pratique, pour les dissuader de se joindre à la journée d'action, mais surtout continuer à faire tourner la boutique. Et ici même, la présence d'un huissier était destinée à maintenir les grévistes à bonne distance des billetteries et des files d'attente donnant accès aux salles. Le but affiché : empêcher les manifestants de communiquer sur leur action. Côté direction, silence absolu sur les revendications des grévistes...malgré notre demande de complément d'informations.

Action coup de poing, donc, de la direction. Mais la violence n'est pas que symbolique : filmage et prises de photographies des manifestants, refus d'un droit de réponse de SUD, accusé de manipuler les troupes, présence permanente d'un huissier, menaces... ont permis à la direction de maintenir l'intégralité des sites ouvert, sans trop tenir son image d'entreprise "humaine". A se demander ce qu'il subsiste d'un droit de grève, pourtant constitutionnellement garanti !




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