France - Vintage

Le graffiti est-il un art? Questions à "Libre Kom l’Art"

Monique Cabré - 6 juin 2012
Le "graffiti" ou selon son nom d'origine le "Writing" est un art de l'écriture. Il transporte des valeurs humaines, sociales, met en avant des talents artistiques souvent méconnus.

Souvent pratiqué en groupe (le Crew), il se réalise souvent dans des lieux un peu en marge (Squats, terrains vagues, usines désaffectées...), ce qui lui a valu d’être associé à la banlieue, mais sa pratique est bien plus large.

Mathieu, originaire de Basse-Normandie se présente comme un artiste de rue, connu sous le nom de Libre Kom L’Art. Il travaille au sein de l’association "Magik Black Tree".

Questions à Libre Kom l’Art :

Quelle est l’origine du graff ?

Le graffiti trouve ses origines dans les quartiers pauvres américains. Il se pratiquait dans les terrains vagues des quartiers de New York, ou des banlieues de Los Angeles. Il a été ramené en Europe par des jeunes qui avaient les moyens d’aller outre-Atlantique.

 "Il est issu de la culture Hip-Hop aux valeurs de paix, d’amour et d’unité"

Il fait aujourd’hui partie de la famille du Street Art, et se définit comme une discipline qui a pour outil la bombe aérosol, le marqueur ; il se pratique sur de nombreux supports.

Qu’apporte le graff dans notre environnement ?

L’art est une vraie respiration ! Je crois qu’il donne de la vie, mais qu’il peut également apporter plus de paix. Le graffiti est une façon de s’impliquer dans sa ville, de se faire plaisir et de faire plaisir. D’un mur gris sans intérêt, on apporte une nouvelle dimension. On lui donne une vie qu’il n’avait pas. Le choix des couleurs est important, c’est ce qui donnera une âme à l’oeuvre. Les créations sont souvent des travaux collectifs et on peut les associer à la culture du collage. Lorsqu’on fait une fresque par exemple, chacun apporte sa sensibilité et au final il doit s’en dégager une harmonie d’ensemble. Ainsi c’est tout l’art du graffiti que d’être ouvert au dialogue, pour construire tous ensemble une oeuvre.

 "il peut apporter une conscience citoyenne et être favorable à une paix sociale"

Où peut-on voir vos créations ?

Mon travail est visible essentiellement dans les rues de Caen. Je réalise des fresques pour des animations de rues sous forme de performances sur planches le plus souvent, et je crée des oeuvres sur des murs, également pour des particuliers ou des entreprises.

Comment se définit votre démarche artistique ?

Elle s’inspire des influences transmises par des artistes tels Jean-Michel Basquiat, JonOne, El Seed, L’Atlas… Le travail de calligraphie y est essentiel. Je cherche au travers de la lumière, du verbe, des couleurs, à créer une ambiance propice à l’introspection. L’idée est d’explorer l’âme humaine par le travail du trait, proposer une image qui vient du cœur !

Je crée également en atelier sur différents supports ; mes travaux s’articulent autour de l’image du scribe, de textes courts et de l’art de la mosaïque.

Pourquoi le graff n’est-il pas forcément soutenu, voire reconnu ?

Sans doute en raison de l’image qui lui a été donnée dans les grands médias. Tout le mouvement Hip-Hop a largement été caricaturé et cela à des fins politiques ! Le "jeune de banlieue" est devenu le symbole d’une fracture sociale. Bref, un des attributs qui lui a été associé est le graffiti. Bien sûr, c’est une idée fausse ! De plus, le nettoyage coûte cher à la collectivité et renforce l’idée que c’est une activité "sale" car pratiquée dans la rue. Mais S’il existe des graffitis sans réelle valeur esthétique, se limitant  à une réaction impulsive sans réflexion aboutie, des oeuvres de grande valeur artistiques méritent le respect. La culture graffiti est plus riche que l’image qu’elle affiche et c’est pour la faire connaître et comprendre, que nous luttons.

Le graff est donc un art ?

Définitivement, oui ! Il appartient à la culture Hip-Hop qui a des valeurs d’unité, de regroupement et de cohésion sociale. C’est même un Art citoyen !


Jean-Michel Basquiat (1960-1988), la référence

Peintre figuratif américain, Basquiat a vu le jour à Brooklyn, né d’une mère portoricaine et d’un père d’origine haïtienne. Très jeune, il fréquente régulièrement le MoMa et s’imprègne des courants artistiques qu’il observe avec passion. Délaissant les études, il commence à couvrir les murs de Soho et de Manhattan de graffitis qu’il signe SAMO ("same old shit"). Il est considéré dès lors comme le pionnier de la mouvance Underground newyorkaise, née dans la rue et dans le métro.

Son œuvre, marquée par la colère, la révolte, mêle l’art brut, la bande dessinée, le collage, le jazz, le rap… Il trouve là un moyen d’expression pour lutter contre la ségrégation raciale.

Il participe à diverses expositions et devient un artiste en vue. En 1983, sa rencontre avec Andy Warhol, la star du pop art, est décisive dans l’évolution de sa carrière. Ses œuvres sont désormais reconnues dans le monde entier et sa cote ne cesse de grimper. A 28 ans, il meurt d’une overdose !

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