02-02-2011 16:37:08

Pourquoi un tel succès des grandes expos ?

Les Français sont de plus en plus nombreux à se rendre au musée. Les tabous sautent. Les grandes expositions temporaires atteignent des chiffres records et ce phénomène de société qui tourne le dos à la crise ne saurait s’arrêter là ! Enquête.

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Le nombre d’actions généreuses visant les musées commence à porter ses fruits. Une démocratisation serait-elle en marche ? Ou la foule suit-elle les phénomènes de mode et succombe aux techniques de communication ? Les Français semblent renouer avec ces lieux qui autrefois étaient considérés comme poussiéreux ou destinés à une élite culturelle. Et pour preuve, les derniers chiffres le confirment : 35% des Français se sont rendus au moins une fois dans un musée du pays (soit dans l’un des 1 176 établissements) l’année passée. Certes, tous les Français, surtout les provinciaux, n’ont pas encore franchi le pas et méconnaissent certains trésors culturels près de chez eux, tandis que le  chiffre national de visiteurs est en constante augmentation. Bien évidemment, les musées d’Ile de France concentrent 59% des visiteurs. Pour les plus connus comme le Louvre, ce fut une hausse record et insensible à la crise, soit 8,5 millions de personnes malgré un prix d’entrée plutôt cher. Même son de cloche du côté de la Ville de Paris et ses musées comme la maison de Victor Hugo, le musée Galliera, le charmant musée de la Vie romantique, le musée Bourdelle, etc., soit 30% de fréquentation en plus qu’en 2007. Bien sûr, des expos-phares comme celle de Raoul Dufy au Musée d’Art Moderne a vu 143 000 visiteurs. L’une d’elles, comme celle de "Picasso et les Maîtres" (près de 800 000 visiteurs comptabilisés en 2009) ont marqué les esprits avec les derniers jours et les dernières nuits où des queues interminables ont bravé le  froid et la crise. Même succès pour l’expo autour de Claude Monet malgré le froid (400 000 visiteurs) et celle de Basquiat (100 000 visiteurs fin janvier 2011). Il faut dire que ces expositions temporaires très médiatisées aident la population à prendre le chemin, difficile pour certains des petits musées ou des musées de province nettement moins populaires et pourtant captivants. Les raisons d’une telle progression ? Les différentes politiques qui se sont succédées au poste du Ministère de la Culture ont aidé à démultiplier l’offre dans les beaux-arts, l’histoire et la préhistoire. Et toujours plus de grandes expositions qui drainent les foules. Autre atout, des visites sont faites sur mesure pour petits et grands, troisième âge et professionnels. Tout est étudié pour une meilleure utilisation de l’espace comme la signalétique mise en place. Les musées tendent à s’écarter de plus en plus de l’image trop scientifique ou froide. Une politique de pass ou d’abonnement est à présent très utilisée. Les horaires sont devenus flexibles. En province, là où les problèmes demeurent, on ne ferme plus entre midi et deux et dans les grandes villes, il est question d’avoir des ouvertures en nocturne. Et toujours plus de libre accès : dès le 4 avril dernier, les jeunes Français et ceux de la communauté européenne de moins de 26 ans peuvent se rendre gratuitement dans une cinquantaine de musées et une centaine de musées nationaux. Seront-ils nombreux à s’y rendre ? L’avenir nous le dira. Les enseignants vont pouvoir faire de même.  Des initiatives et des actions maintiennent la pression médiatique comme celle de "la Nuit des musées" le 14 mai.

Même les bas salaires !

La Direction des musées de France est fière d’annoncer un bilan positif. Les diplômés à haut revenu sont toujours les visiteurs majoritaires. Mais l’on apprend aussi que nombre de Français qui gagent près de 900 euros par mois, soit un quart d’entre eux se rend une fois par an dans une exposition. Certes, la démocratisation des musées n’est plus un vain mot. Et ce succès visible l’est aussi sur le Net. Des expositions comme celle d’Utrillo et Valadon (malgré 9 euros de prix d’entrée) à la Pinacothèque font un malheur ! De ce fait, 100 000 visiteurs se sont rués sur le site de la Pinacothèque en un mois. Même succès pour Basquiat. Outre le retentissant succès de l’exposition Warhol (11 euros au Grand Palais), il y a sur le très contesté site Facebook, 12 000 fans de l’artiste qui s’émoustillent, s’interpellent et écrivent sur l’expo en cours. Phénomène parisianiste, il y a des vernissages où il faut être vu. Les grandes expositions font jaser le petit monde culturel citadin. Certains  se sentent obligés de se rendre à des grandes messes même si au départ ce n’était ni dans leur intention ni à leur goût. L’expo "Picasso et les Maîtres" en fut l’exemple le plus frappant malgré un prix d’entrée élevé à 12 euros. Autre réussite : 35 000 personnes sur deux jours se sont agglutinées dans les allées pour voir la collection Bergé-Saint Laurent au Grand Palais. Une exposition qui débouchait sur une vente, elle aussi à succès. Les polémiques font aussi monter la cote des musées. L’accrochage des oeuvres de Jeff Koons au château de Versailles a fait couler beaucoup d’encre. Même une manifestation de royalistes s’est déroulée aux abords du château. L’opération le Louvre à Abou Dhabi  a été l’occasion de nombreuses prises de positions nationales et internationales, de guerres internes et de limogeages. Dernière polémique en date : celle du projet du musée de l’Histoire de France désiré par le président Nicolas Sarkozy. Car chaque président veut laisser pour la postérité son musée. C’est une manière française d’approcher l’éternité divine des grands  pharaons ! Et c’est tant mieux pour les nombreux amateurs de musées.

 Hélios Molina


 

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