Paris - Reportages

Le grand atelier à ciel ouvert de la Place du Tertre en manque de jeunes talents

Marie Torres - 22 mai 2014
Depuis près de soixante-dix ans, la Place du Tertre, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, accueille des artistes peintres, portraitistes, caricaturistes ou encore silhouettistes. Cependant, et malgré une nouvelle réglementation, tout n’est pas rose dans le grand atelier à ciel ouvert.

Montmartre ? Ça commence avec quelque 300 marches à gravir au milieu de jardins qui mènent  jusqu’à la Basilique du Sacré Cœur. Montmartre c’est aussi, et surtout, la Place du Tertre. Avec ses artistes. Peintre, portraitistes, caricaturistes  et silhouettistes.

Et aujourd’hui, on ne peut pas imaginer la Place sans ses artistes

Une tradition qui remonte au début du xxe siècle, époque où de nombreux peintres comme Picasso ou Utrillo vivaient dans le quartier. Et puis, avec le temps, c’est devenu une coutume. Une tradition. Et aujourd’hui, on ne peut pas imaginer la Place sans ses artistes. Sans ses chevalets, son odeur de peinture et de térébenthine.  

« Après les Beaux-Arts, je me suis installé ici sur la place et voilà quarante ans que j’y suis ! J’ai fait une belle carrière. Aujourd’hui, je respecte ce lieu et je lui dis « merci Montmartre » » raconte Ghassan Salman, portraitiste.

Il y a quarante ans, tout comme il y a encore deux ans, il suffisait de produire à la Mairie du XVIIIe, un dossier comprenant un CV et quelques œuvres. Mais, au fil du temps, les usages ont changé. Et pour cause : les œuvres fournies n’étaient pas toujours réalisées par les postulants. Et, une fois établis sur la Place, les « faussaires » revendaient souvent des toiles importées de Chine…. A prix forts et à des touristes dont le seul souhait était de « repartir avec un souvenir »…

Aussi, en  2012, le Conseil de Paris a aménagé le règlement pour déjouer cette contrefaçon. Dorénavant, les aspirants à un emplacement doivent passer une épreuve pratique pour prouver qu’ils savent peindre et dessiner. Les imposteurs sont démasqués ! Satisfaction des artistes ? Oui… et non, comme l’explique Ghassan Salman.

« Le problème c’est que les peintres qui ont de l’expérience sont âgés et  il manque des jeunes sur la Place du Tertre »

« Le concours pratique que fait passer la Mairie de Paris, c’est bien parce que ça écarte les falsificateurs. Mais il reste un problème. Les artistes sélectionnés sont ceux qui ont de l’expérience et ils sont âgés. Il n’y a presque plus de jeunes sur la Place du Tertre, c’est  pour cela que je dis que le concours n’est pas très juste car au final il n’y a que des professionnels qui obtiennent des emplacements et ceux-là n’ont pas besoin d’intégrer la Place. Il faut donner leur chance à des jeunes même s’ils ont peu de moyens. Comment avons-nous fait nous il y a quarante ans ? Nous nous sommes perfectionnés ici.  Maintenant il n’y a que des vieux retraités ou des gens venus des pays de l’Est ou de Chine… et même s’ils ont la capacité de faire des portraits, je le dis et le répète : il faudrait de temps en temps intégrer deux ou trois jeunes et leur donner leur chance. »

Une autre cause de mécontentement est le montant des droits d’occupation de la Place qui, pour la saison 2013/2014 s’élève à 288,59 euros. Une somme considérée beaucoup trop élevée par rapport à celle payée par les cafetiers alentours qui paient un montant forfaitaire alors que les artistes paient une redevance à titre individuel.

Mais, selon la Mairie du XVIIIe, « les droits des terrasses ont été augmentés et des négociations ont été engagées avec les cafetiers pour aménager les terrasses en améliorant leur aspect esthétique. » Ce changement est en cours et cette nouvelle configuration devrait libérer de la place aux artistes. A suivre…

Marie Torres
Informations pratiques :
Ouverture du Carré :
Place du Tertre, Paris XVIIIe
De 8 h à 2 h du matin du 1er avril au 15 novembre
De 9 h à minuit du 16 novembre au 31mars

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