Haïti - Les artistes - A la rencontre des acteurs culturesl

'Haïti & la culture ? Une force tellurique de la Caraïbe- Nos rencontres -Nos portraits

Hélios Molina - dec 2017
Ils sont cinéastes, slameurs, éditeurs, photographes, écrivains, journalistes, agitateurs culturels tous impliqués dans une lame de fond qui agite les sphères culturelle d’un pays qui a besoin d’échapper au quotidien par l'éther poétique, la musique ou les images.

Photo de l'artiste sculpteur Jean Hérard Celeur dans son atelier de Port-au-Prince. ©Photo Hélios Molina

Des militants  de l’utopie pour un Haïti sans corruption, sans misères, débarrassé du machisme ambiant et de l'homophobie. Mais comment faire pour contrer ces quelques groupes financiers puissant ici,  maîtres des besoins vitaux de tout citoyen haïtien ? Comment faire face aussi au politiciens corrompus ? Quelle est leur vision du monde, leur rapport au vaudou ?

Nos interlocuteurs ici bas tentent de répondre à ces questions.

Fred Brutus, ancien candidat à la présidentielle, éditeur :

« Il y a de grandes valeurs à l’intérieur de chaque Haïtien »

Micmag : Pourquoi un tel succès de la littérature haïtienne dans le monde ?

Fred Brutus : C’est une conséquence de la pauvreté, il faut bien se faire valoir quelque part ! C’est la volonté de vivre, de passer par le haut. Et tout ceci crée une ambiance extraordinaire. C’est une contradiction mais la réalité de ce pays. C’est un grand pays tiraillé par une instabilité environnementale et politique, de pauvreté terrible mais il y a de grandes valeurs à l’intérieur de chaque haïtien.

Micmag :  Vous fréquentez des dignitaires de l’Etat, des hommes politiques et tout haïtien parle de l’énorme corruption qu’il y a dans ce pays…

FB. : Ils ont appris ça de ceux qui nous ont colonisés. C’est une corruption héritée particulièrement de la France.

M. : Y a t-il une possibilité de voir un jour des gens honnêtes au pouvoir ?

FB : Je crois que oui. Au fond il y a beaucoup de changement dans ce pays. On peut imaginer que partout dans le pays on se regrouper, critiquer le pouvoir et il ne sera pas inquiété. Mais tout ceci n’est pas accompagné par une volonté de construire. C’est ce qui a manqué à la démocratie haïtienne née depuis 1986. Une démocratie creuse parce que elle ne s’est pas suffisamment intéressée que quotidien des gens. La construction du quotidien se fait dans le silence et dans le temps.

M : Mais vous avez débuté dans l’édition ?

FB  Je me suis toujours intéressé aux livres. J’ai fait mes premiers livres en 1982 . J’ai étudié le droit les sciences politiques, j’ai fait un long parcours dans la presse, radio, télévision, un parcours dans la politique, un membre influent du  KID, j’ai été candidat à la présidence. J’avais des choses à dire que les autres n’osaient pas dire. Je voulais avoir cette tribune là pour dire que les hommes politiques ne peuvent pas faire grand chose:  parce ‘qu’ils vont demander de l’argent à ceux qui font que ce pays est dans cet état. Depuis mai 2011 j’ai fondé cette maison d’édition. J’ai réuni la plupart des grands auteurs haïtiens. Je fais aussi de grands essais parce que ce pays à mes yeux une maison d’édition doit avoir un comportement citoyen.. Le devise de notre maison est :liberté- citoyenneté-  littérature. On ne peut pas faire dans ce pays qui a de si grands besoins que de la littérature. Je fais beaucoup de débats sur des grandes questions que ce soit l’environnement, la démocratie, les partis politiques, le rôle des femmes dans cette société très machiste.

M : Justement un débat agite l’Europe en ce moment, la Catalogne et l’indépendance, votre avis sur cette question ?

FB : je pense  que la glasnost qu’à connu l’union soviétique a fait beaucoup de petits à travers le monde. Le processus est imparable., ça va continuer.

« La vie est une dame qui a mal au ventre »  
Jacques Adler Jean pierre, journaliste, comédien, animateur de radio (Caraïbes FM), acteur de cinéma, défenseur de la langue créole
.

Homme souriant et affable de 40 ans, apprécié aux delà des frontières d’Haïti Jacques Adler est auteur de quatre livres dont « Des mots pour mourir après l’Amour »(poésie), Editions Bas de page, 2010 , Zeta anba wob, Editions C3, 2013, Des mots pour mourir après l’amour suivi de Lettre à ma fille (poésie), Editions C3, 2014. Son dernier titre « TI gris »

Se détache de sont travail un sens insulaire, une poésie autour du quotidien du peuple, son émancipation,  sa culture d’évènements politiques . « Je crois que nous ne sommes pas sur terre pour rien, la vie est une dame qui a mal au ventre et j’écris à partir de ce que je comprends. E

Et cet humoriste parlant est réaliste : « le haïtien n’a pas de pouvoir d’achat pour le livre mais il arrive quand même grâce aux centres culturels, aux bibliothèques de proximité dans les mains. Même si disons le 70% seraient analphabètes. Mais pour inciter ces jeunes il y a des ateliers de création d’écriture. Et puis si Haïti est une terre d’écrivains c’est parce qu’ici nous avons beaucoup de choses à dire. Nous sommes une génération qui s’intéresse à la littérature.

Critique musical, il joue aussi du tambour vaudou dans les cérémonies car le vaudou est partie intégrante de la culture en Haïti. D’où vient cette peur du vaudou par les occidentaux ? « C’est un discours des chrétiens dans le but de détruire, un complot contre le vaudou. Car c’est une culture qui n’a rien à voir avec la conception de l’église catholique.  Le retour des zombis ? Pour nous les morts, c’est comme un membre de la famille qui n’a plus la même capacité. »

Beo slameur, 26 ans : « Ecrit pour conjurer la honte »
Béonard Kervens Monteau
qui a nous a accueilli à l’aéroport est poète et slameur. Il est connu ici sous le nom de Béo. Pour lui la provocation est le seul moyen de défense. Mais il met en avant la tendresse, le fantasme et la poésie avant toute chose. Comment fait-on ici pour vivre de son art ? Béo répond sans détour :  « On se serre en famille et on s’en sort même si quand, nous sommes de la classe moyenne ». Le jeune homme qui se dit athé et gauchiste, cite les noms de Gramsci et Nietsze comme des référents dans sa vie « mais je vis plutôt dans l’utopie. » Ecrit pour conjurer la honte » est un petit livre co écrit

Rachèle Magloire, le message fort du film documentaire  haïtien
Grandi au Québec durant la dictature des Duvalier. Rachèle est une militante qui a vécu de nombreuses expériences de presse, TV et documentaires en Afrique comme au Canada. Femme engagée pour une lutte contre les injustices d’ici ou d’ailleurs, elle s’est faite remarquer pour « Les enfants du coup d’Etat » en 1999 et ensuite « Deported » (documentaire de 2013)

Dans le premier, elle revient sur les viols de femmes durant le coup d’Etat militaire de 1991 à 1994. Dans le 2e doc, elle part à la rencontre de ces fameux haïtiens qui ont grandi aux USA, qui n’ont quasiment aucune attache avec Haïti. Mais suite à des ennuis judiciaires, il sont déportés par les autorités américaines et arrivent dans l’île après leur peine de prison américaine ou soit la double peine leur est appliquée. De véritables chocs humains qui déambulent dans les rues de Port-au-Prince ou dans la campagne, à la recherche d’eau pour le squat. Des êtres semi détruits par leur nouvelle vie imposée sans humanité et sans appui moral. Ce dernier doc Co réalisé avec Chantal Regnault est un cri de citoyen maudit à la gueule du géant américian tout proche, imperturbable malgré le désarroi humain.

Rachèle revient pour nous sur le tremblement de terre de janvier 2010  : « J’étais en stationnement avec ma voiture quand cela a commencé. J’ai vu un pan d’église s’effondrer. Depuis tout a changé. Plus rien n’est comme avant. Notre rapport à la vie n’est pas le même. C’est comme si on nous avait coupé un bras. Nous sommes tous fragiles. »

Josué Azor, le photographe de l’underground gay de Port-au-Prince


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  • Le directeur Vanyan, chorégraphe + artistes de la troupe de danseurs Vanyan
  • Danseurs de Jacmel ©H.M.
  • Rachèle Magloire documentariste ©Hélios Molina
  • Josué Azor, le photographe de la nuit festive de Port-au-Prince ©H.M.
  • David Bontemps, pianiste haïtien vivant au Canada en concert à Jacmel. Photos H.M.
  • Jean François Vanel Pierre, sculpteur sur bois Port-au-Prince ©PH. H.M.

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