- Vintage

Hugues Cornière : « Le vinyle est plus sympathique que le CD et encore plus que le téléchargement »

Marie Torres - 10 août 2023
Une formation aux Beaux-Arts, des années passées dans la presse et l'édition... et une longue passion pour la hi-fi vintage. C'est cette dernière qui a gagné et l'a poussé à s'installer au Marché Dauphine. Et ça dure depuis 17 ans...

Micmag.net : Quand avez-vous commencé à chiner ?

Hugues Cornière : Les vieilles platines, les vieux amplis, les vieilles enceintes, c'est une passion que j'ai depuis l'âge de 14-15 ans et qui a empiré quand je suis arrivé à Saint-Ouen : j'ai acheté une maison avec un grand local... je chinais, j'achetais beaucoup et j'entassais.

M. : Vous n'aviez pas encore votre boutique ?

H.C. : Non, j'achetais pour moi. En fait, quand j'aime quelque chose je dois le connaître à fond. Il me faut l'essayer, l'avoir eu entre les mains, le faire fonctionner. Dans mon entourage, on me prenait pour un acheteur compulsif !

M. : Depuis quand êtes-vous installé sur le Marché Dauphine ?

H. C. : Je suis arrivé ici il y a 17 ans.

M. : Vous aviez déjà du matériel, celui que vous aviez... entassé

H.C. : Oui. D'ailleurs si je dois donner un conseil à quelqu'un qui veut ouvrir une boutique sur les Puces ou créer un magasin d'antiquités, c'est de partir avec un stock existant. On ne peut pas avoir 3 ou 4 choses qu'on va mettre dans la boutique et espérer trouver du réassort régulièrement. Il faut partir avec quelque chose de solide au niveau du stock quand on démarre.

M. : Vous avez donc démarré avec du matériel hi-fi vintage. Des platines, des amplis...

H.C : Oui… et, il y a 17 ans, je faisais figure de précurseur. C’était la grande vague de la dématérialisation, du téléchargement ; les CD étaient déjà en voie d’obsolescence alors le vinyle, on n'en parle même pas !

M. : Et puis finalement le vinyle est revenu...

H.C. : Certainement grâce aux collectionneurs. Le disque vinyle est plus sympathique que le CD et, évidemment, bien plus que le téléchargement ! La FNAC a réduit ses linéaires de CD et augmenté ceux de vinyles. Les « majors » (grosses maisons de disques) sont revenues en force et se sont ruées sur la chaîne de fabrication.

M. : La chaîne de fabrication ?

H.C. : Principalement, les usines de pressage. En Europe, il doit en rester 3 ou 4 alors qu'à la grande époque du vinyle, il y en avait des dizaines dans tous les pays : en France, en Espagne, en Italie... Aujourd'hui, quand les stars internationales comme les Rolling Stones sortent un album en vinyle, ces usines-là sont prises d'assaut et leur chaîne de production monopolisée. De ce fait, les petites productions (500-1000 exemplaires) ont des délais de fabrication d'un an, voire plus. Quand vous avez un an de délai et que vous avez fait des avances de trésorerie, ça devient très compliqué de tenir. Du coup, cette tendance durera-t-elle ? Peut-être que la clef est dans la fluidification de la chaîne de fabrication…

M. : Le retour du vinyle explique le retour des platines, des amplis...

H.C. : En effet, cela a permis de faire découvrir ou redécouvrir tout ce matériel hi-fi. Toute une jeune génération qui en a marre du son des portables est aujourd’hui à la recherche de choses plus qualitatives. Il y a aussi les personnes des générations précédentes qui ont connu les vinyles sans avoir forcément les moyens de s'acheter du matériel de qualité à l’époque et qui, grâce à ces appareils reconditionnés devenus abordables, peuvent désormais se le permettre.

M. : Côté ventes ?

H. C. : Cette année, j'ai un gros ralentissement depuis le mois de mai, avec une grosse baisse de fréquentation de « vrais » clients, notamment parisiens et franciliens. Ajoutez à cela la vente sur internet qui est énorme.

M. : Une tendance un peu générale...

H.C. : L'année dernière, je suis allé à New York, je n'ai jamais vu autant de boutiques à louer. Et cela n'avait rien à voir avec le Covid. Les commerçants ont fermé et se sont mis sur internet parce qu'il n'y a plus de loyer, moins de charges à payer, même les petites boutiques s'y sont mises. Cette tendance est peut-être en train d'arriver ici. Aux Puces on a toujours eu un gros turnover : dès qu'une boutique se libérait, elle était reprise. Maintenant, c'est plus lent... beaucoup plus lent.

M. : Un objet plus demandé que les autres ?

H.C. : Les anciennes enceintes Elipson, qui est la marque qui fournissait la Maison de la Radio. On me demande aussi des objets vus dans des films, dans des reportages ou des magazines ou dans certains cafés à la mode où un DJ passe de la musique aux clients dans des conditions optimum avec des enceintes de très haut niveau, des amplis haut de gamme, une pratique venue du Japon.

M. : Votre stock de départ ?

H.C. : Il est (presque) complètement épuisé !

Lire aussi : Les objets cultes du rock

Marché Dauphine, un marché singulier et ultra-spécialisé


Marie Torres pour www.micmag.net
Hugues Cornière
Marché Dauphine 140, rue des Rosiers à Saint-Ouen
Stand 28 (rez-de-chaussée, allée centrale)
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  • Enceinte Elipson, modèle BS 50 du début des années 1970.
  • Graveur d'acétates

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