16-01-2012 17:55:07

Téhéran - Histoire d'une révolution de bloguers

"Le PRINTEMPS DE TÉHÉRAN" primé au Sundance Film Festival, s'inspire de mille extraits de blogs. Tout comme les personnages des étudiants, Azedeh et Keveh, protagonistes et fil conducteur du film, représentent toute une génération.

Par Brigitte Berganton (Paris)

Ce docu-fiction d'Ali Samadi Ahadi revient sur le mois de juin 2009, en Iran, où déferle une vague verte... Couleur de l'Islam, du drapeau iranien, des partisans du candidat à l 'élection présidentielle, Mir-Hossein Mousavi, le vert, est l'incarnation de l'espoir de la nation iranienne et particulièrement celui de sa jeunesse qui transcende largement à ce moment-là de son histoire son soutien au candidat démocratique. L'enthousiasme et la force de ce phénomène, visible à Téhéran et dans d'autres grandes villes du pays, révélaient un mouvement collectif porteur de renouveau pour le pays et témoignaient d'une foi en un changement, improbable auparavant, à l'encontre des représailles, de l'oppression et du despotisme lié au régime d'Ahmadinejad. La révolution verte était teintée d'euphorie...

"Ahmadinejad est réélu avec 63,9% à la consternation générale"

Le synopsis de ce film, primé au Sundance Film Festival, s'inspire de mille extraits de blogs. Tout comme les personnages des étudiants, Azedeh et Keveh, protagonistes et fil conducteur du film, représentent toute une génération et son rêve d'une transition démocratique possible en Iran.

Emportés par cette vague verte qui déferle sur le pays, ils nous plongent au cœur de leur combat, espoir, peur et souffrances aussi.

Le Printemps de Téhéran est un hybride, composé d'images glanées sur le Web, de témoignages et d'interviews de personnes-clés : le docteur Shirin Ebadi, avocate et Prix Nobel de la Paix qui se bat en faveur des droits de l'homme et de la liberté en Iran ; le professeur Payam Akhavan, ancien procureur au Tribunal Pénal International de La Haye, chercheur et professeur de Droit international, entre autres fervent défenseur des Droits de l'Homme pour les prisonniers politiques iraniens et cofondateur du Centre de Documentation sur les Droits de l'Homme ; le docteur Mohsen Kadivar, philosophe et ecclésiastique shiite, professeur d'université, écrivain et dissident politique ; Medhi Mohsen, journaliste et blogueur qui défend des idées réformistes et ancien assistant de Mousavi avant les élections ; enfin Mitra Khalatbari, journaliste souvent primée et persécutée par le régime.

L'autre partie de ce documentaire est faite de séquences d'animation (42 minutes). Le réalisateur et le directeur artistique ont opté pour une  narration originale : le motion comic. Car beaucoup d'images récupérées étaient de mauvaise qualité et les images d'archive insuffisantes.

"L'Iran est une nation de blogueurs... Ces blogs s'avéraient être le bon vecteur pour faire entendre la voix du peuple", confie le réalisateur qui  avait conscience de l'impossibilité de tourner en Iran.

En revanche, dans un premier temps, les blogs se multiplient, les réseaux sociaux sont investis et des vidéos circulent sur la toile. D'ailleurs, dès les années 1999-2003, des blogs iraniens figurent parmi les plus reconnus au monde et illustrent déjà la mouvance réformiste de l'époque. Malheureusement, la censure du régime s'interpose depuis 2005 et toute critique de blogueur est passible de poursuite. Pourtant en 2009,  les blogs reprennent de l'ampleur et Internet est au centre de cette révolution.

Mais ce bel élan et ses espoirs s'évanouissent à l'aune des résultats électoraux. Ahmadinejad est réélu avec 63,9% à la consternation générale.  Les élections sont déclarées truquées, les gens se précipitent dans la rue.

Néanmoins, le Guide suprême Khameini déclare que les résultats de l'élection sont incontestables et lance des menaces envers les manifestants. Dès lors, les mesures coercitives touchant la résistance pacifique s'accentuent. La milice du gouvernement réprime violemment le mouvement. Les vidéos et photos sur Internet montrent des miliciens à moto patrouillant la foule et frappant à coups de gourdins et de couteaux des manifestants, écrasant des blessés...

Selon les chiffres officiels, dès les premiers jours, plus de 5 000 personnes ont été arrêtées et de nouvelles restrictions importantes à la liberté d'expression, d'association, de réunion on été ajoutées. Les manifestations pacifiques sont interdites. La répression est particulièrement cruelle, les arrestations arbitraires. Le monde entier se souvient encore des derniers instants de Nega Agha Soltan, une jeune femme abattue par un Bassidji au cours d'une manifestation pacifique à Téhéran. Sans parler des rafles nocturnes, des arrestations massives, des jugements aux procédures iniques ou de la prison de Kharizah, où pullulent les mauvais traitements et la torture. Le gouvernement voulait anéantir tout désir de liberté et toute forme de résistance.

Aujourd'hui, la pression du régime ne s'est pas relâchée. La répression des manifestations du 14 décembre 2011, solidaires des soulèvements en Egypte et en Tunisie, l'a encore prouvé. De même, les journalistes, les blogueurs, les professionnels du 7ème Art, les étudiants, les syndicalistes indépendants, les militants politiques, les défenseurs des droits humains et les militants des droits des femmes sont toujours visés par des mesures de répression.

Ce film, tourné en un temps record de 10 mois, représente l'engagement  du réalisateur face aux événements de l'été 2009, un acte pour sortir de la torpeur, une volonté de jeter un pont entre deux cultures, de ne pas abandonner sa terre natale. En effet, installé avec sa femme en Allemagne, l'ironie du sort veut que c'est au moment où il présente en avant-première sa comédie Salami Aleikum (1er long métrage), très bien accueillie au festival d'Emden que l'Iran est à feu et à sang.




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