20-09-2011 13:52:38

Charleville-Mézières-Guignol, viens me sauver du marasme !

Le festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières fête ses 50 ans! Pendant dix jours, tous les deux ans, compagnies et festivaliers envahissent la ville. Le reste du temps les habitants, et notamment les jeunes ont tendance à fuir...

Par Iris Sergent (Charleville-Mézières)


Le festival mondial de marionnettes de Charleville-Mézières est un franc succès. En Cinquante ans, la ville est devenue la capitale mondiale de la marionnette. Elle donne un nouveau souffle à la marionnette et au théâtre d’objets par la diversité des thèmes abordés qui ne sont clairement pas que pour les enfants. Au programme, de la poésie, du rêve, des comédies, des tragédies, des satires contemporaines, aux côtés des traditionnels Guignol et Polichinelle. La marionnette est devenue protéiforme et est le leitmotiv de recherches expérimentales et d’une créativité en pleine explosion. Et les passionnés sont au rendez-vous.                                                                  Ainsi le nombre d’habitants passe de 58 000 à 150 000 ! Rien que ça !

Le festival donne donc un peu de souffle à celle qui fut la ville que Rimbaud a tant détestée. Oui mais la jeunesse fuit. Et pour cause. Charleville-Mézières, est une ancienne ville industrielle qui a mis la clef sous la porte : exit les usines et les commerces, la ville souffre d’un chômage endémique et d’une misère chronique. Le manque de dynamisme est palpable malgré l’accueil chaleureux et festif que réservent les Carolomacériens aux visiteurs. J’apprends ainsi à leur contact le nom et le goût des bières locales et la recette de "la cacasse à cul nu", ce plat typique à base de pommes de terre, d’oignons, de farine et de sauce tomate dont le nom et la popularité en disent long sur une situation économique plus que centenaire. Elle est à cul nu, la cacasse, lorsqu’il n’y plus de lardons pour l’agrémenter… Plat du pauvre, qui tient au corps et qui me donne l’eau à la bouche à condition qu’il soit culotté. Nenette, ma prof de cacasse, m’explique que la situation économique et sociale de la ville est vraiment dure. "Beaucoup de gens sont au chômage ici. Alors tu comprends bien que les jeunes ne restent pas. Et puis en ce qui concerne le festival, les places sont trop chères pour nous, nous n’en profitons pas vraiment, même si on peut en avoir quelques unes gratuites (si tu te lèves de bonne heure). Ce sont les visiteurs qui en profitent, la culture devrait être accessible à tous. Imagine, 15 euros la place, alors que tu ne sais pas vraiment ce que tu vas aller voir…".

Donc, au sortir de la gare, vendredi matin à 10h, l’impression d’être dans une ville fantôme. Si peu à peu la ville s’anime avec la venue en masse des festivaliers et des compagnies d’artistes, l’odeur de renfermé qui imprègne la chambre d’hôtel qui nous est réservée ne se dissipera qu’après trois jours d’aération intensive, au moment du départ. Bienheureux seront ceux qui nous succèderont. Je me demande comment les hôteliers et autres commerces survivent ! Pour Hamid, sympathique salarié de notre hôtel, le constat est terrible "Il faudrait que le festival ait lieu tous les ans. La ville est en train de mourir. Dès que les jeunes ont dix-huit ans ou leur bac, ils partent faire leurs études à Bruxelles, Strasbourg ou ailleurs et ne reviennent jamais. En trois ans, la ville a perdu plus de 4 000 habitants et essentiellement ses jeunes". Même odeur de renfermé en ce qui concerne les équipements publics, aménagés en salles de spectacle le temps de l’évènement.

Pourtant, l’atmosphère chaleureuse est là, des passionnés de tous les pays sont au rendez-vous le temps d’un festoch, les curieux aussi… la ville est animée, les commerces et vendeurs ambulants remplissent les caisses, les artistes font rire et pleurer, les cœurs s’animent, les salles sont pleines à craquer… Au regard de ce succès, je me demande comment l’on peut encore dire que la culture n’est pas un moteur économique fort ? Le fait que le festival ait désormais lieu tous les deux ans est en soit la preuve que miser sur la culture peut rapporter. A quand donc un festival annuel pour que Guignol redonne la banane à tous les Carolomacériens ?



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