Brésil - Reportages

La question indigène au Brésil encore loin d’être résolue

Lepetitjournal.com - 19 août 2014
Le Brésil a été récemment dénoncé à l'ONU en raison du traitement qu'il inflige à ses minorités indigènes dont la présence pose toujours autant de questions de santé et de survie. Lepetitjournal.com fait le point sur cette cohabitation souvent mouvementée.

Le Brésil, c'est le mélange de cultures et de mode de vie différents. La colonisation portugaise s’est traduite par l'assimilation des indigènes, comprenant son lot de zones sombres et de violences dans un lent processus de mixage des cultures. Cependant, certaines ethnies refusent la vie à l'occidentale qui est le modèle dominant aujourd'hui, continuant de vivre de chasse et de pêche dans la nature et selon les rites de leurs ancêtres.

Les relations entre le Brésil et ces ethnies ont ainsi toujours étés plus ou moins conflictuelles. Un accord a été trouvé en 1988 avec le statut de l'indigénat inscrit dans la Constitution. Les peuples indigènes sont reconnus, de même que leurs terres qui sont déclarées ''inaliénables'' et ''indisponibles''. Or le Brésil entame sa révolution agricole au tournant des années 1990. De nouveaux conflits ont surgit entre tribus et fazendeiros, les paysans qui exploitent les terres.

Le Brésil en expansion agricole
Le Brésil est notamment connu pour sa culture de soja du fait de sa position de leader mondial avec ses 88 millions de tonnes de soja produites par an dont la moitié pour l'exportation. Ce marché juteux, autant pour les exploitations que pour nourrir les animaux d'élevages, est encouragé par le gouvernement qui compte continuer dans cette voie là avec une politique de désenclavement du Mato Grosso ainsi qu'une augmentation de 35% de la production sur les dix années à venir. Mais le Brésil est aussi champion dans la production de riz, de maïs et de biocarburant où il atteint la deuxième place du podium avec 30% de la production mondiale.

Le conflit se cristallise donc entre ces oppositions, d'une part les indigènes qui désirent rester sur leurs terres qu'ils revendiquent comme leur appartenant de droit, de l'autre les fazendeiros qui veulent accaparer ces terres pour la culture. L'Etat brésilien penche toujours en faveur des fazendeiros et les indigènes se voient expulsés de leurs terres.

Des conditions de vie misérables pour les indigènes
La situation se détériore graduellement sur tous les plans pour les Indiens qui veulent continuer de vivre selon leurs coutumes. Il en résulte des campements illégaux, la précarité de l'habitat, voire les parcs dans lesquels ils sont regroupés. Au niveau social, la violence des fazendeiros à leur égard, le racisme latent de la société entraînent de fortes tensions, notamment lors des retomadas, ces tentatives des indigènes pour récupérer leurs terres lors d'assauts qui se soldent souvent par un échec et des morts. Lesconditions de vie détériorées des tribus, qui n'ayant plus la forêt comme ressource, remplacée par les champs de culture, ne peuvent plus vivre de la chasse et la pêche, provoquent malnutrition et maladies. D'autres maladies proviennent des pesticides déployés dans les champs qui atteignent les tribus vivant à proximité.

C'est pour ces raisons que le Brésil a été dénoncé à l’ONU le 20 mai dernier pour sa ''régression des droits des indigènes'' qui rend compte de cette opposition entre les tribus indigènes et la volonté de l'Etat de développer le secteur agricole. ''Est en cours au Brésil une série d'articulations et d'initiatives qui visent à réduire et à supprimer les droits des peuples indigènes, reconnus par la Constitution Fédérale Brésilienne et réaffirmés par des traités internationaux. (...) Le modèle expansionniste brésilien cherche à rendre les territoires indigènes, ainsi que d'autres segments et communautés traditionnelles, disponibles à l'exploitation sans contrôle des biens naturels, à l'expansion de l'agro-industrie et à l'implantation de grands projets'', avait déclaré à la tribune Lindomar Terena, un indigène du Mato Grosso do Sul et représentant de l'Articulation des peuples indigènes du Brésil (Apib).

Indiens menacés : le combat de David contre Goliath

En réaction à cette situation insupportable une tribu guarani kaowi avait déjà réagi en écrivant une fameuse lettre ouverte au gouvernement en 2012. Cette communauté vit dans le Mato Grosso do Sul et compte environ 150 personnes. Cette lettre stipulait qu'au vu de leurs conditions de vie misérables et de leur situation précaire sur leurs terres desquelles ils allaient être dépossédés sur décision de justice, ils demandaient à mourir de manière collective afin d'arrêter ce massacre qui se perpétue lentement mais sûrement. ''Nous sollicitons que soit décrété notre mort collective et que nous soyons tous enterrés ici'', disait la missive. Ainsi, ils seraient enterrés sur la terre de leurs ancêtres, comme le veut leur religion et tradition.

Ce choc des cultures résulte non seulement de deux manières diamétralement opposées de voir le monde, mais pose aussi un problème d'assimilation. L'Etat brésilien veut, d'une part, développer son marché de l'agriculture, mais doit tenir compte de ces ethnies vivant sur son territoire et qui se doivent d'être protégées. C'est la modernité occidentale et son modèle de consommation de masse qui vient se heurter au modèle religieux et traditionnel de la société indienne qui préfère vivre en accord avec la nature et ses traditions.

- Lire l'entretien de notre partenaire, "Carnets du Brésil", avec l'artiste indigène Cristino Wapichana



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