Une ascension fulgurante…
Cet homme d'affaires de 56 ans est le fils d'un ancien ministre des Mines et de l'Energie, qui a également été président du groupe Vale do Rio Doce. Très vite, Eike Batista mise sur les matières premières. Ses mines d'or, d'argent et de fer acquises au Brésil, au Canada, au Chili et en Argentine lui assurent un succès immédiat.
Sous l’ère Lula, il bénéficie de l’aide de la BNDES (la banque brésilienne du développement) qui lui prête environ 4 milliards de dollars pour étendre encore plus son empire. Il diversifie à tout-va ses activités et acquiert des champs pétroliers au large des côtes brésiliennes, développe un port à Rio, tout en misant sur l’hôtellerie. A l'approche de la Coupe du Monde, il s’intéresse aussi au monde du football : il conclut un accord afin d'être le revendeur exclusif des billets pour la compétition et s’allie à l’entreprise de construction Odebrecht pour obtenir la gestion du stade du Maracanã.
Eike Batista construit de 2005 à 2012 un conglomérat d’entreprises variées, dont le nom porte systématiquement un "X", symbole de la multiplication de ses richesses. Pendant ces années glorieuses tout semble lui sourire. C’est pourtant une sérieuse chute qui attend au tournant l’entrepreneur, qui se voulait le parfait exemple de la croissance brésilienne.
… avant la descente aux enfers
La situation commence à se corser en juin 2012, lorsque l’homme d’affaires annonce que les objectifs de production de la société pétrolière OGX, qui est au centre de sa stratégie, ne seront pas atteints. Il perd peu à peu la confiance de ses actionnaires qui se mettent à revendre massivement leurs actions. Le cours s’effondre. OGX entraîne dans sa chute toutes les autres entreprises de la holding. Depuis le début de l’année 2013, les actions des six entreprises de Batista cotées à la Bovespa ont perdu plus de 60% de leur valeur – avec un record pour OGX qui accuse une chute de 90%. L’estocade a été portée le 1er juillet 2013 par Standard & Poor’s qui a abaissé la note d’OGX de B- à CCC, une notation qui frôle le défaut de paiement.
Les motifs expliquant cette chute vertigineuse semblent multiples. On lui reproche à la fois une diversification trop intense et une trop grande interdépendance des principales sociétés cotées. Ainsi, quand l’une s’est affaiblie, c’est tout l’empire qui a été ébranlé. Par-dessus tout, on lui reproche son excès de confiance dans la gestion de ses affaires, axée principalement sur les effets d’annonce en bourse, plus que sur le développement réel des entreprises.
Amélie PERRAUD-BOULARD lepetitjournal.com - Brésil