J’avais l’intention de consacrer cette chronique au sculpteur monosémique français d’envergure supra-nationale, Bernar Venet, à l’occasion de l’exposition de ses gigantesques œuvres en acier Corten dans les jardins du Château de Versailles…
Et puis je tombe sur le texte de mon excellente consœur Amélie Pékin, paru dans le magazine Artension … Difficile de faire mieux ! Alors, je vous envoie cette page que j’ai tout spécialement scannée pour vous.
Saluons le courage d’Amélie Pékin et du dit magazine, qui, autant que je sache, sont les premiers à oser flinguer avec autant d’allégresse ce produit emblématique de l’imbécilité artistique officielle au pouvoir dans l’ hexagone.
Car la question qui se pose concernant ces énormes bouts de ferraille tirebouchonnés (la même d’ailleurs qui se pose pour les blockhaus du mur de l’Atlantique, pour l’architecture soviétique, pour les colonnes de Buren, pour les centrales et déchets nucléaires) est celle-ci : comment va-t-on bien pouvoir se débarrasser un jour - quand on sera moins con-temporain qu’aujourd’hui - de ces monstrueuses et informes crétineries, pour oublier à tout jamais ces témoins de la déliquescence créative de notre époque ?
Enfin, pour attester du caractère vraiment fabuleux du parcours de l’artiste (et du niveau de crétinerie de notre époque), je vous ai réservé cet extrait d’un texte du fameux critique d’art Bernard Marcadé, commissaire de l’exposition à Versailles : "En 1961, lors de mon service militaire à Tarascon, Bernard Venet avait réalisé une performance où on le voyait couché au milieu de détritus. C’était sa première oeuvre revendiquée comme telle. Plus de 50 ans après cette action, l’artiste occupe la cour d’honneur et les jardins du Château de Versailles …"
A Lyon, des cathos présumés intégristes profanent une oeuvre d’art contemporain.
Ça y est : la colonne de casseroles de 7 m de haut que l’artiste Pascale Martine Tayou avait installée dans l’église Sainte Bonaventure vient d’être fracassée par ce que l’on soupçonne être un groupe de cathos intégristes.
Ainsi, la profanation escomptée s’est bien produite, le scandale a bien éclaté, et tout ceci pour le plus grand profit médiatique de l’artiste, du musée d’art contemporain, du curé de la paroisse et de la ville de Lyon. Il y a eu en effet des articles dans tous les journaux régionaux et nationaux et une double page dans Le Monde où l’attentat de Lyon est associé à celui, concomitant, d’Avignon (où l’on a vu, à la fondation Lambert, la fameuse photo d’Andres Serrano - celle du Crucifix trempé dans l’urine - également fracassée par le même type de cathos présumés fachos).
L’opération de com’ a donc fonctionné à merveille et les différents concepteurs et promoteurs du tas de casseroles s’en frottent les mains, car, au prix où sont actuellement les espaces publicitaires, l’ensemble de la surface gratuitement consacrée au récit de cet événement dans tous les médias, doit bien représenter quelques centaines de milliers d’euros.
Alors, bien sûr, ce que l’on pourrait attendre de ces médias, de ces commentateurs, de ces journalistes, plutôt que d’être les complices passifs de cette grosse opération de communication sans contenu artistique, c’est qu’ils effectuent un vrai travail d’investigation, d’information et d’explication; c’est qu’ils fassent leur boulot, c’est qu’ils essaient de s’informer et de nous informer sur les véritables enjeux en amont, sur les bénéfices sous-jacents des différents protagonistes de cette histoire.
Voici ce qu’ils auraient pu expliquer et dire, si l’omerta oppressive qui règne en matière d’art contemporain ne les rendait pas tout avachis de la plume, du cœur et du cerveau :
1- Expliquer pourquoi c’est un curé réputé pour ne rien sentir ni comprendre à l’art, qui a accepté le deal avec l’artiste et le MAC Lyon, et comment cette méconnaissance de l’art - et peut-être de la foi chrétienne - le place ainsi aux avant-gardes des deux. Savoir si l’utilisation d’un édifice public à des fins de mise en scène personnelle avait l’assentiment de sa hiérarchie et de ses ouailles. Expliquer en quoi cette colonne de gamelles atteint un niveau record d’irrespect envers la dimension sacrée de l’art, envers la foi des bâtisseurs d’églises et de cathédrales. Dire que 95% des paroissiens (et des lecteurs de journaux) qui ont réagi sur Internet, ont exprimé leur désaccord sur la présence de cette colonne, sans être pour autant d’affreux intégristes, et sans qu’on tienne compte de leur opinion, etc.
2- Dire qui est cet artiste opportuniste qui joue à fond la carte de l’africanité pour se placer dans les réseaux de l’art international, qui utilise cyniquement le thème de la misère africaine pour fabriquer un produit de haute spéculation artistico-financière, qui hurle au racisme anti-black dès qu’on conteste la validité artistique de ces tas de matelas, de parapluies, de tables, de chaises de poubelles, de casseroles, de détritus divers, etc. Expliquer pourquoi il avait besoin de cet alibi du curé de Sainte Bonaventure, et pourquoi l’attentat dont son oeuvre a été l’objet va augmenter considérablement sa cote sur le marché du Financial Art des collectionneurs milliardaires.
3- Dire le profit que va en tirer la ville de Lyon pour son image de cité en permanente effervescence culturelle et à la pointe du combat pour l’art contemporain de haut niveau.
4- Dire pourquoi le caractère très souvent provocateur, transgressif, sacrilège, blasphématoire et scandaleux de l’art contemporain est indispensable à son efficacité médiatique, parce que cet art est avant tout conçu comme vecteur et stratégie de communication. Et, dans cette optique, expliquer pourquoi le sujet religieux est particulièrement apprécié pour faire du buzz et du pognon, puisque les deux sont intimement liès. Rappeler l’existence de ces quelques artistes parmi les plus chers du monde parce que les plus performants dans l’outrage aux symboles religieux : Maurizio Cattelan et son Pape écrasé par une météorite, Andres Serrano et son Crucifix trempé dans son urine, Chris Ofili et sa Vierge Marie à la bouse d’éléphants, Martin Kippenberger et sa grenouille crucifiée, etc. Rappeler aussi le cas d’une grande prêtresse de l’art contemporain en France, notoire fornicatrice débridée devant l’éternel, qui se vantait d’avoir copulé avec tel grand galeriste parisien sur l’autel de l’église de Saint Germain des Près…
5- Expliquer pourquoi et comment le Musée d’Art Contemporain de Lyon s’inscrit totalement dans cette logique de com’ sans foi ni loi d’abrutissement des populations, d’instrumentalisation cynique de l’art et de la foi chrétienne, sous prétexte de rayonnement culturel.
6- Expliquer enfin aux politiques et cultureux de tous bords comment et pourquoi, grâce à eux, cette misérable histoire de casseroles empilées dans une église de quartier va gratifier Marine Le Pen de quelques milliers de voix supplémentaires sur la ville de Lyon.