- Agenda

La Khovantchina à l'Opéra de Paris : une grande fresque historique signée Andrei Serban.

Jean-Christophe Mary/Marie Torres - 26 janvier 2022
Inspiré de faits réels, La Khovantchina renvoie au règne de Pierre Le Grand durant lequel eurent lieu de violents affrontements entre les nouveaux orthodoxes, les fidèles du Tsar, et les Vieux croyants. La victoire des premiers annonce la fin d’une vieille Russie féodale attachée à ses traditions

Cet opéra « inachevé » devait constituer le second volet d’une trilogie « patriotique » que le compositeur russe avait amorcé avec Boris Godounov en 1869. Une tragédie humaine située à un moment capital de l’histoire de la Russie, où les drames individuels sont inséparables des événements historiques.

A la mort du compositeur en 1881, la partition piano chant était presque achevée et seuls des fragments de l’acte III étaient orchestrés. Après avoir fait de nombreuses coupes, le compositeur Rimski Korsakov se chargea d’orchestrer l’œuvre (1881-1883). Dans cette succession de tableaux où se côtoient la haine, la violence, l’amour, la vengeance, aucun rôle principal n’est ici mis en valeur. Le personnage central, c’est bien le peuple russe représenté par les Streltsy (les mercenaires du Prince Ivan), les Vieux Croyants, la foule des moscovites et les milliers de moujiks.

Pour illustrer la complexité d'affrontements politiques doublés d’un conflit religieux, Andrei Serban a pris le parti de présenter ce mélodrame à travers une série de tableaux scéniques aussi riches en détails et ornements que peuvent l’être les grandes fresques historiques. Un travail de scénographie monumentale où le rideau est baissé cinq fois lors des cinq changements de décors. Des plateaux aussi imposants que somptueux, comme celui de la place rouge à Moscou, les appartements du palais ou la pinède, décors gigantesques qui sont autant le théâtre d’un mélodrame sentimental que l’affrontement de deux mondes : celui des progressistes, les nouveaux orthodoxe, et celui des conservateurs, les Vieux Croyants.

Coté voix, on a plaisir d'entendre Dmitry Belosseslkiy qui campe un Dossifei magistral par la splendeur de son timbre, doublé d’une belle présence scénique. Son fanatisme monte en puissance tout au long la partition et en devient encore plus inquiétant. Grand plaisir aussi d’écouter Evgeny Nikitin qui endosse le rôle de Chaklovity (magnifique aria de l'acte III) ou Sergei Skorokhodov, excellent dans le rôle du prince Andrei Khovanksy : le ténor nous bluffe par la solidité de sa voix aux aigus impressionnants, par sa présence animale qui colle parfaitement au personnage. Face à lui, Anita Rachvelishvili impressionne dans le rôle de Marfa. Dans le registre des graves, son chant est plein, puissante, on sent le feu intérieur la ronger quand elle songe à son amour pour le Prince Andrei qui l’a trahie. Quand elle chante sa vision du bûcher sur lequel elle et son ex amant mourront, la voix devient envoutante, vibrante d’émotion. Les scènes intimistes succèdent aux grands chœurs qui nous donnent la chair de poule, notamment dans ces scènes de foule (Streltsy, Moscovites ou « Vieux croyants »).

Belle surprise aussi que la scène celle de l'acte IV où les esclaves persanes dansent autour d’Ivan Khovanski. Malgré des changements de plateau un peu long, la mise en scène reste fluide (plus de 120 artistes sur scène !) magnifiée par de magnifiques éclairages ( comme ces somptueux clair obscur dans la pinède ! ) et nous tient en haleine jusque dans la scène d'autodafé finale où les Vieux-Croyants s’immolent par le feu pour échapper aux soldats du tsar. Si on ajoute à cela un mariage qui allie costumes d’époque (ceux des Mousquetaires sont sublimes !), la musique imposante et majestueuse de Modeste Moussorgski et une direction d’orchestre confiée à la baguette de Hartmut Haenchen, ces 8 nouvelles représentations raisonnent déjà aux airs de triomphe.

Jean-Christophe Mary pour www.micmag.net
La Khovantchina
Modeste Moussorgski
Opéra Bastille - du 26 janvier au 18 février 2022
De 15 à 170 euros

  • Facebook
  • Google Bookmarks
  • linkedin
  • Mixx
  • MySpace
  • netvibes
  • Twitter
 

ÉVÉNEMENTS

La morte amoureuse de Théophile Gautier

La morte amoureuse de Théophile Gautier au Théâtre Darius Milhaud

« Memories »

« Memories » de Philippe Lebraud et Pierre Glénat

Paul Klee, Peindre la musique

L’exposition numérique rend hommage aux deux passions de Klee, la musique et la peinture, et révèle les gammes pictural...

Alô !!! Tudo bem??? Brésil-La culture en déliquescence ! Un film de 1h08 mn

Photo extraite du film de Mario Grave - S'abonner sur notre canal Youtube  pour avoir accès à nos films :

VINTAGE & COLLECTIONS

Marché Dauphine, un marché singulier
et ultra-spécialisé

Inauguré en 1991, le Marché Dauphine est le plus récent mais aussi le plus grand marché couvert des Puces de Saint Ouen : sur deux étages et dans un espace de 6 000 m2, il abrite quelque 150 marchands d’antiquités et de brocantes. Présentation, ici.

SORTIR À PARIS

« Loading, l'art urbain à l'ère numérique »

jusqu'au 21 juillet 2024 au Grand Palais Immersif


            


BRÈVES

Madrid, 11 mars 2004

L'Espagne, mais aussi l'Union européenne, rendent un hommage solennel lundi aux 192 victimes de 17 nationalités assassinées il y a 20 ans à Madrid dans des attentats à la bombe qui marquèrent le début des attaques islamistes de masse en Europe.

 
Pablo Neruda a-t-il été empoisonné ?
Cinquante après, le Chili relance l'enquête sur la mort du poète et Prix Nobel de littérature survenue sous la dictature du général Pinochet. Cancer de la prostate ou empoisonnement ?
 
Paris 2024 : les bouquinistes ne seront pas déplacés
Paris 2024 : les bouquinistes des quais de Seine ne seront finalement pas déplacés pour la cérémonie d’ouverture des JO « Déplacer ces boîtes, c’était toucher à une mémoire vivante de Paris » a déclaré à l'AFP Albert Abid, bouquiniste depuis dix ans au quai de la Tournelle.
 
Sophie Calle et la mort !
Sophie Calle, artiste de renom, achète des concessions funéraires au USA en France et ailleurs. "J'achète des trous" dit -elle à propos de sa mort.
 
53 journalistes et proches de médias tués dans la guerre Israel- Hamas
Cinquante-trois journalistes et employés de médias ont été tués depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, selon le dernier décompte du Comité pour la protection des journalistes (CPJ)